Pourquoi ces intimidations avec des armes de guerre ?

Le 4 février 2019, il publie dans Le Monde une tribune contre la proposition de loi visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations, dite « loi anti-casseurs », estimant notamment :

« [ce texte] vise les « gilets jaunes » sous prétexte de réprimer des casseurs que le droit pénal ordinaire permet tout à fait de réprimer. Ce sont les manifestations qu’on veut limiter, pas les actes violents. »
Il ajoute « je ne sais pas où est le « progressisme » dans cette majorité ou dans ce gouvernement, mais il n’est sûrement pas dans le domaine des libertés publiques. […] Que personne ne voie la contradiction politique entre la lutte revendiquée contre le « populisme » et ce genre de législation est proprement stupéfiant22. »

Démonstration saisissante.

« Sans la liberté » de François Sureau

Critique

Dans un texte grave, François Sureau alerte sur la fragilité des libertés publiques en France et nous presse de retrouver le sens de la citoyenneté politique.

  • Élodie Maurot,
« Sans la liberté » de François Sureau
« Un pays où les libertés ne sont plus un droit mais une concession du pouvoir. »MICHAEL BUNEL/HANS LUCAS
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• Sans la liberté, de François Sureau, « Tracts », Gallimard n° 8, 56 p., 3,90 €

La liberté se raréfie en France et nous n’y prenons pas garde. Dans Sans la liberté, l’écrivain et avocat François Sureau nous prend à témoin d’un rapide et dangereux délitement des libertés publiques. Un texte ramassé, dense, au ton très personnel, dans lequel transparaît à chaque ligne l’inquiétude de voir les enfants gâtés de la modernité délaisser l’esprit de la liberté.

iPourquoi lire La Croix ?

La Croix met en avant des auteurs, des artistes, dont les œuvres conjuguent le plaisir esthétique et la recherche de sens.

« Chaque année depuis un peu plus vingt ans, les plaques tectoniques de notre société politique se déplacent dans une mesure telle que j’ai fini, comme bien d’autres, par me demander si l’amour de la liberté, ou celui de l’État de droit qui vise à le garantir, n’était pas un simple vernis, une référence morte, un propos de fin de banquet », constate-t-il, bon connaisseur des arcanes du pouvoir et des mœurs politiques des puissants.

« Un pays où les libertés ne sont plus un droit mais une concession du pouvoir »

Les faits sont connus pour qui veut bien les voir : restriction des libertés liée à l’état d’urgence, présence dans nos rues de forces de l’ordre dotées d’armes de guerre, loi anti-casseurs conduisant à considérer le citoyen libre comme un délinquant en puissance, loi anti-fake news sanctionnant les contenus a priori, loi contre les « contenus haineux » encourageant les opérateurs privés d’Internet à la censure…

Autant de dispositions législatives témoignant d’un climat général, celui « d’un pays où les libertés ne sont plus un droit mais une concession du pouvoir, une faculté susceptible d’être réduite, restreinte, contrôlée autant dans sa nature que dans son étendue ».

Il n’est pas trop tard

En amont de ces symptômes, François Sureau déplore aussi la perte d’un état d’esprit. Celui qui faisait clamer à Chateaubriand : « Je pense que sans la liberté il n’y a rien dans le monde. » François Sureau ne nie pas que la liberté a un coût : « Celui d’être blessé, révolté, atteint par les opinions contraires. » Mais les citoyens devraient défendre la contradiction, « plus sûr aiguillon pour bâtir, siècle après siècle, une société meilleure ».

Les temps sont inquiétants, mais il n’est pas trop tard. « Il dépend à la fin de nous que ceux qui gouvernent et répriment puissent, ou non, aller jusqu’au bout de cette inclination à l’autoritarisme qui est le lot de tout pouvoir. » Ce texte habité, qui propose plusieurs remèdes concrets, invite à la lucidité autant qu’à la résistance.

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