Témoignage de Morgane Poilfoulot Bilan 12 septembre Paris

17 h 
Nous sommes arrivés vers 7h sur Paris, le Métro que nous prenons s’arrête en pleine zone rouge interdite de manifestation (Trocadéro) et ne va pas plus loin. Des dizaines de stations métro ont été fermées.
Nous devons donc traverser la zone rouge à pied afin de rejoindre les rassemblement prévus. Premier contrôle d’identité par une vingtaine de motards de la brav (on était 5). A notre grande surprise ils ont été très corrects. Les femmes n’ont pas été fouillées car pas de femme dans leur groupe. Ils nous ont demandé d’ouvrir notre sac ils ont regardé l’intérieur, ils ont vérifié notre identité et nous ont laissé repartir.
Nous continuons notre randonnée matinale et un second groupe de brav s’arrête à notre hauteur, là c’est beaucoup moins sympathique. Tous contre le mur sacs vidés sandwichs et autres écrasés pour vérifier qu il n’y ait rien à l’intérieur. Confiscation d’un masque de protection . Il y avait 2 femmes dans leur groupe donc fouille pour tout le monde. Ensuite ils commencent à nous mettre les amendes un par un.
Et là c’est le sketch, ils ne connaissent pas l’arrêté auquel ils doivent se référer. Ne sont pas sûrs. Bah oui difficile de trouver un truc légal pour mettre une amende pour promenade sur le trottoir à 5. Ils se trompent de date pour l’arrêté et finalement l’amende sera pour participation à une manifestation interdite. Nous avons tous refusé de reconnaître et de signer cette infraction inexistante que nous allons contester.
Du coup on repart après avoir été menacés d’une seconde amende si on était recontrolé dans la zone rouge. On se pose dans un bar pour réfléchir. Comment allons nous rejoindre les cortèges prévus au nord de la zone interdite. On liste les quartiers et rues interdites, on regarde le plan. Aucun métro. On décide donc de tout contourner en passant par les quais de Seine en croisant les doigts pour pas se refaire choper et remonter par les Tuileries.
Au cours de notre ballade touristique nous avons rencontré beaucoup de personnes dans notre cas, certaines désemparées qui ont dû abandonner. Pendant notre périple pour rejoindre les lieux de rassemblement nous recevons des infos, des camarades ont été embarqués. Le dispositif sécuritaire mis en place est une pure folie, des avenues remplies de camions crs ou GM, des dizaines de compagnies de Brav, des drones, canons à eau et blindés.
Énormément d’arrestations avant les manifs. On t’ arrête avant que tu fasses quoique ce soit comme dans minority report. Ils embarquent les gens dans les cars. Nous n’avons plus de droit de manifester en France, ni de circuler librement.
Nous arrivons enfin à rejoindre les cortèges vers 13h après un passage dans les quartiers très chics ( Vendôme, st Honoré) où la vie des richissimes suit son cours… je me dis que quelques lacrymos dans ces rues leur ferait pas de mal. Les manifestations déclarées sont nassées et bombardées de lacrymo et desenserclantes.
Beaucoup d’arrestations pour tout et n’importe quoi, pour rien. Plusieurs arrestations de journalistes. Beaucoup de blessés souvent par coup de matraque.
Alors pour répondre à la question : il y avait du monde? Oui il y avait du monde, mais tout a été fait pour dissuader, et dispatcher les gens. Sans compter le nombre impressionnant d’arrestations préventives.
Malgré ça nous avons réussi à être plusieurs milliers. Donner un nombre est impossible puisqu’il n’y avait pas qu’un seul cortège facilement identifiable. Différentes actions ont eu lieu en même temps à différents endroits de Paris. Beaucoup ont été déçus de cette journée, moi aussi sur le coup.
Combien d’arrestations, combien de blessés ? Nous nous usons, nous mettons en danger, pour au final pas grand chose. Mais c’est un combat de longue haleine qui ne se gagnera pas sur une journée. Avec du recul et en voyant les différentes infos au niveau national, beaucoup sont sortis en ce 12 septembre crier leur colère, que ce soit dans les manifs, sur les ronds points, ou des actions coups de poing comme à BFM ou cnews.
Ça fait un moment qu’on parle de changer de façon de faire, les manifs si on n’a pas la masse nous mettent en danger, et sont fortement réprimées. Une initiative intéressante a eu lieu , un appel à rassemblement à 18h au champ de Mars a été diffusé en dehors des réseaux sociaux, cela n’a pas tenu car ça a finalement été diffusé sur les réseaux.
Mais ce genre d’initiative est à refaire. Occuper des lieux , monter des campements citoyens, tout est à réfléchir et à construire. Mais ce qui est sûr c’est qu’il faut trouver d’autres moyens que les manifestations. Et des idées on en a tous plein. Reste à les mettre en oeuvre.
On lâche rien !
Lors de cette journée un camarade de Rennes, Éric a disparu, il était à Wagram, nous sommes sans nouvelle depuis plus de 24h.
Màj : Éric vient de sortir de gav

1 Comment

  1. Oui. Les manifs…. Il faut trouver autre chose. Peut être se disperser. Se répandre. Et parler aux gens. Individuellement. Envahir un endroit. Un quartier. Ou un village. Premier village on reste une heure. Puis on bouge. On va dans un autre village. On parle aux gens. On évite Paris. Les grandes villes aussi. On dit la vérité. Sur un thème choisi. Sur l injustice. Ce que l on veut. Par exemple rétablir l isf. C est idiot mais c est ce que je propose. Sergio

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