Civitas, ce parti d’extrême droite dans les manifs

Civitas

Logo de Civitas.

Proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, Civitas est un mouvement traditionaliste catholique créé en 1999. En 2016, il est devenu un parti politique qui revendique plus d’un millier d’adhérents. Il est présidé par Alain Escada.

Civitas tente de fédérer des partenaires d’autres pays européens à travers la Coalition pour la Vie et la Famille présidée également par Alain Escada.

Puisant dans le registre classique du conspirationnisme d’extrême droite, Civitas entend « rompre avec cette république maçonnique, vassale d’un nouvel ordre mondial. Civitas veut servir le Pays Réel en restaurant une France catholique, en s’affranchissant de l’Union Européenne, de l’OTAN, de la haute finance internationale et des banksters, en revalorisant le petit commerce, la petite industrie, l’artisanat et la paysannerie. Et en organisant une rémigration ». Le mouvement dénonce « l’assassinat programmé de la France », réclame la fin de la laïcité – qu’il considère comme la « religion de la république maçonnique » – et lutte contre la « cathophobie ».

Sur les questions sociétales, Civitas a pris position contre l’interruption volontaire de grossesse, contre le mariage des personnes de même sexe, contre la procréation médicalement assistée et contre la gestation pour autrui.

Dans le cadre des élections législatives de juin 2017, Civitas fait alliance avec le Parti de la France de Carl Lang et les Comités Jeanne de Jean-Marie Le Pen.

Le 18 septembre 2018, Medias-Presse.info, une plateforme liée à Civitas, annonce la naissance du Conseil scientifique de Civitas. À sa direction, Hugues Petit, ancien conseiller régional de Rhône-Alpes et ancien président du Conseil scientifique du Front national.

Civitas édite une revue dans laquelle les principales figures de l’extrême droite française sont régulièrement invitées à s’exprimer. Son numéro de juillet-août-septembre 2019 contient ainsi un entretien exclusif avec le polémiste antisémite Alain Soral [archive].

Affiche de Civitas pour les élections européennes de 2019.

Civitas est aussi à l’origine de la « Fête du Pays réel » qui s’est imposée comme le rassemblement annuel de  l’extrême droite catholique française. Lors de la troisième édition de cet événement, un colloque sur le « Grand Remplacement » a été organisé, avec des interventions de Pierre Hillard (« Le grand remplacement, un plan concerté ») et d’Alain Escada expliquant que « Le grand remplacement est une réalité organisée par les institutions mondialistes ». Parmi les autres participants, on compte Jean-Marie Le Pen, Alain Soral, Jean-Yves Le Gallou ou encore Alexandre Gabriac. Le Centre grégorien Saint Pie X, Synthèse nationale, la maison d’édition Le Retour aux sources (de Michel Drac), le Parti de la France (de Carl Lang), l’association anti-avortement Laissez-les vivre et l’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain sont également associés à l’événement.

Dans le cadre des élections européennes de 2019, Civitas édite plusieurs affiches à caractère complotiste appelant à stopper les lobbies, à interdire la franc-maçonnerie et à neutraliser les « milliardaires cosmopolites ».

Pour les élections municipales de 2020, Civitas propose des formations visant à constituer un « réseau d’élus

catholiques ».

Le numéro de mars-avril 2021 de la revue éditée par Civitas dénonce un « scandale moral, médical [et] politique » autour des vaccins. Il met à l’honneur la généticienne Alexandra Henrion-Caude.

En août 2021, Civitas apporte son soutien public à la militante d’extrême droite Cassandre Fristot, interpellée pour avoir brandi une pancarte antisémite dans une manifestation contre le pass sanitaire.


Civitas : qui se cache derrière l’association catholique devenue un parti politique ?

ÉCLAIRAGE – L’association catholique d’extrême droite a obtenu en toute discrétion le statut de parti politique le 23 avril dernier. Mais qui trouve-t-on derrière ce mouvement qui veut « rechristianiser la France » ?

Qui se cache derrière Civitas ?
Qui se cache derrière Civitas ?
Crédit : DAMIEN MEYER / AFP
https://www.rtl.fr/auteur/paul-veronique

Le mouvement catholique d’extrême droite Civitas n’était auparavant qu’une association. Mais depuis le 23 avril dernier,  il bénéficie aussi du statut de parti politique. Une décision parue au journal officiel le 13 juin. Les dons que perçoit la formation pourront donc désormais faire l’objet d’exonérations fiscales à hauteur de 66%. L’organisation semble plutôt bien mener sa barque au sein des courants identitaires.

Aux origines de Civitas

L’association naît en 1999, de l’éclatement de La Cité catholique, une organisation créée par Jean Ousset, un intellectuel vichyste prochedes milieux royalistes. Pendant longtemps, elle va rester dans une sorte de clandestinité propre aux mouvements d’extrême droite, avant de se faire connaître des médias sous l’impulsion d’Alain Escada. Cet homme au visage poupin, originaire de Belgique, est actif depuis ses 18 ans dans les milieux identitaires. Au cours de sa vie militante, il va petit à petit se rapprocher des catholiques traditionalistes et plus particulièrement de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, une société de prêtres intégristes qui n’est pas reconnue par l’Église catholique.

Dans les années 2000, il va prendre part à différentes actions à Bruxelles, comme les manifestations contre l’adoption pour les couples homosexuels ou les mouvements hostiles à l’avortement. Après ces années de militantisme, il rejoint finalement Civitas, dont il devient secrétaire général en 2009 puis président en 2012. À cette époque, l’association revendique 1.250 membres et 170.000 abonnés à sa lettre d’information.

Quelles sont ses prises de position ?

« L’institut Civitas est une œuvre de reconquête politique et sociale visant à rechristianiser la France« , peut-on lire sur son site internet. Du reste, le programme du tout récent parti politique reste assez nébuleux. Alain Escada déclarait ce mercredi 29 juin au micro de RTL vouloir, « défendre la famille, la vie et une vision chrétienne de la société« . Difficile d’y voir clair, alors que jusqu’à présent l’association se contentait principalement d’un lobbying assez actif auprès des élus locaux.

En juin, la revue de Civitas était consacrée aux « mensonges démocratiques ». Reprenant les mots de Charles Maurras, royaliste et antisémite notoire, « la démocratie c’est le mal, la démocratie c’est la mort », l’organisation traditionaliste expliquait vouloir « montrer la nature congénitalement menteuse (de la démocratie ndlr) lorsqu’elle se veut représentative ». Moins que par des propositions concrètes, Civitas s’est surtout distingué par ses nombreuses oppositions au fil du temps. Ses sujets de prédilection sont notamment l’islam, l’homosexualité et la pilule contraceptive. Pour le moment, la formation politique n’envisage pas de présenter de candidats à l’élection présidentielle a indiqué à RTL Alain Escada. « Civitas précisera en septembre la stratégie choisie à cet effet », précise-t-il sur son site internet.

 

Les catholiques d'extrême-droite de Civitas tiendront leur première université d'été près de Poitiers


Comment analyser ce mouvement 

Pour certains catholiques (les protestants ne s’embarrassent pas de ces décorums archaïques et baroques) Afficher un cœur sanguinolent, surmonté d’une croix et de flammes et entouré de la couronne d’épines est traditionnellement un symbole de l’expiation et de la réparation, puisque les hommes ne respectent pas l’amour sacrificiel de Jésus.

Placer ce cœur – qui ferait saliver un anthropophage – au milieu du blanc, symbole du royalisme, au milieu du drapeau tricolore de la république honnie, est une figuration fétichisée de la nécessité, encore aujourd’hui, d’expier et de réparer les crimes et les atrocités de la Révolution et de la République. Les royalistes l’appellent, la gueuse et se collent partout des fleurs de lys pour que chacun comprenne bien qui ils sont, s’affirmant ainsi contre la « démocratie ».

Pourquoi faut-il exclure de nos manifestations ce drapeau du parti politique, déclaré comme tel : Civitas ?

Depuis les gilets jaunes, nous avons appris qu’un mouvement social soit massif, capable de rassembler des masses populaires immenses, il allait charrier toutes sortes d’individus porteurs des préjugés les plus extravagants, ce qu’en disait Lénine :

« Parmi eux, il y avait des masses aux préjugés les plus barbares, luttant pour les objectifs les plus vagues et les plus fantastiques, il y avait des groupuscules qui recevaient de l’argent japonais, il y avait des spéculateurs et des aventuriers, etc. Objectivement, le mouvement des masses ébranlait le tsarisme et frayait la voie à la démocratie, et c’est pourquoi les ouvriers conscients étaient à sa tête. »

C’est pourquoi, des gens de Civitas qui sont clairement d’extrême droite comme ceux du RN peuvent participer an combat commun contre la « dictature sanitaire », comme tout militant du camp humaniste et progressiste,  tous pour la liberté et l’émancipation.

Certes, il faut certes rompre avec la manie qui consiste à voir des fascistes partout qui conduit toujours à les combattre nulle part. Un partisan des idées d’extrême droite ne fait pas automatiquement un fasciste. Il faut des circonstances sociales bien particulières – elles ont été bien documentées – pour que s’opère cette mutation funeste.

Mais …

Il y a une frontière à établir pour nous distinguer de ceux qui viennent manifestement et ostensiblement instrumentaliser nos manifestations pour afficher leurs positions sectaires et clivantes car elles sont de nature à nous déconsidérer et à nous diviser. Leur seul but : construire en parasites leur secte hallucinée, pas de renforcer le mouvement. On ne trouvera Civitas dans aucune mobilisation pour défendre aucune revendication sociale, écologique, féministe ou égalitaire.

Pourquoi ils sont des diviseurs de tout mouvement social ?

Les gens de Civitas comme tous les partisans de l’extrême droite un affiche un attachement essentialisé et fétichisé à une entité qui n’a jamais existé : La France pure. En son nom, il s’agit d’exclure au prix d’une violence symbolique dans des dénonciations outrancières et mêmes parfois physiques les non-conformes. Au nom de leur foi sacrée, ils menacent et s’attaquent : Aux étrangers, aux musulmans, aux homosexuels, aux racisés, aux féministes, aux partisans de l’IVG, etc., etc. Bref à tout ce qui fait notre unité et notre aspiration à la préserver eu delà de toutes nos différences.

Ultra-catholiques, ces grenouilles de bénitiers  n’ont pas dit un mot sur les abus sexuels dans l’Église, qui ont fait environ 216 000 victimes et quasiment 0 coupable. Un miracle ! Si le millième de ces crimes avaient été commis par des imans, ils auraient appelé à bruler des mosquées.

Plus grave encore Civitas abrite et sert de porte d’entrée à de réels fascistes fanatisés et violents et l’histoire nous a enseigné que la peste brune s’écrase dans l’œuf.

Seul un mouvement de grande ampleur s’appuyant sur des bases matérielles et pas des mirages électoraux pourra rabattre les cartes. L’importance pour tout militant de servir ces mouvements constitue donc un impératif catégorique, au vu de la crise paroxystique dans laquelle nous sommes entrés.

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