Armes françaises pour dictature modèle

René Magritte, Les droits de l'homme, 1948, © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2018

Cachez ces ventes de Rafale que l’on ne saurait voir !

Armes françaises pour dictature modèle

Les principes vertueux, aiguillonnés par d’amicales pressions, ont déjà fait capoter de juteuses ventes d’armes françaises. En 2014, Paris refusa de céder deux porte-hélicoptères à Moscou pour sanctionner la Russie de ses agissements dans le conflit ukrainien. Mais les scrupules sont à géométrie variable, comme le démontre l’empressement de la France à armer l’Égypte du maréchal Al-Sissi.

Armes françaises pour dictature modèle

René Magritte. — « Les Droits de l’homme », 1948
© ADAGP, Paris, 2021 – ADAGP Images – Photothèque René Magritte

Depuis un demi-siècle, la France, lorsqu’elle ne dispense pas des leçons de bienséance démocratique aux autres États, vend des armes à quelques-uns des régimes les plus brutaux et les plus répressifs de la planète. Dans les années 1970, elle commerçait ainsi avec l’Afrique du Sud raciste, avec l’Argentine des généraux, avec l’Espagne du général Franco et avec la Grèce des colonels — liste non exhaustive. Cinquante ans plus tard, ce sont l’Arabie saoudite et l’Égypte du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi qui ont sa préférence.

L’honnêteté commande cependant de reconnaître qu’il est arrivé récemment qu’elle succombe, sous l’amicale pression d’amis attentionnés, à un accès subit de probité. Et qu’au nom d’admirables principes soudainement retrouvés elle renonce à une lucrative transaction. C’est ce qui s’est produit lorsqu’elle a refusé in extremis de livrer à Moscou deux navires de guerre. Mais cette soudaine bouffée de vertu constitua le prélude à un redoublement de son cynisme…

En 2011, à la fin du mandat présidentiel de M. Nicolas Sarkozy, la Russie de M. Vladimir Poutine achète pour sa marine deux bâtiments français de projection et de commandement (BPC), le Sébastopol et le Vladivostok. Montant de la transaction : 1,2 milliard d’euros. Ces porte-hélicoptères de classe Mistral, construits par les chantiers navals de Saint-Nazaire, doivent respectivement être livrés en 2014 et 2015.

Pour la France, ce contrat tombe à pic, car son industrie de l’armement endure quelques déconvenues. Comme le soulignent alors deux sénateurs dans un avis relatif à l’équipement des armées françaises, le programme Rafale, du nom de l’avion de combat du groupe Dassault, est source d’inquiétude — car il s’avère extraordinairement onéreux. « Actualisé aux prix de 2011 », il a déjà coûté 43,5 milliards d’euros à l’État — et par conséquent aux contribuables, qui cependant ignorent tout de ces dépenses.

Cet investissement important devait être rentabilisé par l’exportation de cet appareil, présenté comme (…)

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