Coronavirus : les scénarios noirs d’une profonde récession

La récession mondiale est quasi assurée, selon la plupart des économistes. Reste à savoir si l’économie mondiale ne va pas plonger dans une dépression comparable à celle des années 1930. La course contre la montre a commencé.

  • Confinement et magasins fermés, comme ici à Los Angeles en Californie, pèseront durement sur la croissance un peu partout dans le monde. La récession est réelle. (Copyright © 2020 Ringo Chiu. Al)
Publié le 20 mars 2020

Tous l’admettent. Une sévère récession va frapper l’économie mondiale. Son ampleur risque d’être inédite depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Reste à en déterminer l’ampleur. Exercice difficile tant la situation évolue de jour en jour. Cette dernière semaine, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, n’était guère optimiste. Chaque mois de confinement devrait réduire la croissance européenne de 2,1 point. Selon la durée des blocages, elle pourrait donc amputer l’économie européenne de 5 points de croissance, voire pire.

Le ton est bien plus grave que celui de la Commission européenne pour qui l’impact direct de la crise, tous canaux confondus, réduirait la croissance de 2,5 points cette année. « Elle pourrait tomber en dessous de -1 % avec un rebond substantiel mais pas complet en 2021 », juge-t-elle.

Les économistes unanimes

Les économistes privés sont tout aussi alarmistes. La Deutsche Bank prévoit une baisse du PIB réel au deuxième trimestre de 24 % (taux annualisé ajusté des variations saisonnières) dans la zone euro dont 28 % en Allemagne. Pour l’année entière, le PIB de la zone euro reculerait de 2,9 % (-3,3 % pour l’Allemagne). Pour Goldman Sachs, « la zone euro sera en récession au premier semestre, avec une contraction du PIB réel de 1 % au premier trimestre et de 3 % au deuxième trimestre ». Pour l’année 2020, le PIB reculerait de 1,7 %. L’Italie paierait un lourd tribut avec une chute de 3,4 %. L’Allemagne est créditée de -1,9 % et la France de -0,9 %.

Goldman Sachs prédit une récession européenneGoldman Sachs prédit une récession européenneGoldman Sachs

Chez Oxford Economics, Angel Talavera, responsable de la recherche Europe, estime que le PIB de la zone euro devrait se contracter de 4 % au deuxième trimestre et l’économie de la zone euro reculer de 2,2 % sur l’ensemble de 2020. Cette baisse, relativement modeste pour l’année, se base sur « un rebond rapide au second semestre », dès que les mesures de distanciation sociale s’assoupliront, que les dépenses reprendront et que les effets des mesures de relance monétaire et budgétaire se feront sentir. « Au regard des performances de l’économie chinoise, nous prévoyons désormais une forte contraction de 5 % du PIB de la zone euro en 2020 », avance de son côté, l’équipe de recherche de Morgan Stanley.

Quid de la Chine d’où est partie l’épidémie ? Pour la Deutsche Bank, « la baisse sans précédent de l’activité en janvier-février » devrait mener à une chute du PIB du premier trimestre de 5 % en glissement annuel (-9 % entre deux trimestres). Les mesures de distanciation sociale ont entraîné un effondrement de 43 % des recettes des restaurants au cours de ces deux mois, une chute de 37 % des ventes de voitures et un recul d’environ 13 % pour tout le reste. Un rebond est attendu au deuxième trimestre, à + 0,7 % en glissement annuel (+7,4 % d’un trimestre à l’autre).

Oxford Economics prévoit un sévère recul du PIB de la ChineOxford Economics prévoit un sévère recul du PIB de la ChineOxford Economics

L’année 1958 battue

Côté américain, la Deutsche Bank s’attend à ce que l’activité connaisse « la plus forte contraction de l’après-guerre mondiale », la banque misant sur un plongeon d’environ 13 % en rythme annualisé du PIB au deuxième trimestre. Lors de la crise de 2008, le PIB s’était contracté de seulement 8,4 % (rythme annualisé) au quatrième trimestre 2008. Le précédent record – le plongeon de 10 % au premier trimestre de 1958 – devrait être battu, souligne la banque. Les économistes de JPMorgan Chase, quant à eux, créditent les Etats-Unis d’une baisse de 2 % du PIB au premier trimestre et de 3 % au deuxième.

Risque de dépression

D’une manière générale, la majorité des prévisions joue la carte d’une conjoncture en V avec un fort trou d’air au premier ou au second trimestre et un rebond dès la fin de la crise. Reste que la situation est loin d’être stabilisée. Ces prévisions ne seront peut-être plus d’actualité dans les prochaines semaines. C’est la première fois, depuis les années 1930, que nous faisons face à « une calamité mondiale » d’une telle ampleur, a déclaré sur Bloomberg TV Scott Minerd, directeur général des investissements de Guggenheim.

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