Crise aux urgences : «Si nous n’avançons pas, l’hiver sera une catastrophe»

Alors que 216 services sont en grève partout en France, François Braun, président de Samu-Urgences de France, s’exprime sur la situation sociale dans les hôpitaux.

François Braun appelle les autorités à réorganiser les urgences. Sipa/Jacques Witt

Le 8 août 2019 à 19h57, modifié le 8 août 2019 à 20h23

Cet été, François Braun ne prend pas de vacances. Vendredi dernier, il était reçu une nouvelle fois au ministère de la Santé. Si le médecin urgentiste à Metz (Moselle), patron du Samu-Urgences de France, assure sentir une volonté politique, il attend maintenant des signaux forts du gouvernement pour enrayer la crise qui s’enlise dans les services d’urgence. 216 services, sur les 713 que l’on compte en France, sont en grève .

70 millions d’euros ont été débloqués, cela n’est pas suffisant ?

FRANÇOIS BRAUN. C’est un médicament qui a fait tomber la fièvre , mais la maladie est toujours là. Les équipes sont à bout, épuisées, sans perspective d’avenir. La crise est profonde. Si nous n’avançons pas collectivement, l’hiver, avec ou sans grippe, sera une catastrophe. Il faut maintenant des signaux forts, objectifs, concrets.

Lesquels ?

Il faut réadapter un modèle vieux de 25 ans. Cela passe par la réorganisation de l’intérieur de l’hôpital pour que les patients qui doivent être hospitalisés après un passage aux urgences ne passent pas la nuit à attendre sur un brancard. Il faut aussi clairement repenser la définition de l’urgence. Les pays anglo-saxons ont deux termes pour la qualifier : l’« emergency », c’est-à-dire l’urgence médicale, et l’« urgent cares », la consultation certes urgente, mais pour des motifs moins graves. En France, nous avons besoin de refaire ce dispatching. Cela pourrait passer par un numéro santé conjoint.

PODCAST. Urgences en détresse

Vous relancez là l’idée d’un numéro unique ?

Je ne l’ai jamais abandonnée ! Une plateforme unique santé impliquant Samu, urgences, généralistes, centres antipoison, voire des psychiatres (NDLR : excluant donc les pompiers) , permettrait d’orienter les appelants vers l’urgentiste ou le médecin généraliste selon le besoin. Cela peut être mis en place assez vite. Le tri, en amont, aurait pour effet de désengorger, en partie, les urgences.

Pour cela, il faudrait renforcer la médecine de ville !

Il est possible de remettre les choses dans l’ordre. Je crois notamment aux Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui regroupent différents acteurs de santé. À Metz, nous avons vu le changement avec l’arrivée de la première CPTS. Il est plus simple de trouver un médecin cet été. Il faut en construire partout en France.

Outre le fait que l’optimisme soit ma nature profonde, quel autre choix avons-nous ? Je ne veux pas faire d’angélisme mais, après avoir été roulés dans la farine pendant des années, nous nous sentons cette fois écoutés. Il faut saisir l’occasion pour travailler tous ensemble. Et aboutir, vite, à des résultats.

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