Lors d’une conférence pour présenter son premier rapport sur les équilibres du projet de loi de finances ce mercredi 5 novembre, le rapporteur général du Budget au Sénat Jean-François Husson a longuement mis en cause la méthode de Sébastien Lecornu.
Jean-François Husson est un homme en colère. Le rapporteur général du Budget n’a pas attendu l’arrivée du projet de loi de finances au Sénat, dont l’examen en séance devrait débuter le 26 novembre, pour étriller la copie du gouvernement , promettant de tout faire pour remodeler un Budget devenu, au gré de son examen à l’Assemblée, un « concours Lépine » de la fiscalité . « Certains me disent, mieux vaut pas de budget que ce budget », a attaqué le sénateur LR de Meurthe-et-Moselle, mercredi 5 novembre, lors d’une conférence au Sénat, mettant en cause « l’impréparation » du gouvernement et le « grand n’importe quoi » de l’Assemblée nationale.
Ni la version du gouvernement, « médaille d’or de la création fiscale », ni celle sortie des débats au Parlement, empreinte de « monstruosités » fiscales, et dont le sort est encore en suspens , ne satisfont l’élu LR, qui a longuement mis en cause la stratégie adoptée par Sébastien Lecornu . « Le gouvernement joue à la roulette russe avec le Code général des impôts », a averti Husson, pour qui l’antienne défendue par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale face aux députés – « Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez » – n’a aucune raison d’être.
L’exécutif lancé dans une « opération survie »
Au-delà de la méthode gouvernementale, ce sont les reniements de l’exécutif qui excèdent l’élu de la majorité sénatoriale. A commencer par le « coup de poignard » de la surtaxe sur l’impôt sur les sociétés, décidé d’un « coup de baguette magique fiscale » par « Dame Montchalin » [la ministre du Budget, ndlr ]. Ou la litanie de taxes introduite dans le projet de loi de finances, « les taxes plastique, Gafam, vapotage, l’exit tax… La série est en cours », a-t-il égrené. Alors même que, toujours selon Jean-François Husson, l’exécutif est le principal responsable de la dégradation des comptes publics. « On entend beaucoup parler de stabilité, mais c’est le gouvernement qui nous a conduits à cette situation catastrophique ; c’est à partir de 2022 que la situation dérape », a rappelé l’élu, estimant que les classes moyennes étaient les « grandes perdantes de la politique macronienne ».
Face à un exécutif lancé dans une « opération survie », à la tête d’une « coalition disparate », le sénateur entend se poser en garant du « sérieux » et de la « solidité », pour engager le pays sur le chemin du retour à un déficit du PIB de 4,7 % en 2026. En agissant sur les dépenses mais également en réduisant les niches fiscales dès que c’est possible. Parmi les pistes d’économies envisagées par le sénateur, ce dernier a notamment évoqué la surbudgétisation de l’Education nationale, l’aide médicale d’Etat ou France 2030 . A quelques semaines de l’arrivée du texte au Palais du Luxembourg, Husson et ses collègues fourbissent leurs armes. « Ce n’est pas le pont de la rivière Kwaï, mais toute création d’impôt est un irritant pour le Sénat. » Le ton est donné.
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