Ils étaient tous deux parmi les gilets jaunes, à la fin de l’année dernière, présents au rond-point de la gare de péage de Sénas. Hier, deux manifestants comparaissaient devant le tribunal de grande instance de Tarascon. Yvain était poursuivi pour outrage à une personne dépositiaire de l’autorité publique. « Le 20 décembre, des gendarmes interviennent pour éviter le blocage de la circulation », rappelle la présidente du tribunal. Les militaires demandent aux gilets jaunes d’enlever les barrières qui jouent le rôle de barrages filtrants.
Lorsque l’un des gendarmes lui demande son identité, le prévenu aurait répondu à de nombreuses reprises « Jean Cule ». Des faits qu’il reconnaîtra au cours d’une audition. « En employant ce nom et prénom, c’était un moyen de notifier ma condition de gilet jaune, de SDF, aux gendarmes, justifie Yvain à la barre. Je connais suffisamment les autorités pour ne pas les insulter directement. Ce n’est pas ma façon d’agir ».
Un « quiproquo » selon l’avocate
« Pourtant vous vous retrouverez plus tard en tête à tête avec un gendarme et vous répéterez alors « bâtard » en faisant un doigt d’honneur, selon le témoignage du militaire », ajoute la présidente. L’intéressé dément. « Avez-vous un problème avec l’autorité ? « , l’interrogera le procureur, qui rappellera au cours de ses réquisitions les précédentes comdamnations du gilet jaune, notamment pour « violence », « outrage » ou encore « refus d’obtempérer ». Le représentant du ministère public demandera une peine de deux mois d’emprisonnement.
« C’est un homme qui a souffert d’épilepsie, cela peut l’amener à être impulsif, plaidera à la barre Me Hubert. Il occupait le rond-point depuis plusieurs semaines et les relations avec les gendarmes avaient toujours été correctes ». Pour l’avocate, « il y a eu un quiproquo sur l’interprétation de ses propos ». Son client aurait voulu exprimer, selon elle, la manière dont les gilets jaunes se sentaient floués par l’Etat.
Yvain a peut-être croisé Damien, sur le rond-point de Sénas. Lui aussi était jugé hier, pour « violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique » et « entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique ». Il a été interpellé deux jours après Yvain. « Des cônes et des barrières métalliques empêchaient l’accès à l’autoroute », rappelle la présidente. « Je ne suis arrivé qu’à 11h30, c’était déjà bloqué », assure à la barre le prévenu. Ouvrier agricole, il admet avoir participé au mouvement mais « sur le côté de la route ».
Un mois de prison avec sursis
A l’issue d’une altercation, un gendarme l’accusera d’avoir asséné trois coups de poing sur son casque. « Des renforts sont arrivés, et après sommations, l’évacuation du rond-point a été engagée », note la présidente. « C’est en allant raisonner certains gilets jaunes qui ne voulaient pas partir que je me suis retrouvé au sol avec le gendarme, après avoir glissé dans un mouvement de foule », explique en substance Damien, qui nie avoir porté des coups. « Chacun a sa version et rien ne permet de trancher », avance pour sa défense Me Giordano. « Il n’y pas de traces sur le casque du militaire, ni de blessure », note l’avocate, qui juge le dossier « lacunaire et sans enquête ».
Le procureur, lui, voit « des faits inacceptables » et des explications « pas crédibles ». « On ne peut pas bloquer la circulation de la sorte, il y a des risque d’accidents », insiste le magistrat, qui requiert trois mois d’emprisonnement avec sursis. Damien sera fixé sur son sort le 24 mai. Yvain, lui, se trouve condamné à un peine d’un mois d’emprisonnement avec sursis.
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