David Dufresne : « Au cinéma, vous ne pouvez pas détourner le regard, à l’inverse du téléphone… »

Mardi 29 septembre 2020

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par Charline Vanhoenacker , Alex Vizorek

Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek reçoivent l’écrivain, journaliste et réalisateur David Dufresne pour la sortie de son nouveau film intitulé « Un pays qui se tient sage », le 30 septembre prochain.

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David Dufresne © Getty

David Dufresne commence sa carrière à la radio, notamment à Radio Poitiers Ouest avec des émissions sur les jeux vidéo et le rock, puis dans le fanzinat. Sa participation au fanzine Tant qu’il y aura du rock lui vaut d’ailleurs une convocation au commissariat de police sous le prétexte de soupçon de terrorisme, il n’a que 16 ans. Il est par la suite matraqué par les unités de voltigeurs lors de la manifestation du 5 décembre 1986, celle lors de laquelle Malik Oussekine est battu à mort par les voltigeurs. Ces événements ont évidemment nourri son intérêt pour la police.

Il rejoint ensuite la presse rock et le quotidien Le Jour en 1993. Il est également l’un des tout premiers créateurs de webzine en France. Il est notamment le fondateur de La Rafale en 1995 et l’un des auteurs du Manifeste du web indépendant en 1997. A partir du début des années 1990, il est reporter pour Libération puis rédacteur en chef chez i>Télé. En 2008, il participe à la création du site d’information Mediapart.

À la fin des années 2000, David Dufresne s’éloigne du milieu du journalisme pour se consacrer à des récits au long cours. Il est l’auteur et réalisateur (avec Philippe Brault) du webdocumentaire Prison Valley, qui a reçu de nombreux prix, dont le premier prix au World Press Photo, catégorie Multimedia. En 2013, il réalise Fort McMoney, lauréat de nombreux prix internationaux, comme le Canadian Screen Award. En 2016, il co-réalise l’enquête à collectionner en ligne Hors-Jeu avec le journaliste suisse Patrick Oberli, un hommage interactif au 100 ans du mouvement Dada. En 2017, il lance « PhoneStories », des récits en temps réel sur mobile.

David Dufresne est aussi écrivain. Son livre enquête sur l’affaire de Tarnac, Tarnac, magasin général, reçoit le prix des Assises du journalisme et son ouvrage, New Moon, café de nuit joyeux, lui permet d’être finaliste du prix de Flore. En 2018, il sort On ne vit qu’une heure. Une virée avec Jacques Brel (Le Seuil), une biographie singulière du chanteur.

En parallèle, il se consacre aux questions de police et de libertés publiques depuis les années 1990. Il est l’auteur-réalisateur d’un documentaire sur le maintien de l’ordre à la française, et les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises : Quand la France s’embrase. De plus, depuis le 4 décembre 2018, David Dufresne recense sur son compte Twitter les témoignages de blessés pendant les manifestations Gilets jaunes. Il y dénonce les violences policières et les « dérives » du maintien de l’ordre. Il a d’ailleurs sorti son premier roman, Dernière Sommation, en 2019, dans lequel il est question de violences policières.

Il vient aujourd’hui nous parler de son long métrage documentaire Un pays qui se tient sage, pour lequel il a reçu le soutien de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2020. Dans ce documentaire, il est question de la répression de plus en plus violente que subissent les manifestants lorsqu’ils se mobilisent et descendent dans la rue exprimer leur colère et leur mécontentement devant les injustices sociales. Par ce film, l’auteur invite à interroger l’ordre social et la légitimité de l’usage de la violence par l’Etat.

Ces images (de violences policières) qu’on a vu, on ne les a pas regardé en fait. On va regarder et examiner, d’un point de vue socio, philosophique, ce que ça signifie. C’est un film sur l’image puisqu’on est dans une guerre de l’image. C’est aussi rendre hommage à tous ces vidéastes qui documentent les pratiques policières. Il y avait l’idée de dire on va s’arrêter pendant une heure et demi et réfléchir à tout ça. 

David Dufresne a fait le choix de croiser dans son film documentaire les voix des manifestants et celles de philosophes, de sociologues, d’historiens et même de policiers… Mais il ne place ni l’un ni l’un plus en avant et choisit de ne pas expliquer qui est qui, il faut attendre la fin du film pour le savoir  :

En démocratie, une voix vaut une voix. L’idée du film c’est absolument le dialogue. L’idée est, pour une fois, d’écouter.

Retrouvez également les “Corona chroniques” de David Dufresne aux Editions du Détour ainsi que la réédition en poche de son livre “Dernière sommation” aux Editions Points le 1er octobre prochain.

Au sommaire de cette émission

Police, drones et manifs : Les journalistes filment les manifestants, les manifestants filment les policiers et maintenant les policiers filment les manifestants à l’aide de drones. Le hic, c’est qu’il n’existe pas encore de cadre juridique pour que la police puisse filmer par drone…

Le problème des données sur Internet c’est qu’elles restent sur Internet et elles sont mêmes livrées aux GAFA… Alors, faut-il effacer l’historique ou bien le conserver car il contient notre mémoire, nos souvenirs et nos archives ?

Le smartphone à table, un gadget indispensable pour dynamiser les discussions ? Bien que les arguments anti-portable à table soient encore majoritaires, de plus en plus de personnes ont leur téléphone près d’eux lorsqu’ils mangent : plus d’un Français sur deux envoient des textos au moment des repas, selon une étude OpinionWay pour la marque Président.

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