Coronavirus : 1592 décès en 24 heures aux Etats-Unis, plus lourd bilan depuis la mi-mai

L’épidémie est repartie à la hausse depuis fin juin, particulièrement en Floride où le gouverneur, proche de Donald Trump, refuse de généraliser les masques et envisage de rouvrir les bars.

Malgré l’évolution de la pandémie en Floride, la plage de Miami Beach était, mardi, très fréquentée.  AFP/Chandan Khanna
Le 29 juillet 2020

1592 décès supplémentaires entre lundi soir et mardi soir. Ce lourd bilan journalier n’avait pas été atteint aux Etats-Unis depuis deux mois et demi. L’université Johns-Hopskins a également recensé plus de 60 000 nouveaux cas de contamination au coronavirus dans le pays.

Or le consensus scientifique est que la vague de décès suit de trois ou quatre semaines celle des infections. La courbe des morts devrait donc suivre l’explosion des nouvelles contaminations. Car après avoir connu une amélioration vers la fin du printemps, les Etats-Unis voient depuis fin juin l’épidémie repartir à la hausse, notamment dans le sud et l’ouest du pays.

La Floride inquiète

Le nombre total de cas de Covid-19 diagnostiqués aux Etats-Unis dépasse désormais les 4,34 millions, et le pays déplore plus de 149 000 morts depuis le début de la pandémie. Il y a deux semaines, les nouvelles infections diagnostiquées toutes les 24 heures ont dépassé les 60 000 durant douze jours consécutifs (dont trois jours à plus de 70 000). La Floride inquiète particulièrement. Avec 186 décès en un jour mardi, elle a dépassé les 6000 morts au total. Avec la Californie, elle est l’épicentre actuel de l’épidémie.

La veille, la Floride a signalé une augmentation record des décès avec 191 personnes en 24 heures, et la contamination de 9230 nouvelles personnes.

Bien que le bilan mortel de l’épidémie en Floride ait plus que doublé en un mois, l’Etat accueille toujours des touristes et la plupart des commerces restent ouverts. Washington, en permettant de nouveau aux bars de servir leurs clients le 5 juin avait exclu la Floride, mais les autorités locales vont entamer en fin de semaine des discussions avec les patrons des bars pour envisager leur réouverture.

Les maires de Miami et d’autres régions durement touchées exigent des masques, mais le gouverneur Ron DeSantis refuse de le rendre obligatoire. Le républicain, proche du président Donald Trump, se concentre sur l’approvisionnement des hôpitaux en remdesivir, un traitement aux résultats pourtant modestes. Il a reçu mardi le vice-président Mike Pence pour évoquer les progrès des laboratoires cherchant un vaccin, mais il n’aborde pas la question des masques. Et il ne s’est prononcé qu’une fois sur la lenteur des tests, en pointant du doigt la responsabilité des laboratoires.

Il a fallu 11 jours à Gemma García, une journaliste espagnole, pour recevoir le résultat positif de son test de dépistage effectué fin juin à Miami. Pendant ce temps, elle ne s’est « pas isolée à 100 % », confie-t-elle, tout en assurant avoir « toujours respecté la distanciation sociale ».

« Lorsque j’ai reçu le résultat positif, je me suis évidemment placée en quarantaine et j’ai contacté toutes les personnes avec qui j’avais été en contact », raconte cette femme de 53 ans. Toutes ont été testées négatives.

Tests et traçage à la traîne

Les deux principaux laboratoires du pays, Quest Diagnostics et LabCorp, ont annoncé depuis que l’Agence américaine du médicament les avait autorisés à effectuer des tests groupés afin de gagner du temps. Ils analysent en même temps plusieurs échantillons, qui ne sont réanalysés individuellement que lorsqu’un groupe test s’avère positif.

La lenteur des tests en Floride y rend inefficace le suivi des contacts des personnes infectées, un outil qui a fait ses preuves dans d’autres pays pour contenir la pandémie. Ni Gemma García, ni la quinzaine de personnes qu’elle a invitées à se faire dépister après avoir été testée positive n’ont été contactées par un agent de « traçage ».

Les autorités sanitaires de Floride affirment employer 1600 d’entre eux. Un chiffre très en deçà, au regard de ses 21 millions d’habitants, des recommandations en la matière.

Les visiteurs se sont rués en mai et juin sur les plages de sable fin de la côte, lorsque le virus semblait sous contrôle. Mais en trois semaines, tout a changé. Les hôpitaux manquent aujourd’hui de lits, certaines unités de soins intensifs sont débordées. Les autorités de Floride n’étaient « tout simplement pas prêtes », a dénoncé le 10 juillet sur la chaîne MSNBC le maire de Miami Beach Dan Gelber. Et de s’inquiéter : « Si on ne peut pas localiser les personnes positives et celles avec lesquelles elles ont été en contact, on laisse en fin de compte le virus se propager librement ».

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