Troubles à Cuba : le régime cubain et Washington s’accusent mutuellement

TOPSHOT - People take part in a demonstration against the government of Cuban President Miguel Diaz-Canel in Havana, on July 11, 2021. Thousands of Cubans took part in rare protests Sunday against the communist government, marching through a town chanting "Down with the dictatorship" and "We want liberty." / AFP / YAMIL LAGE

Au lendemain de manifestations inédites, Miguel Diaz-Canel a accusé les Etats-Unis de mener « une politique d’asphyxie économique », tandis que Joe Biden l’a appelé à « entendre son peuple ».

Le Monde avec AFP

le 12 07 2021

C’est une mobilisation inédite à Cuba, où les seuls rassemblements autorisés sont d’ordinaire ceux du Parti communiste (PCC, unique). Excédés par la crise économique, qui a aggravé les pénuries d’aliments et de médicaments et poussé le gouvernement à couper l’électricité plusieurs heures par jour, des milliers de Cubains sont sortis spontanément dimanche 11 juillet dans les rues de dizaines de villes et villages du pays, aux cris de « Nous avons faim »« Liberté » et « A bas la dictature ».

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Au lendemain de ces manifestations, le président cubain, Miguel Diaz-Canel, a accusé le gouvernement américain de mener « une politique d’asphyxie économique pour provoquer des troubles sociaux » dans l’île. Dans une allocution retransmise à la télévision et à la radio, le dirigeant communiste, entouré de plusieurs de ses ministres, a assuré que son gouvernement essaie d’« affronter et de vaincre » les difficultés face aux sanctions américaines, renforcées depuis le mandat du président américain Donald Trump (2017-2021).

La Russie met en garde contre toute « ingérence étrangère »

Dans un communiqué, le président américain, Joe Biden, a appelé « le régime cubain à entendre son peuple et à répondre à ses besoins »« Nous nous tenons aux côtés du peuple cubain et de son appel vibrant à la liberté », a-t-il ajouté.

« Nous soutenons le droit des peuples à s’exprimer de manière pacifique et nous demandons aux autorités d’autoriser ces manifestations et d’écouter le mécontentement des manifestants », a, quant à lui, déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, à l’issue d’une réunion des ministres des affaires étrangères européens à Bruxelles.

Grand soutien des autorités cubaines depuis l’époque soviétique, la Russie a mis en garde lundi contre toute « ingérence étrangère » dans cette crise. « Nous considérons comme inacceptable toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures d’un Etat souverain et toute autre action destructrice qui favoriserait la déstabilisation de la situation sur l’île », a déclaré dans un communiqué le ministère des affaires étrangères russe. « Nous sommes convaincus que les autorités cubaines prennent toutes les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre public dans l’intérêt des citoyens du pays », a ajouté Moscou, disant « suivre de près l’évolution de la situation à Cuba et aux alentours ».

Mexico offre son aide

Le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, a lui rejeté toute approche « interventionniste » pour la situation à Cuba et offert d’envoyer de l’aide humanitaire. Le Mexique peut « aider en fournissant des médicaments, des vaccins, tout ce qui est nécessaire, ainsi que de la nourriture, car la santé et la nourriture sont des droits humains fondamentaux » qui ne nécessitent pas « une gestion politique interventionniste », a déclaré le dirigeant de gauche.

« Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche n’a pas l’autorité politique ni morale pour parler de Cuba », a réagi lundi le chef de la diplomatie cubaine, Bruno Rodriguez, sur Twitter. « Son gouvernement a consacré des centaines de millions de dollars pour la subversion dans notre pays et il impose un blocus génocidaire, principal responsable des carences économiques », a-t-il ajouté.

Relations diplomatiques au plus bas

Les relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, après une brève réconciliation entre 2014 et 2016, sont au plus bas depuis le mandat de Donald Trump, qui a renforcé l’embargo en vigueur depuis 1962, dénonçant des violations des droits de l’homme et le soutien de La Havane au gouvernement de Nicolas Maduro au Venezuela. Ces sanctions, ainsi que l’absence de touristes due à la pandémie, ont plongé Cuba dans une profonde crise économique et généré un fort malaise social, suivi de près à Washington et sur le continent américain.

Une situation qui a poussé de nombreux Cubains à utiliser le mot-clé #SOSCuba sur les réseaux sociaux, pour demander qu’une aide humanitaire extérieure soit autorisée par le gouvernement.

Le Monde avec AFP

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