Après le saccage des Champs-Elysées samedi dernier et cinq mois seulement après son arrivée à Beauvau, Christophe Castaner est devenu la cible de l’opposition qui l’a bousculé ce mardi au Parlement.
Christophe Castaner n’est pas venu seul, ce mardi, pour rendre compte, devant les députés d’abord, puis face aux sénateurs, de l’action du gouvernement lors des violences survenues samedi lors de l’Acte 18 des Gilets jaunes. Et heureusement pour le ministre de l’Intérieur, tant le feu de questions était nourri et précis, et dans certains cas, proche de l’attaque personnelle.
« Je ne m’attarderai pas sur les soirées animées de notre ministre de l’Intérieur », lance ironiquement Christian Jacob, le président des Républicains à l’Assemblée nationale, avant d’asséner sèchement : « Votre stratégie de maintien de l’ordre est un échec total. » Le matin, Christian Jacob avait demandé, en conférence des présidents, une commission d’enquête sur les dysfonctionnements du maintien de l’ordre le 16 mars. Sans réponse pour le moment.
C’est ensuite à un quasi-réquisitoire de la part d’un Sénat contrôlé par l’opposition que le ministre de l’Intérieur a dû faire face. Cette fois-ci, l’aide de son secrétaire d’Etat, Laurent Nuñez, lui aura été précieuse. L’encre à peine sèche de son rapport très critique sur l’affaire Benalla, Philippe Bas avait décidé de réunir de nouveau la commission des lois qu’il préside.
Clinique et méthodique, le sénateur LR de la Manche a articulé le débat autour de trois thèmes, la conduite générale du maintien de l’ordre, l’évolution de la doctrine en matière de sécurité et l’efficacité des mesures annoncées lundi par Édouard Philippe. Trois chapitres d’apparence juridique, mais qui ont vite tourné au procès politique à l’encontre du ministre de l’Intérieur. Manque d’anticipation, dysfonctionnements de la chaîne de décision, complaisance du gouvernement vis-à-vis des casseurs, un préfet de police « fusible »…
Alternativement, le ministre et son secrétaire d’Etat ont répondu aux questions de plus en plus incisives des sénateurs. Nuñez apportant des précisions pointues, notamment aux remarques acérées de Philippe Bas. Castaner, lui, martelant, comme pour se justifier, que le changement de doctrine décidé par son ministère en décembre avait été incorrectement mis en œuvre par le préfet de police.
Après avoir révélé que les manifestants avaient failli samedi reprendre l’Arc de Triomphe, le ministre de l’Intérieur a quitté l’arène du Sénat après plus de trois heures d’interrogatoire. En pensant peut-être que l’acte 19 des Gilets jaunes, samedi prochain, pourrait être le dernier… pour lui.
Poster un Commentaire