Fusillade à Bondi Beach : Netanyahu a trouvé le responsable et il le cible sans ménagement
Pour Benjamin Netanyahu, la reconnaissance de la Palestine par Anthony Albanese a conduit à cet attentat qui a fait 15 morts. Mais il oublie une partie de l’histoire.
• Benjamin Netanyahu accuse Anthony Albanese d’être responsable de la fusillade de Bondi Beach, suite à la reconnaissance de la Palestine par l’Australie.
• Netanyahu critique la décision australienne, affirmant qu’elle encourage l’antisémitisme sans jamais interroger sur la réception de sa propre politique en Cisjordanie et Gaza.
• Anthony Albanese appelle à l’unité nationale, sans alimenter la polémique avec Israël.
Benjamin Netanyahu a trouvé le responsable de l’attentat qui a fait 15 morts sur la plage de Bondi Beach. Lors d’une prise de parole dimanche 14 décembre, quelques heures après la fusillade qui a eu lieu lors du premier jour de la fête juive de Hanouka, le Premier ministre israélien a pointé du doigt Anthony Albanese, son homologue australien, et sa décision de reconnaître l’État de Palestine. Sans se remettre lui-même en question.
Retour quelques mois plus tôt. Début août, alors que Benjamin Netanyahu vient de dévoiler un plan pour prendre le contrôle de la ville de Gaza provoquant l’émoi au niveau international et que les atrocités commises dans la bande de Gaza et en Cisjordanie provoquent de plus en plus la colère en Australie, Anthony Albanese annonce que son pays va officiellement reconnaître l’État de Palestine lors de l’Assemblée de l’ONU qui se tiendra fin septembre.
« Une solution à deux États est le meilleur espoir de l’humanité pour briser le cycle de violence au Moyen-Orient et mettre fin au conflit, à la souffrance et à la famine à Gaza », affirme alors le chef du gouvernement australien, qui tape sans retenue sur le pouvoir politique israélien.
« Le gouvernement Netanyahu étend rapidement les colonies illégales ; la violence des colons en Cisjordanie s’est accrue ; des menaces d’annexer les territoires palestiniens occupés ont été proférées, ainsi que des propositions de déplacement forcé et permanent du peuple palestinien », dénonce le travailliste, tout en rappelant son « engagement envers le peuple d’Israël et son droit de vivre dans la liberté et la sûreté. »
La reconnaissance de la Palestine « encourage l’antisémitisme »
Benjamin Netanyahu qualifie à ce moment-là la décision de l’Australie de « honteuse ». Quelques jours plus tôt, c’était la France qui était dans le viseur d’Israël pour avoir également annoncé son intention de reconnaître la Palestine. « La France récompense le terrorisme », avait taclé le Premier ministre israélien. Pas de quoi faire reculer les deux pays, qui ont bel et bien reconnu la Palestine, tout comme le Japon, la Nouvelle-Zélande ou le Canada.
Benjamin Netanyahu n’a toujours pas digéré ce qu’il considère comme une trahison. Et pour lui, l’attaque terroriste perpétrée à Bondi Beach résulte de la décision de Canberra. « Le 17 août, il y a environ quatre mois, j’ai adressé une lettre au Premier ministre australien Albanese dans laquelle je l’avertissais que la politique du gouvernement australien promouvait et encourageait l’antisémitisme en Australie », rappelle ainsi le dirigeant conservateur dans cette prise de parole que vous pouvez écouter ci-dessous (en anglais).
« Je lui ai écrit : “Votre appel à la création d’un État palestinien attise les flammes de l’antisémitisme. Il récompense les terroristes du Hamas. Il enhardit ceux qui menacent les Juifs australiens et encourage la haine des Juifs qui sévit désormais dans vos rues” », insiste-t-il. Et de continuer à s’en prendre à Anthony Albanese, qui n’aurait rien fait pour éviter « la propagation du cancer » de l’antisémitisme et aurait fait preuve de « faiblesse ». N’y aurait-il pas un gros trou dans ce discours virulent ? Benjamin Netanyhu ne parle en effet à aucun moment de sa propre politique dévastatrice à Gaza et en Cisjordanie, qui exacerbe la colère des Palestiniens.
Anthony Albanese n’alimente pas la polémique
Interrogé ce lundi 15 décembre sur les critiques proférées par Benjamin Netanyahu, le Premier ministre australien qui avait précédemment qualifié l’attaque de « purement maléfique, antisémite et terroriste » n’a pas voulu alimenter la polémique. « C’est un moment pour l’unité nationale. C’est un moment pour les Australiens de se rassembler. C’est précisément ce que nous allons faire », a-t-il sobrement déclaré en conférence de presse (à partir de 2’35 dans la vidéo ci-dessous, en anglais).
Si Benjamin Netanyahu estime que la terrible attaque de dimanche est liée à la reconnaissance par l’Australie de l’État de Palestine et à l’antisémitisme exacerbé que cette décision aurait entraîné, les motifs de la fusillade qui aurait été perpétrée par un père et son fils restent pour l’heure inconnus. Les relations déjà tendues entre l’Australie et Israël depuis cet été, elles, ne risquent pas de s’améliorer.
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