Les maisons de retraites sont gérées par des consortiums mafieux

Daniel Adam-Salomon le 10 02 2022

Ce sont des consortiums mafieux qui organisent pour leur propre compte la marchandisation du grand âge et de ses souffrances. Qui pourrait se permettre de négliger la rentabilisation de cette niche intermédiaire entre la vie et la mort ?

De fait, certains de ces « lieux de fin de vie », transformés en « mouroirs »[1), sont des affaires juteuses et des produits spéculatifs de premier choix, bénéficiant en outre d’un financement public et du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) [2]. Le ballet des regroupements, des ventes et des achats qui anime ce secteur ne permet pas d’en douter. Il est vrai que la clientèle, vestige du « baby boom » de l’après-guerre, est intarissablement remplaçable, et que son état de détresse ne la dispose pas à la récrimination.

Il est également vrai que le personnel est souvent aussi déqualifié qu’il est sous-payé, situation de vulnérabilité qui laisse tout loisir aux Gentils Animateurs de ces « maisons » de se consacrer pleinement à la survalorisation de leurs investissements [3}. Ainsi l’entreprise Korian gère des « maisons de retraite » comme l’Ehpad « La Riviera » à Mougins, dans les Alpes-Maritimes (où l’on dénombrait 34 décès par Covid-19 au 7 avril 2020), ou celui des « Coteaux de l’Yvetten », dans l’Essonne (20 décès liés au Covid-19, au 9 avril 2020), ainsi que celui de « La Chêneraie », à Lherm, en Haute-Garonne (où, le 31 mars 2019, cinq résidents sont décédés à la suite d’une intoxication alimentaire, et où une vingtaine d’autres pensionnaires ont dû être hospitalisés). Ce groupe dirige 800 établissements en Europe, dont 364 en France ; en 2018,son chiffre d’affaires s’élevait à près de 3,34 milliards d’euros.

Cependant, n’en déplaise aux agents de la technostructure régnante, la vieillesse est le sort de chacun #santé # : elle nous concerne tous, dans notre multiplicité et dans notre diversité. Et pas seulement à travers le sort de nos pères et de nos mères, car les personnes âgées sont en fait notre avenir.

Comment dès lors prendre par-dessus la jambe le sort qui leur est réservé, leur enfermement, sous prétexte de « dépendance », dans des institutions indifférentes à leur individualité, à leurs besoins, à leur dignité, à leur santé ? Sommes-nous devenus à ce point indifférents à nous-mêmes ? Comment ne pas honnir et combattre une politique pour qui les vieux ne valent qu’en tant que pertes et profits ?

1 – Précisons, si nécessaire, que cette appellation n’incrimine en rien des soignants, dont le dévouement est pour la plupart irréprochable, et qui subissent eux aussi la loi d’un néocapitalisme d’autant plus impitoyablement déchaîné qu’il est en situation de s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.

2 – Cette mesure constitue un des hauts faits d’armes de Macron, ce banquier entré officiellement en politique en 2007, sous Sarkozy. Elle a été transformée, depuis le 1er janvier 2019, en un allègement de cotisations sociales pérennes et à effet immédiat.

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