| Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
A lire, à discuter ! N’hésitez pas à faire connaître ce bulletin et à le faire circuler autour de vous. Au sommaire :
En téléchargement gratuit : Les vidéos ne sont pas affichées dans cet e-mail et doivent être consultées sur le site. |

Amélie de Montchalin, ministre des comptes publics, plaidant le budget d’austérité pour tous sauf les ultra-riches et les patrons.
La question politique la plus importante du moment, en France, concerne les syndicats, plus exactement les directions syndicales. La séparation du « syndical » et du « politique » est une position politique qui conduit inévitablement à aliéner l’indépendance des syndicats, au nom de celle-ci.
Chercher à s’abstenir d’agir nationalement au moment de la discussion budgétaire à l’Assemblée nationale, c’est risquer de perdre sur les revendications et d’annuler la suspension de la réforme des retraites. Ces questions se posent en ce moment même, de manière brûlante, aux États-Unis face à Trump, en Belgique où les syndicats sont à nouveau conduits à l’action à l’échelle du pays les 24-26 novembre, au Québec où ils sont contraints à agir de même le 29 novembre, etc.
La déliquescence de l’exécutif, et à travers lui du régime de la V° République, est avérée : pour se protéger, il a dû concéder, à travers le premier ministre Lecornu, la suspension de la réforme des retraites et la renonciation au 49-3 pour cet automne.
Macron a voulu faire savoir qu’il ne l’entendait pas ainsi et a communiqué, depuis la Slovénie, sur le fait que le « décalage » de SA réforme des retraites n’est ni une abrogation ni même une suspension, et il a joué avec l’idée d’un référendum. Il a ainsi contraint son premier ministre – interrogé par le groupe parlementaire PS – à dire le contraire.
Faut-il accréditer ce que dit Macron, comme le fait J.L. Mélenchon pour affirmer qu’il n’y a que tromperie, et donc réduire à néant la pression sociale majoritaire qui a contraint à cette manœuvre en recul, ou faut-il appuyer Lecornu pour garantir la suspension comme un pas vers l’abrogation, comme le préconise le PS ?
Rappelons que ce budget et cette loi de financement de la Sécurité sociale, ce sont le pire budget hospitalier qu’on ait vu, le doublement des restes à charges médicaux, l’imposition des indemnités journalières aux malades de longue durée, le gel des aides sociales et des pensions en 2026, la baisse des moyens du logement social et de la rénovation énergétique, des milliers de postes de fonctionnaires en moins, dont plus de 4000 dans l’Éducation nationale et le blocage déjà catastrophique des recrutements d’aides aux élèves en situation de handicap(AESH), etc. !
Attention : le chimérique « retour au paritarisme », dans sa version CFDT avec la retraite à points, dessiné par Lecornu, va avec une menace sur la Sécurité sociale dans ses fondements, c’est-à-dire le principe de caisses communes alimentées par un salaire socialisé, dont le patronat ne veut plus.
Mais il est exact que simultanément, ce budget et cette loi de financement de la Sécurité sociale sont menacés d’échec en raison des mouvements sociaux de septembre 2025 et de leur combinaison avec la crise du régime.
L’arène exclusivement parlementaire ne donne pas d’issue, comme l’ont montré la plupart des votes de la commission des finances de l’Assemblée nationale présidée par Eric Coquerel (LFI). Une majorité non élue comme telle, donc anti-démocratique, RN-LR-ex-macroniens, peut voter le budget antisocial de Macron.
La question n’est pas de savoir qui a raison entre LFI et le PS. La question est quel sera le sort des plus larges masses. Et le nœud que constitue cette question peut et doit être tranché par elles !
C’est pour cela que le communiqué de l’intersyndicale, s’il reconnaît l’importance de la première victoire que constitue la suspension de la réforme des retraites, en n’appelant strictement à rien, interdit en fait de trancher le nœud, donc d’éviter le retour de la dite réforme et de toutes les autres attaques engagées et annoncées.
Il y a, par conséquent, poussée dans les organisations et hors d’elles, pour trancher le nœud. Les retraités le 6 novembre, la fonction publique et l’enseignement public, vont forcément chercher à changer le tempo.
La formule clef est bien : Débloquons tout !
Même question en Belgique où la puissance de la mobilisation du 14 octobre mais aussi les agressions policières conduisent les organisations syndicales FGTB, CSC et même CGSLB (syndicats « libéraux ») à appeler à trois jours de grèves par secteurs les 24, 25 et 26 novembre.
Même question aux États-Unis, où la question est celle de l’affrontement maintenant, avant les municipales à New-York et en vue de la marche sur Washington le 22 novembre, et pas la déconnexion lunaire de l’économie et de la politique.
Aller là où cela se décide pour imposer la décision conforme à la démocratie : aux États-Unis comme en Belgique cela s’impose, c’est pourquoi en France aussi la question d’une manifestation centrale pour contraindre l’Assemblée sur le budget et battre le pouvoir en place et le RN, est posée, et c’est pourquoi l’appel au 15 novembre prend tout son sens.
Ce qui se joue en France, c’est ceci : est-ce que Macron et avec lui la V° République seront ou non totalement défaits avant que le RN et l’union des droites ne prennent la tête de ce régime pour tenter de le restaurer sous la forme la plus autoritaire ?
Empêcher la fausse majorité RN/LR/ex-macroniens de voter un budget antisocial et de sauver la réforme des retraites de Macron, pour transformer l’essai amorcé avec la suspension de celle-ci, appelle la mobilisation sociale, par la grève et les manifestations, pour dénier à cette fausse majorité le droit de faire ce que Macron ne parvient plus à faire !
Le 24/10/2025.
Nota : cet éditorial sera aussi celui du prochain numéro du bulletin Interventions Syndicales à paraitre sous peu.
Poster un Commentaire