Gilets jaunes : vers la fin des manifestations le samedi ?

leparisien.fr – Paméla Rougerie 14 février 2019
Depuis le 17 novembre, les Gilets jaunes se réunissent tous les samedis dans la rue à Paris et dans plusieurs villes de France. AFP/Zakaria Abdelkafi

Certaines figures des Gilets jaunes suggèrent de déplacer les « actes » aux dimanches ou de revenir aux actions ponctuelles pour pallier la baisse de mobilisation.

Les Gilets jaunes vont-ils revenir en masse sur les ronds-points ? Face aux chiffres de mobilisation qui ne cessent de baisser chaque samedi, plusieurs figures des Gilets jaunes s’interrogent sur la meilleure façon de poursuivre le mouvement. Quelques-uns l’admettent, marcher tous les samedis de façon continue, c’est fatigant. « Ça fait trois mois qu’on se mobilise non-stop », avoue Julien Terrier, ancien porte-parole des Gilets jaunes de l’Isère. « On a tous un travail et une vie à côté. Et sans retour de la part du gouvernement, c’est compliqué. »

Dimanche dernier, c’est Eric Drouet, l’une des figures les plus populaires du mouvement, qui s’agaçait sur Facebook. « Eric il faut faire ça, Eric t’as pas fait ça […] Bah Eric il partage tout avec le reste des Gilets jaunes, et pourtant il y en a encore qui sont pas contents ! », écrivait-il dimanche. Il réagissait alors aux critiques lancées sur ses multiples pistes pour changer de stratégie. Aucune n’avait vraiment convaincu son assemblée d’abonnés en ligne.
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Dans son groupe, Eric Drouet a évoqué sa fatigue face aux sollicitations des Gilets jaunes./ Capture d’écran FacebookLe chauffeur routier a cependant relayé une dernière proposition : l’organisation d’un rassemblement dimanche, à Paris, au lieu des traditionnels actes du samedi. Une proposition que faisait depuis longtemps Benjamin Cauchy, « Gilet jaune libre » – parfois contesté. « Cela permet d’associer les salariés, les retraités, les familles et les commerçants et artisans qui travaillent le samedi. Les salariés pauvres, comme les caissières ou les étudiants peuvent aussi s’y joindre », commente-t-il.

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Eric Drouet a relayé un événement suggérant une manifestation dimanche prochain, et non samedi./Capture d’écran Facebook

« Il faut sortir des hypercentres »

D’autant que, selon Benjamin Cauchy, qui lorgne vers les élections européennes, cette nouvelle organisation permettrait de réduire les violences policières. « Le dimanche permettra aux familles de descendre avec des poussettes dans la rue. Je doute que Castaner enverra des flics avec des canons à eau et des lanceurs de LBD sur des familles », suggère-t-il.

Le militant propose aussi, comme d’autres acteurs au niveau local, un retour à l’origine du mouvement : les ronds-points. A Toulouse, là où il milite quelques fois, « les organisateurs songent à sortir du centre-ville », affirme-t-il. « Ils veulent revenir sur les périphéries, bloquer les grands centres commerciaux, des grosses enseignes nationales et internationales et se dissocier des casseurs qui restent dans l’hypercentre. »

Julien Terrier, qui compte bien poursuivre les manifestations les samedis, milite aussi pour des actions ciblées et ponctuelles, en complément. « Il faut passer à des actions avec des résultats », assure-t-il. « Par exemple, on prépare une action sur une entreprise Lactalis, qui est visée par une instruction au sujet de rejets d’eaux usées. On met le doigt là-dessus, on veut percer des zones d’ombre. »

« On lâche rien »

En ligne, les grandes figures du mouvement s’interrogent et continuent d’agir, de discuter, de proposer des idées. Le plus souvent via des sondages ou des partages sur Facebook. Récemment, Eric Drouet et Maxime Nicolle ont relayé un site intitulé « Le Référendum », qui prétend vouloir recueillir des votes en faveur de la destitution du président de la République, au détour d’un simple clic. Un projet piloté par… le controversé Philippe Argillier, déjà remarqué – et moqué – à la fin de l’année 2018 pour avoir menacé de dévoiler des « documents secrets » menaçant de renverser la République.

Priscillia Ludosky, elle, poursuit les rencontres et les conférences un peu partout en France, aux côtés d’universitaires et de commentateurs politiques. Sur Facebook, elle a récemment partagé un échange entre elle et des membres des blacks blocks, où ils expliquent leurs motivations.

Même s’ils ont des façons d’agir différentes, tous ces leaders revendiquent le même slogan sur le fond : « On ne lâche rien ». Et plusieurs d’entre eux ont annoncé quand même manifester samedi prochain, en attendant de trancher sur la prochaine stratégie à adopter.

Dans un dernier sondage réalisé mercredi dans son groupe « la france en colère !!! », Eric Drouet demande à ses abonnés s’ils se sentent « fatigués » et s’ils souhaitent arrêter. Jeudi midi, ils étaient plus de 17 000 à avoir répondu « non, jamais ».

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C’est via des sondages qu’Eric Drouet s’assure du soutien des autres Gilets jaunes./Capture d’écran Facebook

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