Le leader de La France insoumise et le patron du MoDem ont débattu de l’option choisie par le gouvernement, de faire intervenir les militaires de Sentinelle samedi pour « sécuriser des points fixes » pendant les manifestations.
À plusieurs reprises ce mercredi soir, Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou auront donné le sentiment de s’isoler quelques minutes dans un dialogue singulier, tels deux vieux lions politiques qui se connaissent bien. Mais lorsque le sujet des samedis de mobilisation de gilets jaunes, avec leur cortège de violences et de saccages à Paris, est venu sur la table, le dialogue s’est vite tendu.
En particulier s’agissant de l’intervention, annoncée par le gouvernement, d’une partie du dispositif militaire Sentinelle pour sécuriser certains bâtiments officiels samedi lors des prochaines manifestations.
« François Bayrou, je ne vous reconnais pas! »
C’est pourtant le président des Républicains, Laurent Wauquiez, qui a allumé la mèche, en appelant à ce que l’exécutif mette un terme aux violences. Ce à quoi Marine Le Pen a répondu en déplorant le fait qu’une « réponse militaire » soit envisagée. Là-dessus, le chef de file de La France insoumise est monté au créneau:
« Un militaire, c’est pas un policier! Vous mettez un militaire et il est quand même agressé, qu’est-ce qu’il fait, il tire! (…) Vous êtes devenus fous, allons! »
Cherchant à défendre la position gouvernementale, François Bayrou a raillé le fait qu’on présente « comme une idée scandaleusement révolutionnaire ce qui est dans toutes les gares, dans tous les aéroports ». De quoi ulcérer Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui ont rappelé au président du MoDem que les militaires mobilisés dans ces lieux l’étaient à cause du « risque terroriste ».
« Franchement François Bayrou, je ne vous reconnais pas! Vous voilà maintenant pour que les militaires fassent le maintien de l’ordre », s’est indigné le député LFI des Bouches-du-Rhône.
« Et qu’est-ce qu’il se passe après, François? Ils tirent? (…) Si vous mettez un militaire devant un bâtiment et vous lui dites, ‘faut protéger le bâtiment’ et quelqu’un vient quand même, qu’est-ce qu’il fait? C’est un métier, la police! », a-t-il poursuivi.
« Le devoir de se défendre »
Selon le leader centriste, Jean-Luc Mélenchon cherche à « exonérer » et « passer l’éponge sur qu’il s’est passé (…) sur les Champs-Élysées » le 16 mars.
« Moi je considère que quand vous avez des gens qui brûlent, qui démolissent, qui mettent à sac, qui terrorisent les gens, on a non pas le droit, mais le devoir de se défendre contre eux », estime François Bayrou.
L’ancien sénateur socialiste lui a rétorqué que la « stratégie de la violence » était, d’après lui, « la pire de toute » pour faire entendre des revendications. « Pour autant, on ne peut pas en être là, avec un surenchère permanente », a-t-il toutefois ajouté.
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