Retraites: 23e jour de mobilisation avant un nouveau week-end compliqué

Boursorama – AFP27/12/2019 

Des agents de la RATP manifestent près de la Gare de l’Est, le 26 décembre 2019 à Paris, au 22e jour de grève contre la réforme des retraites ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Désormais plus long que les grèves de 1995, le mouvement contre la réforme des retraites en est à son 23e jour, avec des syndicats déterminés et des voyageurs qui se préparent à un nouveau week-end compliqué dans les transports.

Malgré un taux de grévistes à la SNCF au plus bas depuis le début du mouvement (8,5%), le trafic demeurait « très perturbé » avec en moyenne 6 TGV sur 10, 1 Transilien (RER SNCF et trains de banlieue parisienne) sur 5, et 4 circulations de TER sur 10, dont une grande partie assurée par des cars de substitution.

A la RATP, cinq lignes du métro parisien restent fermées mais les RER A et RER B circulent une grande partie de la journée, une première depuis le début du mouvement.

A quelques jours d’une nouvelle vague de départs pour le réveillon de la nouvelle année, la SNCF a d’ores et déjà annoncé que le trafic ferroviaire resterait perturbé avec « 45% à 50% » des TGV en moyenne en circulation lundi 30 et mardi 31, 35% le 1er janvier et 50% le 2 janvier.

Le secrétaire général du PCF Fabien Roussel (à gauche) et la sénatrice (EELV) Esther Benbassa (à droite) à Paris, gare de Lyon, le 27 décembre 2019  ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Le secrétaire général du PCF Fabien Roussel (à gauche) et la sénatrice (EELV) Esther Benbassa (à droite) à Paris, gare de Lyon, le 27 décembre 2019 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Le conflit, désormais plus long que celui de 1995 dans les transports (22 jours), semble bien parti pour dépasser le record de 28 jours atteint en 1986-1987 à la SNCF, également sans trêve de Noël, pour les salaires et les conditions de travail.

« Il faudrait peut-être que ça s’arrête, là (…), ça rend dingue, vraiment! », s’est agacée vendredi Soane, une étudiante interrogée par l’AFP à la gare Montparnasse à Paris.

– Un mouvement qui « traîne » –

Les mouvements de grève les plus longs en France depuis 1985 ( AFP /  )

Les mouvements de grève les plus longs en France depuis 1985 ( AFP / )

Pour Patrick, un autre voyageur interrogé, le mouvement est en train de « pourrir un peu » en l’absence « de compromis ». « Cela traîne et c’est gênant surtout pour les usagers », a-t-il estimé.

Aucune trêve n’est intervenue, malgré les appels d’Emmanuel Macron et de membres du gouvernement, mais aussi du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui soutient le principe d’un système universel de retraite même s’il s’oppose à l’instauration d’un âge pivot assorti d’un bonus-malus, tout comme la CFTC et l’Unsa.

Tôt vendredi matin, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, s’est rendu auprès de grévistes dans un dépôt de bus RATP à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Réclamant le retrait du projet de l’exécutif, qui prévoit de remplacer les 42 régimes de retraites existants par un système par points, il a dénoncé « la fébrilité du gouvernement ».

A l’appel de la CGT-Cheminots et de SUD-Rail, 400 personnes se sont rassemblées à Lyon à la mi-journée, selon la CGT, et quelques dizaines devant le CHU de Clermont-Ferrand. D’autres rassemblements sont prévus samedi.

Dans un communiqué, Force ouvrière a salué vendredi les premiers fruits de la grève et des manifestations, citant le décalage de l’application de la réforme aux personnes nées après 1975, voire au-delà.

En outre, « des décisions semblent indiquer que certains régimes ou dispositions spécifiques puissent demeurer (militaires et gendarmes, navigants du transport aérien, police, marins, professions libérales…) », s’est félicitée FO, pour qui toutefois « l’heure est encore et toujours à la mobilisation ».

Les actions vont se poursuivre la semaine prochaine, à un rythme ralenti vacances oblige, FO annonçant notamment des opérations de distribution de tracts sur les marchés, dans les centres commerciaux, aux péages d’autoroute…

Manifestation à la Gare de l'Est à Paris, le 26 décembre 2019, contre la réforme des retraites. ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Manifestation à la Gare de l’Est à Paris, le 26 décembre 2019, contre la réforme des retraites. ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Dans ce contexte, la prise de parole du président de la République le 31 décembre, pour ses voeux aux Français, est très attendue.

Damien Abad, patron des députés LR, a appelé Emmanuel Macron à « clarifier » ses intentions. Le secrétaire général du PCF Fabien Roussel a, lui, réitéré sa demande que le président « retire sa réforme » lors de cette adresse aux Français pour que le pays « retrouve la voie de l’apaisement ».

– « hold-up d’État » –

Dès le 3 janvier, les initiatives devraient reprendre en intensité.

Le collectif SOS Retraites, qui regroupe 16 professions libérales disposant de régimes autonomes, appelle à la grève à partir de cette date. Dans leurs rangs: les infirmiers libéraux, orthophonistes, avocats, kinésithérapeutes, experts-comptables…

Il dénonce un « dogmatisme du gouvernement » et un « simulacre de concertation ». La réforme reviendrait à « faire un hold-up d’État » sur les réserves, voire à « doubler les cotisations » versées par certaines professions, sans garantie sur le maintien des pensions, estime le collectif.

Le 9 janvier, une quatrième journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles est prévue à l’appel de la CGT, Force ouvrière, la FSU et Solidaires, et des organisations de jeunesse.

Deux jours plus tôt, le 7, des concertations auront repris entre le gouvernement et les organisations syndicales et patronales, avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres le 22 janvier.

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