Lyon 2
Suite à un post Facebook dénonçant des personnalités signataires d’une tribune pro-israélienne, l’historien Julien Théry fait l’objet d’une campagne scandaleuse, menée par le gouvernement et l’université de Lyon 2. Solidarité face à une attaque qui relance la criminalisation des soutiens à la Palestine.
Claire Larisse et Le Poing Levé Lyon
27 novembre
En septembre dernier, en plein génocide à Gaza, 20 personnalités du show-business signaient une tribune honteuse contre la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Julien Théry, historien rattaché à l’université Lyon 2, publie alors un post Facebook de réaction, dans lequel il présente les signataires de la tribune comme des « génocidaires à boycotter ». Deux mois plus tard, cette prise de position est le prétexte d’une campagne diffamatoire, qui instrumentalise honteusement la lutte contre l’antisémitisme.
La Licra a lancée l’offensive ce 21 novembre, en comparant le post Facebook – qui réagit à une tribune publique – à « des listes comme on en faisait sous l’Occupation » et à « de la provocation à la discrimination et à la violence ». La droite réactionnaire a sauté sur l’occasion pour surenchérir, avec Laurent Wauquiez évoquant « l’antisémitisme ordinaire d’extrême gauche dans nos universités ». Wauquiez en a d’ailleurs profité pour se féliciter des coupes des financements régionaux à Lyon 2, soit-disant pour lutter contre l’ « islamo-gauchisme », ce qui était déjà en une censure et tentative de pression inacceptable. Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a réagi dans la foulée pour aller dans le même sens que Wauquiez et attaquer le chercheur.
Le gouvernement a ensuite rejoint cette campagne infamante, avec un premier tweet du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Philippe Baptiste pour apporter son soutien à l’offensive. Ce mercredi 26 lors des questions aux gouvernements, le ministre de l’éducation nationale, Edouard Geffray lui a emboîté le pas, « condamnant » des propos « profondément scandaleux », avant de continuer de monter en épingle l’affaire : « en République, on ne fait pas des listes de gens qu’on voue aux gémonies, (…) qu’on livre à la vindicte ».
Surtout, on apprend suite à la déclaration du ministre qu’une procédure judiciaire a été lancée et que la présidente de l’université de Lyon 2 a « fait un signalement sur le fondement de l’article 40 au procureur de la République ». Après avoir publiquement lâché le chercheur Julien Théry lundi face à la campagne menée contre lui, Lyon 2 participe même à sa répression.
L’université s’aligne ainsi sur le gouvernement et la droite pour criminaliser à nouveau les soutiens de la Palestine, à travers une instrumentalisation grotesque de la lutte contre l’antisémitisme. Une position qui s’inscrit dans sa politique répressive et de censure des expressions politiques, à l’image des 70 CRS envoyés l’an passé pour réprimer une action de soutien à George Ibrahim Abdallah.
Derrière la rhétorique du gouvernement contre l’historien, on retrouve les arguments classiques déployés contre les soutiens de la Palestine depuis plus de deux ans. Malgré l’impossibilité croissante de nier la réalité du génocide, la criminalisation des soutiens de Gaza continue, sous différentes formes. Dans ce cadre, il faut faire front aux côtés de Julien Théry et de tous les soutiens de la Palestine réprimés. Soutenir Gaza n’est pas un crime !
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