© (Photo archives NR, Mathieu Herduin)
Les journaux « Mediapart » et « Libération » ont pu consulter des images émanant des caméras-piétons de gendarmes mobilisés lors de la manifestation antibassines de Sainte-Soline en 2023. Ils en dressent le bilan, « accablant », ce 5 novembre 2025.
Le journal d’information numérique Mediapart et le quotidien national Libération ont mis au jour, en ce mercredi 5 novembre 2025, des images inédites des affrontements du samedi 25 mars 2023 autour de la réserve de substitution de Sainte-Soline, dans le sud des Deux-Sèvres : ces vidéos sont principalement extraites des caméras-piétons de certains des 2.000 à 3.000 gendarmes mobilisés, pour 45 déclarés blessés parmi eux, lors de cette manifestation interdite initiée par les opposants aux bassines. Les deux médias indiquent avoir eu accès à quatre-vingt-quatre heures de films.
On peut y voir des militaires insulter les manifestants et même les journalistes ou multiplier les tirs tendus – pourtant interdits – de grenades lacrymogènes et explosives, parfois avec les encouragements de leur hiérarchie directe sur le terrain. Deux militants sont même visés alors qu’ils se trouvent à une dizaine de mètres tout au plus. Des gendarmes mobiles se réjouissent aussi de blesser des activistes, des « adversaires » à leurs yeux.
Enquête administrative demandée
Ces images auraient été saisies par l’inspection générale de la gendarmerie nationale, ou IGGN, dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Rennes, compétent en matière militaire, pour « violence par personne dépositaire de l’autorité publique » et « non-assistance à personne en danger ». Le but de la procédure, qui toucherait à sa fin, était de retrouver les tireurs qui avaient fait quatre blessés graves parmi les manifestants, plusieurs milliers ce jour-là. Personne n’a été identifié sachant qu’aucun gendarme n’aurait été interrogé sur le contenu des images.
« Suite à ces nouvelles révélations, j’annonce déposer une nouvelle demande de commission d’enquête pour faire toute la lumière sur l’horreur de cette journée », a déclaré, sur le réseau social X, la Bressuiraise Clémence Guetté, députée insoumise du Val-de-Marne et vice-présidente de l’Assemblée nationale. Sollicités par Mediapart et Libération, le parquet de Rennes et l’IGGN se renvoyaient indirectement la balle. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a demandé une enquête administrative.
« Il importe de faire la lumière sur les violences policières à Sainte-Soline et ailleurs, ont réagi, dans un communiqué de presse commun, quatre des blessés les plus graves parmi les militants. Les actes qui ont causé tant de blessures et fait frôler la mort à nombre d’entre nous ne sont pas l’œuvre d’individus particulièrement violents, mais découlent de l’ordre donné par une institution. » « Ces propos révèlent un système d’impunité organisé, un appareil d’État où la haine des manifestants est non seulement tolérée, mais encouragée », ont également commenté Les Soulèvements de la Terre, l’un des collectifs à l’origine de ladite manifestation.
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