Bande de Gaza : les combats à distance entre Israël et le Hamas se sont encore intensifiés dans la nuit

TOPSHOT - Smoke billows from a fire following Israeli airstrikes on multiple targets in Gaza City, controlled by the Palestinian Hamas movement, early on May 16, 2021. - Israel pummelled the Gaza Strip with air strikes, killing 10 members of an extended family and demolishing a building housing international media outlets, as Palestinian militants fired back barrages of rockets. (Photo by MOHAMMED ABED / AFP)

Depuis le début des combats, au moins 153 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, et dix en Israël. Les groupes armés palestiniens ont tiré plus de 2300 roquettes sur le centre et le sud d’Israël.

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Une nouvelle tour, la tour Andalous, a été ciblée dans la nuit du 15 au 16 mai. MOHAMMED ABED / AFP
De notre correspondant à Jérusalem
Les combats à distance entre l’État hébreu et le Hamas se sont intensifiés dans ce qui est la flambée de violence la plus lourde depuis la guerre de 2014 à Gaza. Au moins 153 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, et dix en Israël (presque toutes civiles), dans les échanges de bombes et de missiles.

Israël a effectué des centaines de bombardements aériens et plusieurs frappes au sol, mais les troupes des Forces armées de défense (IDF) n’ont pas franchi le Rubicon. Elles ne sont pas passées au stade de l’offensive terrestre. Les combattants des groupes armés palestiniens ont tiré plus de 2300 roquettes sur le centre et le sud d’Israël, touchant à plusieurs reprises Tel Aviv et sa région. Les inquiétudes des habitants de la capitale économique et culturelle israélienne sont cependant sans commune mesure avec celles de la population de la ville de Gaza, épicentre des bombardements.

Missiles intercepteurs du Dôme de Fer israélien (à gauche) contre roquettes palestiniennes (à droite) dans la nuit du 15 au 16 mai. ANAS BABA / AFP

Des raids israéliens ont à nouveau secoué la vaste agglomération au cœur de la nuit de samedi à dimanche. Trois bâtiments ont été détruits sans que Tsahal ne «toque sur le toit», c’est-à-dire prévienne les résidents via des intermédiaires. Des centaines de familles ont fui pour se réfugier dans l’enceinte de l’hôpital Al-Shifa où sont soignés les nombreux blessés. Selon un bilan provisoire des autorités de Gaza, les bombardements nocturnes ont fait au moins 8 morts et 45 blessés.

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Dix membres d’une même famille tués

L’UNRWA, l’office des Nations unies pour les réfugiés de Gaza, a annoncé qu’il transformait ses écoles en lieu d’accueil pour les personnes dont les logements ont été endommagés. Elles ont été prises d’assaut. Quelque 10.000 Gazaouis en provenance des quartiers de l’Est et du Nord, les secteurs les plus touchés, y campent sous la protection des Nations unies. D’autres s’abritent chez des proches dans ce petit territoire surpeuplé.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est déclaré via son porte-parole « consterné par le nombre croissant de victimes civiles». Il a souligné la mort de dix membres d’une même famille, dont des enfants, dans une frappe aérienne israélienne vendredi dans le camp de réfugiés d’al-Shati à Gaza.

Les coupures d’électricité et d’internet sont massives. Les réserves en fuel pour alimenter l’unique centrale électrique du territoire sous blocus s’amenuisent.

Au milieu de la nuit, les secouristes sont parvenus à extraire des dizaines de survivants d’un immeuble effondré. Une nouvelle tour, la tour Andalous, a été ciblée. Ces bâtiments sont détruits un à un, transformant un quartier de Gaza surnommé «les Champs Élysées» en champ de ruines. «C’est comme un tremblement de terre. On n’avait jamais entendu de tels bombardements. Lorsque des tours sont visées on dirait qu’ils coupent une tranche de gâteau. La précision est extrême», raconte un témoin.

Un immeuble abritant Associated Press et Al-Jazira détruit

Auparavant, l’immeuble abritant des médias internationaux – notamment l’agence américaine Associated Press (AP) et la chaîne d’information qatarie Al-Jazira – a été anéanti, plongeant dans l’embarras le président américain Joe Biden qui a téléphoné au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Des images diffusées par les télévisions ont montré le propriétaire de la tour appelé par téléphone par Tsahal. Il était prévenu de la frappe. Les IDF lui donnaient une heure pour l’évacuation. Il demandait dix minutes de plus pour permettre au personnel et aux résidents de quitter les lieux mais aussi de sauver le matériel de leurs médias et des biens. Il n’a pas obtenu ce délai.

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Après les membres de la branche armée du Hamas, les Brigades Izz al-Din al-Qassam, les chefs politiques du mouvement islamo-nationaliste sont désormais dans le collimateur de la chasse israélienne. La maison de Yahya Sinwar, le «premier ministre» de la bande de Gaza a été rayée de la carte sans faire de victime. L’ex-patron des Brigades Izz al-Din al-Qassam est le leader le plus puissant de l’organisation après Ismaïl Haniyeh. Le message est symbolique : Tsahal veut affaiblir autant que possible son ennemi.

Le Hamas a déclenché les hostilités après l’intervention de la police israélienne, voici six jours, peu avant la fin du mois sacré du ramadan, sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem (300 blessés). «La résistance est le bouclier et le chemin le plus court vers Jérusalem. J’ai dit à Netanyahou de ne pas jouer avec le feu car nous réalisons ce que Jérusalem signifie pour chaque Palestinien libre», a affirmé samedi soir Ismaïl Haniyeh.

De son côté Benyamin Netanyahou persiste et signe. «Nous continuerons à répondre avec force jusqu’à ce que la sécurité de notre peuple soit rétablie et restaurée», a déclaré le chef du gouvernement israélien. «Nous avons éliminé des dizaines de terroristes du Hamas et détruit des centaines de sites terroristes, y compris des lance-missiles et des bâtiments que le Hamas utilisait pour planifier et perpétrer ces attaques», a déclaré le premier ministre par intérim. «Je veux rappeler au monde qu’en tirant sur nos villes, le Hamas commet un double crime de guerre. Il vise nos civils et se cache derrière des civils palestiniens, les utilisant comme boucliers humains.»

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