Le président du RN s’est abstenu sur un vote visant à faciliter l’accès à des avortements sûrs à toutes les femmes européennes.
• Jordan Bardella s’est abstenu sur un vote européen visant à faciliter l’accès à des avortements sûrs.
• L’information n’est pas passée inaperçue et a suscité des commentaires et critiques de la part de politiques.
• Le Rassemblement national se trouve très souvent pris à défaut sur les initiatives européennes de lutte contre les inégalités hommes/femmes.
Il y a des abstentions qui en disent long. Celle de Jordan Bardella sur un texte exhortant Bruxelles à faciliter l’accès à des avortements « sûrs » à toutes les femmes en fait partie. Ce mercredi 17 décembre, le Parlement européen se penchait sur l’instauration d’un « mécanisme de solidarité volontaire financé par l’UE pour les soins liés à l’avortement des femmes n’y ayant pas accès de façon sécure et légale ». Cette initiative fait suite à la pétition « Ma voix, mon choix », qui a recueilli 1,2 million de signatures à l’échelle du continent.
Le texte, qui invite la Commission européenne à se doter d’un tel mécanisme, a été adopté par 358 voix pour, 202 voix contre et 79 abstentions. Et parmi les abstentionnistes, donc, Jordan Bardella. Ce qui n’est pas vraiment passé inaperçu. « Comment ose-t-il ? Comment ose-t-il prétendre à la présidence de la République française tout en fuyant, délibérément, la défense d’un droit fondamental des femmes ? », a dénoncé sur son compte X le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand.
« Scandaleux »
Selon lui, cette abstention est un « acte politique d’une idéologie d’extrême droite qui, pour conquérir le pouvoir, n’ose plus attaquer frontalement les droits des femmes, mais qui persiste à les laisser en danger ». Même indignation de l’autre côté du spectre politique. « Scandaleux », a renchéri le coordinateur national de la France insoumise Manuel Bompard, soulignant par ailleurs que François-Xavier Bellamy et Marion Maréchal « ont carrément voté contre ». Alors que cette avancée féministe a été applaudie dans l’hémicycle, le RN s’est montré particulièrement discret. Et pour cause, avec Jordan Bardella, c’est toute une cohorte d’eurodéputés RN qui se sont abstenus, de Matthieu Valet à Virginie Joron (tous les deux candidats aux municipales) à Julien Sanchez en passant par Catherine Griset.
Et il n’y a pas que sur ce vote que les troupes lepénistes vont à rebours du progrès de la condition des Européennes. Comme le souligne Le Monde, Jordan Bardella et ses eurodéputés ont voté contre un texte (pourtant non contraignant) « sur la stratégie en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes pour 2025 » qui permet au Parlement européen de se prononcer sur des sujets comme « les violences sexistes, les soins de santé, le monde du travail ou encore l’éducation ». Cité par Le Monde, l’entourage de Jordan Bardella fait valoir que ces « sujets ne relèvent pas des compétences de l’Union européenne ». Ce qui est un argument (à géométrie variable) que le RN évoque régulièrement lorsque ses positions européennes font débat dans l’Hexagone, comme sur la Russie par exemple.
Cette information rappelle en tout cas que, pris dans ses alliances avec des partis d’extrême droite aux positions très conservatrices et avec lesquels il ne veut pas se fâcher, le Rassemblement national se trouve très souvent pris à défaut sur la lutte des inégalités entre les femmes et les hommes. Et particulièrement au Parlement européen. On peut citer cette résolution visant à lutter contre les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes examinée en 2020 : Jordan Bardella s’est abstenu, comme nombre d’eurodéputés RN. Les troupes lepénistes ont choisi l’abstention lorsqu’il a été question de se pencher sur le harcèlement sexuel dans l’Union européenne et sur l’évaluation de MeToo. Et quand il s’agissait de lutter contre le harcèlement sexuel au sein du Parlement européen, le RN a voté encore contre.
Autre exemple : le refus du RN de ratifier la Convention d’Istanbul, autrement appelée « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ». Là encore, le RN s’est abstenu, alors même que ce traité consacre des avancées majeures, fixant des normes juridiquement contraignantes pour prévenir et lutter contre les violences envers les femmes (comme l’obligation de la reconnaissance des féminicides). Sur ces enjeux fondamentaux, Jordan Bardella et ses élus ont au moins le mérite de la constance.
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