Besançon : le gilet jaune matraqué dément la version officielle, le préfet saisit l’IGPN

La vidéo d’un gilet jaune violemment matraqué par un policier a fait le tour des réseaux sociaux. La préfecture parlait « d’un homme qui tentait de faire obstruction à une interpellation ». Sauf que le témoignage de ce dernier et une nouvelle vidéo séquencée, déstabilisent cette version des faits. Le préfet du Doubs a finalement décidé de saisir l’IGPN

  • LE 01/04/2019
Le policier est arrivé dans le dos du jeune homme en lui assénant un violent coup de matraque. Capture d'écran Média 25/Radio Bip
Le policier est arrivé dans le dos du jeune homme en lui assénant un violent coup de matraque. Capture d'écran Média 25/Radio Bip
« J’ai vu une grenade à mes pieds. Je me suis écarté car j’ai cru qu’elle allait exploser. J’ai interpellé un policier en lui disant de la ramasser », précise Mathias. Photo Arnaud CASTAGNE
« J’ai vu une grenade à mes pieds. Je me suis écarté car j’ai cru qu’elle allait exploser. J’ai interpellé un policier en lui disant de la ramasser », précise Mathias. Photo Arnaud CASTAGNE
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Photo HD« J’ai vu une grenade à mes pieds. Je me suis écarté car j’ai cru qu’elle allait exploser. J’ai interpellé un policier en lui disant de la ramasser », précise Mathias. Photo Arnaud CASTAGNE

Le policier est arrivé dans le dos du jeune homme en lui assénant un violent coup de matraque. Capture d'écran Média 25/Radio Bip Le policier est arrivé dans le dos du jeune homme en lui assénant un violent coup de matraque. Capture d'écran Média 25/Radio Bip « J’ai vu une grenade à mes pieds. Je me suis écarté car j’ai cru qu’elle allait exploser. J’ai interpellé un policier en lui disant de la ramasser », précise Mathias. Photo Arnaud CASTAGNE

La vidéo a été visionnée près de 300 000 fois sur les réseaux sociaux. Elle montre une scène violente, tournée samedi, durant la manifestation des gilets jaunes, par nos confrères de Radio Bip.

Il est 18 h 40 quand des policiers décident d’interpeller les manifestants les plus virulents. Sur les images, on voit un jeune homme, gilet fluo sur les épaules. Il se trouve sur le trottoir qui mène à la place du 19 mars 1962, de dos, quand un policier s’approche et le frappe violemment à la tête, avec une matraque. L’arcade sourcilière en sang, il est mis à l’écart par des membres du mouvement.

« Une grenade à mes pieds »

Ce jeune homme à 22 ans et se nomme Mathias. Nous avons pu le joindre par téléphone et selon lui : il n’a jamais cherché à entraver l’action de la police. « À la base, je voulais partir de là », précise ce dernier. « J’ai vu une grenade à mes pieds. Je me suis écarté car j’ai cru qu’elle allait exploser. J’ai interpellé un policier en lui disant de la ramasser. »

Les déclarations du gilet jaune semblent accréditées par une seconde vidéo, publiée par Radio Bip. On voit le jeune homme tenté de fuir en voyant l’objet tombé à terre, avant de le signaler à un agent.

Huit points de suture

« D’un coup j’ai senti un violent coup. Au début, je ne pensais pas que c’était un coup de matraque », détaille ce dernier. Un policier qui n’a pas été témoin de la scène, arrive par-derrière et lui porte un violent coup. Blessé, Mathias est rapidement pris en charge par les « street medics » qui lui posent un bandage sur le crâne.

Des propos qui vont à l’encontre de la version donnée dans un premier temps, par la préfecture, ce dimanche. « L’homme sur le chemin tentait de faire obstruction à l’interpellation et essayait de ramasser une bombe lacrymogène à ses pieds. »

Une plainte en suspens

Le témoignage de ce dernier et la vidéo publiée sur le site internet de Radio Bip fragilisent la version officielle. De son côté, Mathias le confirme : « Ce que j’ai entendu est totalement faux. Je suis un militant pacifiste. Je n’ai jamais fait entrave ni tenté de lancer quoi que ce soit sur les policiers », insiste le jeune homme.

Mathias a été évacué aux urgences par les pompiers. « J’ai eu 2 points de suture à l’intérieur et 6 à l’extérieur. Je suis reparti vers 1 h 30 du matin » précise-t-il, encore sous le choc. Ce lundi, il va se rendre chez son médecin pour constater sa blessure. Il n’a pas encore décidé s’il irait ou non, déposer plainte, à l’encontre de ce policier.

Le préfet du Doubs saisit l’IGPN

Nouveau rebondissement dans l’affaire de ce jeune homme, matraqué par un policier samedi en marge de la manifestation des gilets jaunes. Le préfet du Doubs, Joël Mathurin, a décidé de saisir l’inspection générale de la police nationale (IGPN).

« Afin d’apporter un éclairage complet sur les circonstances dans lesquels le bâton de défense souple a été employé, le préfet du Doubs a saisi l’IGPN pour une enquête administrative », écrit la préfecture dans un communiqué.

L’autorité préfectorale a tenu à préciser le contexte, de ce matraquage. « Vers 17 heures, dans le cadre d’une opération d’interpellation d’un individu suspecté d’avoir jeté des projectiles contre les forces de l’ordre, un des policiers a utilisé son bâton de défense souple à l’encontre d’une personne « gilet jaune » qui lui a semblé faire obstacle à la progression de la police par des actes d’hostilité. »

Cette nouvelle étape fait suite à la diffusion d’une vidéo par nos confrères de Radio Bip, dimanche, en fin de journée (voir plus haut). Sur les images, on distingue l’homme, quelques secondes avant, qui ne semble pas entraver, la progression des forces de l’ordre.

V.C.

Valentin COLLIN

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