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20 novembre 2025
Crevettes radioactives : en Indonésie, un accident majeur détecté jusqu’aux États-Unis et en Europe

Parmi les usines affectées par l’incident, des fabricants de crevettes, de clous de girofle et de chaussures (Nike et Adidas). – Public domain pictures
Un accident radiologique gravissime s’est produit en Indonésie, avec des conséquences mondiales. Au cours de la première quinzaine de mai, une source de césium 137 aurait été fondue dans l’usine PT Peter Metal Technology, à Cikande, zone industrielle à 50 km de Jakarta, a rapporté Bloomberg le 14 novembre. Il s’agit d’une usine de recyclage de métaux où on fond de l’acier.
Résultat : un rejet radioactif détecté jusqu’à 1 300 km, en Malaisie et aux Îles Cocos (Australie). La Criirad signale que « 9 salariées ont été traitées pour leur contamination, plus de 90 habitantes ont été déplacées, 24 usines ont été déclarées contaminées ».
Parmi ces usines, des fabricants de crevettes (PT Bahari Makmur Sejati), de clous de girofle et de chaussures (Nike et Adidas). Des produits radioactifs ont ainsi été interceptés aux États-Unis et en Europe. L’administration sanitaire étasunienne a annoncé en août le rappel de crevettes surgelées importées d’Indonésie. Un porte-parole d’Adidas a précisé qu’« aucun des produits n’avait été mis sur le marché et que les chaussures étaient en cours d’élimination ».
« Il y a silence radio du côté de l’AIEA »
L’ampleur de l’accident pourrait justifier un classement au niveau 5 de l’échelle Ines, qui en comporte 7, mais « il y a silence radio du côté de l’AIEA », déplore la Criirad. Selon l’association, cet accident est la preuve que « quasiment pas une décennie ne se passe sans qu’un accident soit causé par une source radioactive de très haute activité échappée des circuits de contrôle ». Elle signale des précédents à Goiânia (1987), Algésiras (1998) et Mayapuri (2010).
Les autorités indonésiennes ont procédé à l’enlèvement de 975 tonnes de matières contaminées et au cimentage de certains sites, « les niveaux de radiation sont désormais tombés en dessous de 0,5 µSv/h, considéré comme sans danger pour le public ». Mais cette protection reste précaire, car le césium 137 a une demi-vie [1] de trente ans. L’enquête internationale se poursuit pour déterminer l’origine précise des contaminations et les responsabilités.
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