Coronavirus : le Haut Conseil de la santé publique recommande le port « systématique » du masque dans tous les lieux clos collectifs

Doivent être associées à cette recommandation « les autres mesures barrières de distanciation physique, d’hygiène des mains, de nettoyage désinfection des surfaces et d’aération des locaux », précise le Haut Conseil.

Des salariés portant leur masque au travail, dans une entreprise de la métropole lilloise, le 21 juillet 2020. (MAXPPP)

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) prône le port « systématique » du masque« de préférence en tissu réutilisable », dans « tous les lieux clos publics et privés collectifs » pour lutter contre le Covid-19. Les conclusions du HCSP, diffusées samedi 15 août, découlent de l’étude des publications « décrivant les contaminations survenues dans des espaces publics clos (restaurant, bus, bateaux de croisières, répétitions de chorales, etc.) et certains milieux professionnels (abattoirs, etc.) ».

Comme un écho, le président du syndicat de l’Union française pour une médecine libre, cosignataire d’une tribune dans Libération, plaide pour que le masque devienne obligatoire dans tous les lieux clos, y compris dans les bureaux et les salles de classe. « Ce que l’on sait depuis maintenant des mois, c’est que les points de départ des foyers épidémiques se font en lieu clos, entre les murs. Nous n’avons pas d’exemple de point de départ de foyer en extérieur, tous les problèmes viennent de l’intérieur »affirme-t-il à franceinfo.

Le masque doit être associé aux mesures barrières

Le HCSP rappelle enfin que doivent « être associées » à cette recommandation du port du masque « les autres mesures barrières de distanciation physique, d’hygiène des mains, de nettoyage désinfection des surfaces et d’aération des locaux ». L’institution préconise aussi le port du masque « en cas de rassemblement avec une forte densité de personnes en extérieur afin de limiter l’émission de particules respiratoires ».

Avec 2 846 nouveaux cas de coronavirus en 24 heures, « la situation se dégrade » en France, a mis en garde vendredi le directeur général de la santé, Jérôme Salomon.


Covid-19 : « Les points de départ des foyers épidémiques se font en lieu clos », dit le médecin Jérôme Marty qui demande le port du masque généralisé à l’intérieur

Le président du syndicat de l’Union française pour une médecine libre, co-signataire d’une tribune dans « Libération », plaide pour généraliser le port du masque dans les entreprises.

Des salariés dans une entreprise qui portent des masques. 
Des salariés dans une entreprise qui portent des masques.  (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Un collectif de médecins demande dans une tribune publiée par Libération vendredi 14 août à ce que le port du masque devienne obligatoire dans tous les lieux clos, y compris dans les bureaux et les salles de classe, pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. L’un des co-signataires, Jérôme Marty, médecin généraliste et président du syndicat de l’Union française pour une médecine libre (UFMLS), se justifie samedi 15 août sur franceinfo. « C’est juste une mesure basée sur des éléments scientifiques. Ce que l’on sait depuis maintenant des mois, c’est que les points de départ des foyers épidémiques se font en lieu clos, entre les murs. Nous n’avons pas d’exemple de point de départ de foyer en extérieur, tous les problèmes viennent de l’intérieur », affirme-t-il.

Des médecins réclament le port du masque en entreprise

Le médecin généraliste demande notamment à ce que le masque soit porté dans toutes les entreprises. « C’est un enjeu autant sanitaire qu’économique », explique Jérôme Marty. « On veut déjà éviter une reprise de l’épidémie, et donc des gens hospitalisés et en réanimation. Sur le plan économique, on sait que le pays va souffrir, en particulier en septembre, et on ne veut pas qu’il y ait des entreprises qui soient obligées de fermer parce qu’elles ont des clusters en leur sein. » Il n’est pas préférable, selon lui, de laisser chaque chef d’entreprise gérer le problème localement. « Le virus lui ne connaît pas de différences », entre les entreprises, explique-t-il, tout en rappelant aussi qu’il faut aérer pour renouveler l’air sur le lieu de travail.

Jérôme Marty a également réagi à la dérogation accordée au parc du Puy-du-Fou pour pouvoir accueillir jusqu’à 9 000 spectateurs pour son spectacle extérieur de la Cinéscénie ce samedi. « C’est difficile de justifier une telle dérogation », indique-t-il. « Bien sûr, si tout le monde porte le masque et regarde dans le même sens, il y a moins de risque. Mais le risque quand on est les uns contre les autres, c’est de se toucher, et donc de créer un portage et une contamination dite ‘manuportée’. Si les gens n’ont pas de masque, il y a aussi toujours ce risque qu’ils projettent des gouttelettes sur les personnes autour », conclut-il.


Covid-19 : le risque existe dans tous les lieux clos, dans les classes comme dans les bureaux

Par Un collectif de professionnels de santé — 
Dans un centre commercial de Marseille, le 20 juillet. Photo Clément Mahoudeau. AFP

Une vingtaine de professeurs et docteurs en médecine lancent un appel pour rendre obligatoire le port du masque dans tous les lieux clos collectifs.

Tribune. Le Premier ministre Jean Castex a déploré mardi la dégradation de la situation sanitaire et a annoncé l’extension du port du masque dans l’espace public ainsi que la prolongation jusqu’au 30 octobre de l’interdiction des événements rassemblant plus de 5 000 personnes. Cette annonce vient s’ajouter aux décisions prises fin juillet d’imposer le port du masque dans tous les lieux publics fermés et d’en recommander le port en extérieur. Depuis lors, des centaines de municipalités ont pris des arrêtés dans ce sens. Si toutes ces décisions attestent d’une volonté d’agir, elles restent très insuffisantes pour endiguer la progression de l’épidémie.

Les protocoles actuels de sécurité qui concernent les lieux de travail, lesquels constituent les premiers foyers de contamination en France (1), mais aussi les écoles et les universités, ne prennent pas sérieusement en compte un facteur très important de propagation du Covid-19, à savoir la transmission via aérosol.

Un aérosol viral résulte de la persistance des particules virales en suspension dans les lieux fermés dont l’air n’est pas renouvelé. Sa transmission est différente de celle par microgouttelettes et par les mains souillées. Elle a déjà été prouvée pour d’autres coronavirus, comme le Sras 2002 ou le Mers, elle est désormais reconnue par l’OMS pour le Sars-CoV-2. Un récent préprint de l’Université de Floride le réaffirme : les malades produisent un aérosol de virus viables contagieux. Nous savons donc aujourd’hui que la voie aérienne est l’une des voies principales de propagation du Covid-19 et que les gestes barrières, bien que toujours indispensables, sont insuffisants pour s’en prémunir dans les espaces clos.

Dès lors, on ne peut que se féliciter que le ministère du Travail, dans son dernier protocole sanitaire, recommande fortement le recours au télétravail et appelle les entreprises à constituer des stocks de masques. Cependant, en se focalisant sur la distanciation d’au moins 1 mètre et sur les lieux de circulation, ces protocoles ne reconnaissent pas explicitement la transmission par voie aérienne. Nous l’affirmons sans ambiguïté : le Sars-CoV-2 se transmet par l’air et ne pas rendre le masque obligatoire dans les salles de cours ou les amphithéâtres, dans les open spaces, les salles de réunion, les ateliers et les bureaux partagés n’est pas conforme aux données de la science et de l’OMS.

Pourtant, la décision du 20 juillet de rendre obligatoire le port du masque dans les lieux publics clos s’était appuyée sur ces nouvelles connaissances. Nous ne comprenons pas cette régression : dans un commerce ou au travail, à La Poste ou en cours, que nous soyons assis ou debout, immobile ou en déplacement, l’air circule de la même manière autour de nous, et s’il n’est pas souvent renouvelé, le virus se propage et s’accumule, à l’image de la fumée de cigarette en hiver dans les pièces fermées. Si la fumée d’une cigarette peut nous atteindre, alors le Sars-CoV-2 le peut tout autant. Et plus le virus s’accumule dans l’air, en raison d’un temps long d’exposition ou du fait d’un nombre important d’excréteurs, plus nous risquons une contamination.

Notre exigence est une question de cohérence : on ne peut imposer le port de masque en extérieur dans certaines situations à risque marginal tout en le laissant optionnel dans des lieux clairement identifiés comme moteurs de cette épidémie.

Nous ne savons toujours pas quelle sera l’ampleur des séquelles chez les sujets atteints lors de la période initiale, mais nous savons qu’une seconde phase se prépare. Certains parlent de deuxième vague imminente. Vague ou phase, si nous voulons que celle-ci ne se transforme en tsunami, avec ses lots de décès, de malades au long cours, d’écoles fermées et d’activités bloquées, il est urgent de rendre obligatoire le port du masque dans tous les espaces clos, dans tous les bureaux, dans toutes les salles de classe et amphithéâtres, et aussi d’encourager sans ambiguïté le télétravail, les cours à distance et la réorganisation de classes avec des effectifs moins nombreux, comme l’a décidé, par exemple, le gouvernement italien.

Actuellement, toute fièvre inexpliquée implique la réalisation d’un test PCR et la mise en quarantaine dans l’attente des résultats. Les mesures que nous préconisons ne vont pas à l’encontre de l’économie et de notre organisation sociale, elles permettront au contraire de limiter les infections virales et les syndromes fébriles, et à terme les conséquences organisationnelles et économiques prévisibles, tout en limitant les tensions sur le système de soin. Le port du masque dans tous les espaces clos, le télétravail et les cours à distance, est donc ESSENTIEL.

Citons pour finir le virologue Christian Drosten et la prise de position de la société allemande de virologie du 6 août : «Nous mettons en garde contre l’idée que les enfants ne sont pas impliqués dans la pandémie et la transmission. De telles idées ne sont pas conformes aux connaissances scientifiques. Un manque de mesures de prévention et de contrôle pourrait rapidement conduire à des flambées qui obligeraient alors les écoles à fermer à nouveau. Sous-estimer le risque de transmission dans les écoles serait contre-productif pour le bien-être de l’enfant et la reprise économique.» L’European Center for Disease Control and Prevention l’a aussi rappelé lle même jour.

Enfin, le collectif tient à rappeler la nécessité absolue de la disponibilité des masques FFP2 pour tous les soignants exposés, afin que les plus de 50 000 contaminations des mois derniers ne se reproduisent pas.

Le 15 août marquera pour beaucoup la reprise du travail en milieu fermé et les rentrées scolaire et universitaire vont suivre dans la foulée. Il reste peu de temps pour qu’une prise de conscience émerge, qu’un consensus médical et politique constructif se dégage et que de réelles mesures de prévention et de protection soient prises en urgence, ce que nous appelons tous de nos vœux, en rappelant la responsabilité de nos dirigeants : début mars, nous ne savions pas tout, vous ne saviez pas tout. Mais aujourd’hui nous savons tous.

(1) Selon les rapports hebdomadaires de Santé publique France.

Premiers signataires

Eric Billy chercheur en immuno-oncologie, Strasbourg, DMatthieu Calafiore médecin généraliste, MDC, directeur du département de médecine générale de la faculté de Lille, DFranck Clarot médecine légiste, radiologue, vice-président de la Fédération nationale des médecins radiologues, Seine-Maritime, Collectif stop postillons (DJonathan Favre, DMichael Rochoy, DAntoine Hutt et DThibault Puszkarek), DDominique Dupagne médecin généraliste, Paris, DJean-Daniel Flaysakier médecin, journaliste, PGuillaume Gorincour radiopédiatre, vice-président du conseil départemental de l’Ordre national des médecins, Marseille, DAnnic Jarnoux médecin généraliste, DStéphane Korsia-Meffre vétérinaire, patient-enseignant, DKarine Lacombe cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, Paris, DLaurent Fignon, DYvon Le Flohic médecin généraliste, DChristian Lehmann médecin généraliste, écrivain, DJérôme Marty médecin généraliste, président de l’UFMLS, DFrançois-Xavier Moronval médecin urgentiste, responsable du Cesu 88, Epinal, DCamille Pascal-Gorincour médecin généraliste, DBruno Rocher psychiatre addictologue, médecin responsable de l’espace Barbara, CHU Nantes, Mahmoud Zureik professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université de Versailles-Saint-Quentin.

Quelques études sur le sujet :
— Yu I.T., Li Y., Wong T.W., et al. «Evidence of airborne transmission of the severe acute respiratory syndrome virus», N Engl J Med. 2004 ; 350(17):1731-1739. doi :10.1056/NEJMoa032867.
– Lidia Morawska, Donald K. Milton, «It is Time to Address Airborne Transmission of Covid-19», Clinical Infectious Diseases, ciaa939, https://doi.org/10.1093/cid/ciaa939
— John A. Lednicky, Michael Lauzardo, Z. Hugh Fan, Antarpreet S. Jutla, Trevor B. Tilly, Mayank Gangwar, Moiz Usmani, Sripriya N. Shankar, Karim Mohamed, Arantza Eiguren-Fernandez, Caroline J. Stephenson, Md. Mahbubul Alam, Maha A. Elbadry, Julia C. Loeb, Kuttichantran Subramaniam, Thomas B. Waltzek, Kartikeya Cherabuddi, John Glenn Morris Jr., Chang-Yu Wu, «Viable Sars-CoV-2 in the Air of a Hospital Room with Covid-19 Patients». MedRxiv 2020.08.03.20167395; doi: https://doi.org/10.1101/2020.08.03.20167395
— Jayaweera M., Perera H., Gunawardana B., Manatunge J., «Transmission of Covid-19 Virus by Droplets and Aerosols: A critical review on the unresolved dichotomy», Environ Res. 2020 ;188:109819. doi : 10.1016/j.envres.2020.109819

Un collectif de professionnels de santé

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