L’ÉTOUFFANTE EXTENSION DE LA COLONISATION EN CISJORDANIE ET À JÉRUSALEM.

L’ÉTOUFFANTE EXTENSION DE LA COLONISATION EN CISJORDANIE ET À JÉRUSALEM.

J’ai participé, le 25 septembre à un colloque sur l’expansion de la colonisation organisé par la Coalition Civile pour les droits des Palestiniens de Jérusalem et ADALAH.

Changement ou continuité de la stratégie coloniale ?

Si la colonisation était dès 1930 l’objectif du projet sioniste avec l’impulsion des kibboutz et si le découpage de la Cisjordanie était clairement pensé dès 1967, avec la publication du plan Allon qui avait deux objectifs majeurs qui déterminent toute la politique d’Israël : contrôler la géographie – prendre la terre- et la démographie – réduire le pourcentage de Palestiniens -; on peut constater aujourd’hui, la terrifiante accélération de ce processus.

En 2023, avant le 7 octobre, Netanyahu remet à Smotrich, ministre suprématiste des finances, la responsabilité de la gestion de la terre en Cisjordanie, y compris Jérusalem et de l’administration civile des colons. Les colons, qui sont tous illégaux au regard du droit international, sont régis par les lois civiles d’Israël, ce qui constitue ne aggravation majeure du système d’apartheid, puisque les Palestiniens, habitants, reconnus par le droit international, de cette terre qui devrait constituer l’Etat de Palestine, sont régis par les lois militaires. Très concrètement, cela signifie que le régime colonial israélien crée et soutient une administration autonome des colons en Cisjordanie pour accélérer la colonisation.

Cela se traduit par la multiplication des avant-postes de colons – quelques caravanes, des pylones électriques – et le permis donné à ceux-ci de harceler les populations, notamment les Bédouins, de les menacer et de les tuer.

Un pouvoir autonome des colons

 

Depuis 2002, les colons sont recrutés pour menacer les communautés. C’est une continuité dans la politique d’Etat qui fonde le système colonial. Mais aujourd’hui, toutes les limites sont franchies.  Tous  les  témoignages  des

communautés que nous visitons se recoupent : destruction de l’habitat, impossibilité de faire pâturer les troupeaux, vol de brebis et d’animaux, expulsion des terres, arrachage des arbres… Chaque fois, l’armée protège les colons qui ont reçu des armes. Une de leurs pratiques les plus répandues est d’entrer dans les villages avec leur troupeau, de le mêler à celui des Bédouins pour dire ensuite, si les Palestiniens portent plainte, qu’ils sont des menteurs et que les bêtes leur appartenaient.

Une des nouveautés dans ce système colonial est de démultiplier les colonies pastorales (alors qu’auparavant les colonies étaient surtout des cités dortoirs) pour justifier l’accaparement des terres régies par l’Autorité la terre israélienne et sous contrôle du ministre de la sécurité qui n’est autre

 

que le colon extrémiste Ben Gvir. De nouvelles lois de dépossession sont promulguées afin d’habiller d’un semblant de légalité ces violations des Conventions de Genève sur les territoires occupés. Tout est cohérent, pour mettre en oeuvre cette confiscation de la terre selon un schéma global : fragmentation du territoire, création d’enclaves séparées par les routes, les checks- point, les portes à l’entrée des villages, le mur,

 

 

annexion des terres occupées par les Bédouins et expulsion de ces derniers, les colons étant le fer de lance de la colonisation et de la politique du fait accompli.

Aujourd’hui, les colons contrôlent 95% de la Vallée du Jourdain. Avec le plan E1 pour Jérusalem dont je vous parlais dans ma 1ère lettre, non seulement la Palestine sera divisée en deux parties, mais Jérusalem sera

totalement coupée de la Cisjordanie, les terres accaparées et les populations expulsées pour construire de nouvelles colonies et faire basculer la démographie en faveur d’une majorité de juifs. Fragmentation et division des Palestiniens.

Le coeur du problème c’est la terre et face à un tel rouleau compresseur, l’Autorité palestinienne ne dispose même pas d’un Centre National de Documentation qui instruirait les agressions et les dépossessions. Malheureusement, les Palestiniens n’ont pour le moment pas de vision ni de position unifiée. « Si nous n’avons pas de cartes en main, comment pouvons-nous jouer ? Il faut changer les mentalités, ne plus attendre mais devenir les « gardiens de la terre ».

C’est également ce que nous disait un

Palestinien de la région de Masafer Yatta: « Si nous partons, il n’y aura pas de retour. Et même si l’occupation affecte tous les aspects de notre vie, nous défendrons notre terre: c’est le Sumud !

 

Monique E.

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