Signalé par Sandra Garcin
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L’incendie de Notre-Dame aura permis au président de repousser son discours de fin du Grand débat. Loin de dérouter le président, on assiste au contraire depuis à l’instrumentalisation de ce drame pour mettre sous le tapis cet exercice aux enjeux de taille. Avec néanmoins, la fuite d’un discours aussi calibré mais bien loin de l’effet « waouh » ou de l’effet « blast »…
mercredi 17 avril 2019
Cela fait plusieurs semaines, si ce n’est moins, que l’exécutif s’arrache les cheveux pour savoir comment sortir du Grand débat, un pari de taille puisqu’il s’agit en dernière instance de sortir de la crise ouverte par l’émergence des Gilets jaunes. Il fallait faire accepter cette grande arnaque à grand renforts de communication pour le légitimer largement comme moment historico-exceptionnelle de grand renouveau démocratique et citoyen. La réussite est mitigée. Il n’y a qu’à voir les chiffres annoncés de participation – 1,5 millions – qui se réduisent à peau de chagrin quand on y regarde de plus près.
Mais le vrai pari se situe dans l’après Grand débat : comment calmer la colère sociale, notamment des plus précaires, ayant un très large appui dans la population, tout en continuant à avancer dans les plans d’austérité.
A la recherche du « Waouh » perdu
« Mesures puissantes » affirmait Philippe – après bien des balbutiements pour savoir ce qui pourrait ressortir de cette mascarade consultative –, effets « Waouh » ou encore tartine de « Blast », il fallait du phénoménal pour couronner le tout. Pendant une semaine, les éditos ont abondé dans l’attente des fameuses annonces de l’exécutif, quand de ce côté-là, on s’appliquait à construire un discours permettant de en même temps faire dans le « renouveau », et en même temps, n’accorder rien en avançant plus dans les contre-réformes.
L’incendie de Notre-Dame a forcé un retardement de l’allocution. Sauf que, ayant déjà été envoyé à plusieurs médias, l’allocution a fuité, d’abord sous forme de publications des annonces des mesures souhaités par l’exécutif, avant que Lundi Matin publie intégralement le discours rédigé, que nous joignons en fin d’article, repris par la suite. Si Lundi Matin ironise sur« le style pompeux et ennuyeux ainsi que le contenu creux [qui] nous semblent attester qu’il s’agisse bien de la plume du président », le CheckNews de Libération a aussi confirmé l’authenticité du papier.
Raté donc pour l’effet surprise. Au-delà des larmes que Macron essaye de faire couler, ne lésinant pas sur la veuve et l’orphelin, cela a aussi annoncé la tonalité des annonces post-débat. Des concessions très faibles, mais assez importantes pour dévoiler l’impasse dans laquelle se trouve Macron, forcé de céder sur quelques points. L’adresse aux Gilets jaunes est en ce sens plus importante que dans les allocutions précédentes.
Et cela n’enlève en rien au vrai défi qui est devant lui : à savoir repartir en rouleau-compresseur de nos acquis, au service du patronat. Trop lâcher reviendrait à se couper de toute sa base à droite, surtout dans un moment où les impératifs économiques ne le permettent pas, quand ne rien donner et avancer trop brusquement dans ses plans de contre-réformes pour attiser d’autant plus la colère sociale. La fuite de l’allocution est ainsi un test aussi ridicule que salutaire à ses annonces, qui telles quelles, ne convainquent que peu.
Notre-Dame et l’occasion de brandir « l’unité nationale »
L’incendie de Notre-Dame s’il a choqué l’ensemble du paysage politique apparaît comme une aubaine pour Macron. En effet, alors que tout le monde regardait du côté du Grand débat et des annonces, c’est aujourd’hui Notre-Dame qui fait la Une de tous les journaux. Une préoccupation que Macron a saisi au vol, avec sa première allocution, puis sa mise en pause de la campagne pour les européennes, et les appels réitérés à l’unité nationale face à la perte du monument historique.
Dans ces conditions, on annonce déjà le changement aussi bien sur la forme que dans le fond du discours prévu pour le début de semaine prochaine. La salve d’annonce de lundi devait être suivie d’une seconde, le mercredi, laissant ainsi à Macron la possibilité de dévoiler plusieurs autres de ses « cartes ».
Le discours de Macron en intégralité :
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