Acte XXIII des gilets jaunes: ce qui est prévu samedi 20 avril

Protesters take part in an anti-government demonstration called by the 'Yellow Vests' (gilets jaunes) movement, on April 13, 2019 in Toulouse. - France has been rocked by months of weekly Saturday protests by the yellow vests, which emerged over fuel taxes before snowballing into a broad revolt against the French President. (Photo by Pascal PAVANI / AFP)

60.000 policiers et gendarmes déployés, des casseurs attendus à Paris, aucune trêve prévue après l’incendie de Notre-Dame… Ce nouveau samedi de mobilisation s’annonce particulièrement mouvementé.

AFP Des gilets jaunes manifestant à Toulouse lors de l’acte 22 le 13 avril 2019.

GILETS JAUNES – Après un acte 22 lors duquel la mobilisation des gilets jaunes est repartie à la hausse (31.000 manifestants en France, dont 5000 à Paris), le mouvement va vivre son 23e acte ce samedi 20 avril dans un contexte très particulier.

Cette journée, constituée d’un appel national et même international, est en effet cochée dans l’agenda des gilets jaunes depuis plusieurs semaines. Beaucoup plus de manifestants que les samedis précédents sont ainsi attendus dans les villes françaises, et plus particulièrement à Paris, où la présence de nombreux casseurs est annoncée et redoutée par le gouvernement.

En réponse, le dispositif sécuritaire prévu par l’État est colossal: plus de 60.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans tout le pays. Selon le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, les “casseurs se sont à nouveau donné rendez-vous (…), dans certaines villes de France, à Toulouse, à Montpellier, à Bordeaux et en particulier à Paris”.

“Leur objectif affiché est clair: reproduire le 16 mars”, a poursuivi le ministre en référence à l’acte 20 des gilets jaunes, pendant lequel les Champs-Élysées avaient été l’objet de saccages et de scènes de chaos, entraînant le limogeage du préfet de police de Paris.

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Dans la capitale, 20 compagnies de CRS et 36 escadrons de gendarmerie mobile seront mobilisés, soit 56 compagnies de forces mobiles pour un total de 5000 policiers et gendarmes.

Deux secteurs seront interdits à la manifestation: les Champs-Élysées, mais aussi Notre-Dame et ses abords après l’incendie qui a en partie détruit la cathédrale en début de semaine. Le préfet de police Didier Lallement a lui affirmé que les projets de rassemblements de gilets jaunes aux abords de Notre-Dame relevaient de la “pure provocation”.

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Préfecture de police

Davantage de précisions : http://bit.ly/2GkAPn3 

Pas de trêve après Notre-Dame

Il faut dire que cet incendie de Notre-Dame a quelque peu modifié la feuille de route des gilets jaunes et du gouvernement. Emmanuel Macron avait ainsi préféré lundi reporter l’annonce de ses premiers arbitrages liés au grand débatqui aura désormais lieu jeudi 25 avril lors d’une conférence de presse à l’Élysée.

Résultat, les gilets jaunes s’impatientent et une trêve après l’incendie n’est pas à l’ordre du jour. “Je comprends et je compatis à cette douleur (…), (mais) j’aimerais juste qu’on revienne à la réalité”, a déclaré l’influente gilet jaune Ingrid Levavasseur dans la semaine sur BFMTV, faisant part d’une “colère naissante qui monte” et “d’une boule au ventre en train d’enfler” dans les rangs des protestataires.

“L’unité de la nation, ce n’est pas l’unité derrière le président de la République”, a estimé de son côté François Boulo, porte-parole des gilets jaunes à Rouen, rappelant que Victor Hugo est derrière Notre-Dame de Paris “mais aussi ‘Les Misérables’”.

Par ailleurs, les quelques annonces -officieuses- prévues par le gouvernement lundi soir (baisses d’impôts pour les classes moyennes, RIC local, suppression de l’Ena…), qui ont quand même fuité dans la presse le lendemain, sont loin d’avoir convaincu les gilets jaunes.

Sur les événements Facebook parisiens consacrés à l’acte 23, les commentaires sont contrastés quant à l’attitude à adopter après l’incendie de la cathédrale. “Nous devons trouver un moyen honorable de le faire avec notre tristesse, de faire ‘union’ avec l’émoi national, tout en restant vindicatif envers Macron”, est-il écrit dans le descriptif de l’événement “ACTE 23: Gilets Jaunes – Parcours Officiel vers NOTRE DAME”, qui donne rendez-vous à midi à la basilique de Saint-Denis pour une marche vers Notre-Dame.

Au contraire, dans celui intitulé “Acte 23 Ultimatum 2 Appel National Et International Tous A Paris”, qui réunit le plus de monde (5700 participants et 18.000 intéressés), le ton est beaucoup plus vindicatif: “Quant à Notre Dame, c’est bon les milliardaires ont su trouver 1 milliards €, mais 140.000 sdf, tout le monde s’en fout!”

Figure du mouvement, Jérôme Rodrigues, toujours mobilisé, a lui mis au défi les généreux donateurs pour la rénovation de la cathédrale: “les Gilets jaunes remercient tous les généreux milliardaires donateurs pour sauver Notre-Dame et leur proposent de faire la même chose avec les Misérables”:

De son côté, autre leader du mouvement, Éric Drouet avait prévenu dès le 28 mars le gouvernement de la grosse journée d’actions ce samedi 20 avril. “Organisez-vous comme vous voulez, mais tout simplement, ne faites pas passer les gilets jaunes pour des cons. Organisez-vous, c’est votre métier de faire le maintien de l’ordre”, avait-il lancé dans une vidéo publiée sur YouTube.

Des Black blocs attendus à Paris et Nantes

Les casseurs, eux, n’ont pas caché leur présence ce samedi dans les rues de Paris. Un groupe BLACK Blocks Paris a ainsi créé un événement Facebook -“Acte23 Samedi 20/04/2019 LA FRANCE EN NOIR”- qui réunit 915 participants et 3700 intéressés. Il cible les Champs-Élysées pourtant interdits à la manifestation.

La nouvelle loi anticasseurs vivra à l’occasion de cet acte 23 son premier grand test dans la capitale. Interviewé dans L’Opinion ce vendredi 19 avril, Christophe Castaner affirme que “c’est un outil nouveau dont nous nous sommes servis samedi dernier, où il y a eu 35 interpellations (pour visage dissimulé), dont 17 à Toulouse”. Le ministre de l’Intérieur regrette toutefois que l’article sur l’interdiction de manifester ne soit pas passé -cela “nous aurait aidés”-, et se réjouit de celui “essentiel” qui permet de réaliser des contrôles et des fouilles. “La loi anticasseurs n’est pas liberticide, ajoute-t-il. Les Black blocs sont liberticides. L’ordre, s’il est juste, est nécessaire”.

Dans le reste de la France, des “individus radicaux” sont “susceptibles de mener des actions violentes” à Nantes pour cet acte 23, a déclaré vendredi la préfecture de la Loire-Atlantique. En précaution, le centre-ville a été interdit à la manifestation.

Des manifestations non déclarées ont également été interdites par arrêtés préfectoraux dans les centres-villes de Lyon, Bordeaux, Rouen, Dijon, Bourg-en-Bresse et Caen, ainsi qu’au niveau d’un rond-point à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).

À Toulouse, où la place du Capitole sera encore interdite à la manifestation, du vendredi soir au dimanche matin, l’achat de “tout carburant par jerricans (…) ou récipients divers” sera interdit, ainsi que “le port et le transport, sans motif légitime, d’armes de chasse” ou encore “le transport et l’utilisation de produits dangereux, inflammables ou chimiques”.

À Montpellier, l’achat et transport au détail de carburant, de produits dangereux, et la consommation de boissons alcoolisées sur les lieux des manifestations seront interdits.

Publié sur la page Facebook de Maxime Nicolle, l’un des leaders des gilets jaunes, ce tableau recense par ailleurs tous les rassemblements prévus en France pour cet acte 23.

SALOMÉ BARBE FACEBOOK

 

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