À tel point que certains leaders syndicaux craignent une démobilisation historique. « Cela devient de plus en plus compliqué d’aller manifester », reconnaît Eric Beynel, porte-parole de l’union syndicale Solidaires.
Les syndicats réformistes la jouent solo
« Quand il n’y a pas de casse, c’est l’attitude des forces de l’ordre, avec leurs tirs de flash-ball, qui intimide les manifestants », raille-t-il avant d’ajouter : « Nous espérons néanmoins du monde ! » La fin des vacances scolaires du printemps (pour la zone C) risquent également d’éteindre les dernières velléités de sorties, notamment à Montpellier, Paris ou Toulouse. Sans parler de la lassitude ressentie par une partie des militants syndicaux qui ont aussi en parallèle participé aux manifestations des Gilets jaunes depuis le mois de novembre.
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Il ne faut pas oublier non plus que depuis des années, les syndicats réformistes comme la CFDT (NDLR : devenue en décembre le premier syndicat français devant la CGT) n’appellent plus à défiler, préférant organiser de simples rassemblements, des débats ou des projections de films. « Le 1er mai, le rapport de force ne se trouve plus dans la rue. D’année en année, cette journée est devenue le rendez-vous des spécialistes des défilés et l’année dernière, tout avait été capté par les black blocs », soupire Laurent Escure, le nouveau délégué général de l’Unsa qui appelle aux côtés de la CFDT, la CFE-CGC et la Fage à un rassemblement à 10h30 place de l’Odéon à Paris (VIe) avant de rallier en début d’après-midi le siège de la CFDT pour un débat sur le thème de l’Europe.
Pas de grosse mobilisation depuis… 17 ans
N’ayant rassemblé qu’entre 140 000 et 200 000 manifestants partout en France l’an passé, comme en 2017, la traditionnelle mobilisation du 1er mai peine à attirer les foules depuis belle lurette et les violences des casseurs encagoulés semblent porter le coup de grâce aux défilés.
« La dernière fois qu’une mobilisation avait réussi, c’était en 2002, entre les deux tours de la présidentielle, quand Jean-Marie Le Pen était arrivé au second tour de l’élection présidentielle, plus de 1 million de personnes étaient descendues dans la rue, rappelle Dominique Andolfatto, professeur à l’université de Bourgogne et spécialiste des mouvements sociaux. Le 1er mai reflète bien le déclin du syndicalisme. Les manifestations deviennent un lieu où les gens se défoulent et les syndicats font leur adieu à la société. »
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