Les entreprises du CAC 40 ont dégagé 88,5 milliards de profits en 2018

Les Échos, 20 mars 2019

Les éléments exceptionnels ont pesé sur le bénéfice du CAC 40, en repli de 5,4 % sur un an. En revanche, le chiffre d’affaires des sociétés de l’indice atteint un record depuis 2011, alors que la marge d’exploitation poursuit son redressement.

Record manqué. Alors que l’on pensait que les plus grandes entreprises françaises cotées avaient la capacité de  battre leur précédent plus haut de 2007 , elles affichent, au titre de 2018, une baisse de 5,4 % de leurs profits, à 88,498 milliards d’euros, selon les chiffres compilés par EY. Ce que laissait déjà entrevoir  les résultats du premier semestre (-6,8 % à 48 milliards d’euros).

Une année en demi-teinte, en apparence, car, rappelle Sonia-Bonnet-Bernard, associée chez EY, le repli des bénéfices du CAC 40 s’explique surtout par « beaucoup d’éléments non récurrents, essentiellement des dépréciations d’actifs ou des amortissements d’écarts d’acquisitions », pour des sociétés comme AXA ou Sanofi. En 2018, AXA a ainsi amorti l’écart d’acquisition d’AXA Equitable (-3 milliards d’euros) alors que Sanofi avait profité en 2017 d’importantes plus-values de cession. Par ailleurs deux sociétés ont terminé l’année dans le rouge : Carrefour et TechnipFMC, comme en 2017 (Carrefour et LafargeHolcim).

16 sur 40 en baisse

Dans le détail, Marc Lefèvre, associé chez EY, évoque « des résultats duaux et contrastés », avec pas moins de huit entreprises ayant une contribution fortement négative aux résultats (soit 18,89 milliards d’euros de profits en moins par rapport à 2017), contre seulement cinq qui ont une contribution fortement positive, à hauteur de 8 milliards. « C’est beaucoup plus hétérogène. » 

Pas moins de 16 entreprises sur 40 ont annoncé un repli de leur bénéfice, dont certains dans des proportions importantes, comme AXA (4 milliards de profits en moins), Sanofi (-4,12 milliards) ou Safran (-3,5 milliards). Les résultats d’AXA ont d’ailleurs pesé sur la performance du secteur financier. Ainsi, les profits du CAC 40 n’ont reculé que de 1,7 %, hors résultats des banques et assurances, à 69,5 milliards.

Malgré tout, pour Marc Lefèvre, « si l’on n’a pas atteint les 100 milliards de profits comme on pouvait l’espérer, il ne faut pas oublier que 2018 marque la deuxième meilleure année en termes de grandeur » depuis dix ans, après les 93,58 milliards de 2017. « 88,5 milliards de profits, c’est aussi un chiffre qui reste nettement supérieur à la moyenne des 10 dernières années », qui est de 68 milliards d’euros par an.

Ventes records

Car la diminution de la rentabilité du CAC 40 ne doit pas masquer les deux bonnes nouvelles de 2018. D’abord le chiffre d’affaires, qui a augmenté de 2,4 %. « L’activité a été soutenue », constate Sonia Bonnet-Bernard, qui rappelle que cette croissance intervient « après une excellente année 2017 », avec hausse des ventes supérieure à 5 %. « En absolu, c’est donc un bon chiffre, car ce n’était pas évident après la croissance soutenue de 2017. C’est un élément très positif de cette année. »

Surtout, à 1.305,73 milliards d’euros, il s’agit « du chiffre d’affaires le plus élevé du CAC 40 depuis 2007 », note Marc Lefèvre, qui rappelle aussi que « cette croissance de 2,4 % est supérieure à la moyenne de ces dernières années ». Une performance d’autant plus remarquable, que les effets de change négatifs ont pesé à hauteur de 0,9 % sur le chiffre d’affaires des entreprises du CAC 40 qui publient leurs comptes en dollar (ArcelorMittal, STMicroelectronics, TechnipFMC et Total) et que la sortie de LafargeHolcim et de Solvay du CAC a aussi eu un impact négatif sur le chiffre d’affaires global (en revanche, l’entrée d’Hermès et Dassault Systèmes a eu un impact positif en termes de bénéfices).

Ensuite, la marge d’exploitation a continué de s’améliorer, passant de 6,8 % du chiffre d’affaires à 7,3 %. Et hors secteur financier, elle grimpe même à 8,5 %, « soit la meilleure rentabilité depuis 2011. C’est un autre signe positif de la santé des fleurons de l’économie française », selon EY.

Total reprend son dû

En 2018, le palmarès du CAC 40 a été pas mal chamboulé avec la sortie de Sanofi et d’AXA du Top 5, remplacé par Crédit Agricole (4e avec 4,4 milliards de profits) et par ArcelorMittal (5e avec 4,36 milliards). Total reprend sa place de plus gros contributeur aux profits du CAC 40, profitant de la reprise du prix du pétrole, avec 9,69 milliards de bénéfices, devant BNP Paribas (7,52 milliards) et LVMH (6,35 milliards), qui monte sur le podium (5e en 2017). Ensemble, le Top 5 pèse 32,3 milliards de profits, soit plus du tiers du total (36,53 %) contre 35,1 milliards pour le Top 5 de 2017 (37,54 % du total).

PIERRICK FAY

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