Un héritier d’Hermès estime avoir été dépossédé de sa fortune et réclame 14 milliards d’euros à LVMH et à Bernard Arnault
Au début des années 2010, LVMH était entré par surprise au capital de Hermès , surprenant le marché et les autorités boursières faute de déclaration de franchissement de plusieurs seuils réglementaires.
Bernard Arnault à Paris, le 5 juin 2025. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Estimant avoir été dépossédé de plusieurs millions d’actions du fleuron français du luxe, Hermès, un héritier du sellier réclame 14 milliards d’euros à Bernard Arnault et son groupe LVMH. Une affaire qui s’imbrique avec l’offensive boursière -avortée mais très lucrative- de LVMH sur son concurrent Hermès au début des années 2010.
Nicolas Puech, 82 ans et résident suisse, accuse son ex-gestionnaire de fortune, Eric Freymond, décédé en juillet, de l’avoir spolié de ses actions, au profit du grand rival, le milliardaire Bernard Arnault, 76 ans, et de LVMH.
Celui qui est l’un des arrière-petits-fils du fondateur de la maison de la rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris chiffre son préjudice à 14,3 milliards d’euros, et a déposé son assignation le 15 mai 2025, a indiqué une source judiciaire à l’ AFP , confirmant une information de Libération.
Il s’agit d’une procédure civile, mais Nicolas Puech avait déjà engagé une action pénale contre Eric Freymond en 2024. Ce dernier avait été mis en examen avant son décès par des juges d’instruction parisiens. Cette enquête « est toujours en cours », a précisé le parquet de Paris, interrogé par l’ AFP .
Contactés par l’AFP, ni LVMH, ni les conseils de Nicolas Puech n’ont souhaité commenter.
Montages financiers
Dans le détail, Eric Puech, souvent présenté comme en froid avec le reste de sa famille, estime avoir été dépossédé par son ancien gestionnaire de fortune de six millions d’actions , via des montages financiers.
Ces titres, hérités de la maison fondée par son arrière-grand-père, représentent près de 5,76% du capital, soit environ 14,3 milliards d’euros au cours actuel.
Selon Le Canard Enchaîné mercredi, Eric Freymond aurait avoué devant les juges français l’été dernier, peu de temps avant son suicide, avoir vendu en 2008 à LVMH, 4,8 millions de ces titres, après plusieurs autres ventes plus restreintes.
Le sort des actions dont avait hérité Nicolas Puech reste entouré de mystère. « J’ai depuis longtemps la conviction que Nicolas Puech n’a plus ses actions », avait lâché fin juillet le gérant d’Hermès, Axel Dumas, interrogé après la disparition de son ancien gestionnaire de fortune.
Raid boursier
Il pourrait être lié à la rivalité historique entre l’empire du luxe LVMH, propriétaire des griffes Louis Vuitton et Christian Dior, et Hermès, sellier-maroquinier familial devenu un titan du luxe, célèbre pour ses sacs Kelly et Birkin et ses carrés de soie.
Au début des années 2010, LVMH était entré par surprise au capital de Hermès, surprenant le marché et les autorités boursières faute de déclaration de franchissement de plusieurs seuils réglementaires, pourtant obligatoire. L’offensive poussait les membres de la famille à s’unir dans une holding pour contrer les appétits de Bernard Arnault.
A l’issue de l’une des sagas les plus marquantes de la Bourse de Paris, l’affaire s’était soldée par une condamnation de LVMH à payer une amende de huit millions d’euros, un record à l’époque, mais un montant très faible au regard de la force de frappe financière du géant du luxe.
Un an après sa sanction et après quatre ans de bataille entre les deux géants, LVMH actait son retrait du capital d’Hermès et empochait au passage une plus-value de 2,4 milliards d’euros.
L’une des questions non résolues est de savoir si les actions de Nicolas Puech avaient été vendues ou non lorsque Bernard Arnault, le patron de LVMH, avait discrètement accumulé une participation dans son concurrent.
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