le soulèvement paysan est un modèle pour le monde entier. Jacques Chastaing

Arguments pour la lutte sociale

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Cela fait plus de 7 mois que le très massif mouvement paysan marque la société indienne et est devenu peu à peu le pivot detoutes les luttes sociales, démocratiques et sociétales du pays. Aujourd’hui, il entre dans une nouvelle phase où il est au bord de devenir également le pivot des luttes politiques de toute l’Inde.

par Jacques Chastaing, 10 juillet 2021

Tous ceux qui se demandent aujourd’hui comment abattre le système capitaliste, son exploitation, ses oppressions, sa destruction de la planète et des hommes et qui cherchent dans les mouvements sociaux qui ébranlent le monde depuis 2019 quel pourrait bien être le chemin qui mène à un tel objectif, doivent regarder le soulèvement paysan en cours en Inde, certainement le soulèvement le plus avancé sur le globe et en tirer des leçons sur les grandes tendances qui dessinent ce qui se passe dans le monde entier.

Cela fait plus de 7 mois que le très massif mouvement paysan marque la société indienne et est devenu peu à peu le pivot detoutes les luttes sociales, démocratiques et sociétales du pays. Aujourd’hui, il entre dans une nouvelle phase où il est au bord de devenir également le pivot des luttes politiques de toute l’Inde.

Après avoir défendu ses revendications économiques paysannes, il s’est mis petit à petit, parce que c’est le mouvement despaysans les plus pauvres et des ouvriers agricoles et notamment des femmes pauvres du monde rural, à défendre les revendications des ouvriers, du secteur industriel et des services publics contre le secteur privé, les intérêts des locataires et habitants, ceux des malades, des personnes âgées et des enfants, des Intouchables, des membres des castes les plus basses, des tribus indigènes, des femmes et des jeunes, des étudiants et enseignants, des pauvres contre la hausse des prix… Parallèlement, ils’est mis à se battre contre les discriminations et les divisions religieuses, contre les oppressions de sexe, les divisions de castes et de races pour une société plus humaine, plus fraternelle, plus collective et solidaire des plus faibles contre la société inhumaine des grands groupes capitalistes.

Il est devenu ainsi une entité politique.

Le mouvement était bien sûr politique dés le début puisqu’il se battait contre le contrôle des grandes entreprises capitalistes sur l’économie agricole et contre les fondements de la politique du gouvernement. Mais il est devenu clairement opposé au BJP, le parti au pouvoir et aux capitalistes qui le soutiennent, à partir du 26 janvier 2021 lors de leur marche sur Delhi en plaçant ouvertement à partir de cette date la question de quelle démocratie il voulait, par qui et pour qui, au centre de tous ses combats. Par sa campagne de Mahapanchayats à partir de cette date, il a ouvert la place à une démocratie directe de type soviétique choisissant ouvertement de se mettre sous le contrôle des classes les plus populaires.

Ce qu’il y a de plus remarquable et qui en dit long sur la profondeur du mouvement, c’est que ni la répression policière ni surtout l’épidémie de covid qui a été violente dans le pays, n’ont réussi à stopper le mouvement.

Aujourd’hui, après être devenu le pivot des luttes sociales et sociétales, autour duquel se centralisent les principales luttes du pays, il se pose le problème de devenir le pivot des luttes politiques, bref il commence à se poser la question du pouvoir. C’est un processus en cours.

On le voit aux interventions de plus en plus fréquentes de leaders paysans sur ce terrain qui pour le moment sont souvent encore hésitantes voire contradictoires. Certains sont hostiles à cette orientation politique, d’autres favorables mais se demandent encore comment faire.

Cela prendra encore un certain temps mais le processus est enclenché avec la décision collective du SKM (la coordination d’organisations paysannes qui anime le mouvement) de marcher tous les jours sur le Parlement à partir du 23 juillet pour sa session dite de la Mousson. Ils ne renouvellent pas leur expérience du 26 janvier qui avait donné lieu aux manipulations du pouvoir, mais vont tout à la fois n’envoyer que quelques centaines de représentants des paysans devant le Parlement tout en en massant des dizaines et des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers aux portes de Delhi qui vont mettre ainsi le Parlement sous observation, sous surveillance, sous contrôle, non seulement des paysans mais de toute la population. Ils ne vont pas s’adresseraux députés du BJP dont ils n’attendent rien mais aux députés de toute l’opposition à qui ils ont demandé publiquement de défendre les intérêts des classes populaires et des paysans à l’intérieur tandis que eux seront au dehors.

Cela rappelle les « tricoteuses » de la révolution française qui en 1793 surveillaient la Convention et qui, quand celle-ci faisait défaut à ses engagements révolutionnaires, avertissaient les sans-culottes qui eux, arrivaient avec des canons.

Cette expérience de contrôle populaire du Parlement fait partie du processus de constitution du mouvement paysan en entitépolitique.

Les paysans savent que le parti du grand patronat n’est pas que le BJP mais aussi les autres grands partis d’opposition et que si ceux-ci multiplient les déclarations de soutien aux paysans, dans les actes ils ne font rien. On vient encore de le voir au Maharashtra, où le parti au pouvoir est un parti d’opposition, mais qui vient de voter dans cet État quasi les mêmes lois que le BJP au niveau national. On le voit encore au Pendjab où les paysans s’affrontent de plus en plus fréquemment au pouvoir de cet État qui est dirigé par le parti d’opposition du Congrès. Les paysans savent ainsi qu’ils ne peuvent pas compter sur une alternance politique par les partis traditionnels et les moyens parlementaires et électoraux classiques, encore faut-il le faire comprendre aux millions de personnes qui ont encore confiance dans ces partis d’opposition.

Alors, après avoir totalement discrédité le BJP et l’avoir fait perdre dans des élections régionales comme au Bengale occidental, ils vont donc à partir du 23 juillet mettre à l’épreuve les partis d’opposition.

Ce faisant, au fur et à mesure qu’ils avanceront dans leur démonstration, se posera de plus en plus pour eux, la nécessité de faire apparaître des solutions politiques et des solutions politiques qui soient celles de la rue, celles d’en bas. C’est pourquoi, en même temps qu’ils vont surveiller le Parlement, ils veulent lancer une nouvelle campagne de Mahapanchayats – ces parlements du peuple -que le covid avait un moment suspendue.

Le processus de polarisation politique autour du soulèvement paysan va donc passer une marche autour de cette sessionparlementaire de la Mousson. La seconde sera probablement la campagne politique dont ils ont annoncé qu’ils la lancerait dans trois États où auront lieu des élections législatives en début d’année prochaine, au Pendjab, en Uttarakhand et en Uttar Pradesh, en commençant le 1er Août dans l’Uttar Pradesh. Ils veulent renouveler ce qu’ils avaient fait au Bengale occidental, en multipliant cettefois les Mahapanchayats, en sachant que si le BJP perd l’Uttar Pradesh (210 millions d’habitants), il perd quasiment le pouvoir central.

Quelle tournure politique cette campagne prendra-t-elle cette fois-ci ? On ne peut pas le savoir étant donné les enjeux d’un côté comme de l’autre. Mais soyons-sûrs que les paysans sauront prendre les nouvelles initiatives adéquates qui mèneront le mouvement paysan et les classes populaires elles-mêmes vers de nouveaux sommets politiques.

En attendant, aujourd’hui 10 juillet, l’énorme manifestation ouvrière qui a eu lieu à Visakhapatnam contre la privatisation des aciéries et dont les leaders sont favorables à l’alliance avec les paysans et à une marche sur la capitale, montre que les craintes liées au covid sont en train de s’estomper un peu partout et que le mouvement social reprend là où il s’était arrêté en avril, mais avec en plus une maturation politique considérable du mouvement paysan, ce qui change beaucoup de choses dans la situation … et pour le monde.

PHOTOS

Manifestations des tribus dans l’État du Telangana pour défendre leurs droits ancestraux sur les terres et les forêts remis en cause par la rapacité de l’industrie agro-alimentaire et forestière ; énorme manifestation des ouvriers de l’aciérie Vizag à Viskhapatnam dans l’État de l’Andhra Pradesh contre sa privatisation ; blocage sur l’autoroute à Sihrind ; affrontements entre la police qui a placé des barrages et les paysans qui les enfoncent avec leurs tracteurs pour empêcher le ministre des transports de tenir un meeting dans la ville de Jagadhri dans l’État d’Haryana tandis que d’autres paysans bloquent le premier ministre pour l’empêcher de tenir un meeting à l’université ; les agents des routes du Pendjab ont bloqué les bus à Jalandhar tandis que les enseignants du Pendjab bloquent un siège gouvernemental à Patiala et que les paysans bloquent la coopérative des marchés d’État toujours à Patiala

et

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