Le point sur le coronavirus en France : plus de 800 nouvelles contaminations et une « propagation qui s’accélère »

Les premières perturbations, conséquences des mesures de confinement décrétées par le gouvernement, commencent à se faire sentir.

Le Monde avec AFP Publié le 12/03/2020

« Nous ne sommes qu’au début de l’épidémie, elle progresse, c’était attendu. » Le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé, vendredi 13 mars, que 800 nouveaux cas de contamination avaient été recensés en vingt-quatre heures, portant le chiffre total à 3 661 depuis le début de l’épidémie. Sur ce bilan, 79 personnes sont mortes et 154 se trouvent toujours dans un état grave, notamment dans les services de réanimation.

« Nous comptons heureusement de nombreux patients guéris de cette infection », a tenu à rassurer le ministre, qui parle d’un taux de guérison de 98 %. « Nous constatons néanmoins que la propagation du virus sur notre territoire s’accélère, particulièrement dans certaines régions. »

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  • Les premières conséquences de l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes

Au musée du Louvre fermé au public, à Paris, le 13 mars. THOMAS SAMSON / AFP

Edouard Philippe a annoncé vendredi à la mi-journée l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes en France, au lieu de 1 000 précédemment. « L’idée, c’est de faire en sorte que nous puissions ralentir la circulation du virus », a expliqué le premier ministre, tout en prévenant que « cent personnes, ça veut dire évidemment des conséquences importantes pour les théâtres, pour les cinémas. »

Cette annonce a provoqué de nombreuses fermetures, notamment des lieux touristiques de premier ordre comme le Louvre, la tour Eiffel ou le château de Versailles qui ont annoncé qu’ils n’accueilleraient plus de public « jusqu’à nouvel ordre ». Tous les musées pouvant accueillir plus de 100 personnes ont fermé. Restent en revanche ouverts différents parcs, comme l’immense parc du domaine de Versailles et le Jardin des plantes ou encore le zoo de Vincennes – puisque les visiteurs n’y sont pas confinés.

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  • Un service minimal dans les écoles pour les enfants de soignants

Emmanuel Macron avait annoncé jeudi soir que les crèches, écoles, lycées et universités seraient fermés à partir de lundi pour éviter que le virus se propage davantage, les enfants étant un important vecteur de contamination.

Les mesures qui doivent accompagner la fermeture de l’ensemble des établissements scolaires ont par la suite été détaillées par le ministre de la santé, Olivier Véran : les structures qui accueillent moins de dix enfants peuvent rester ouvertes, ainsi que les microcrèches, et le recours aux assistantes maternelles est encouragé.

« Nous allons généraliser une dérogation qui existe dans les textes et qui permet aux conseils départementaux d’autoriser les assistantes maternelles à accueillir jusqu’à six enfants de moins de 3 ans simultanément, contre quatre aujourd’hui. »

Lundi, « il n’y aura pas de classes, mais des enseignants seront présents dans ces établissements pour accueillir les enfants des personnels essentiels à la santé du pays. » Olivier Véran a annoncé cette mesure afin de « garantir que les enfants des personnels essentiels pour notre système de santé et de prise en charge des personnes les plus vulnérables puissent être accueillis lundi dans les écoles, collèges ainsi que dans les crèches ».

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  • Ecoles fermées pendant plusieurs semaines

Dans une rue de Paris, le 13 mars.
Dans une rue de Paris, le 13 mars. ABDULMONAM EASSA / AFP

La fermeture des établissements scolaires français restera en vigueur au moins jusqu’aux vacances de printemps, a déclaré vendredi le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, sur France Inter.

« Il y a eu une réunion de scientifiques hier, autour du président de la République, et ils ont estimé qu’il fallait qu’on passe à une nouvelle étape, qui nécessite de fermer les écoles, les collèges, les lycées et les universités. C’était une façon de mettre fin à l’accélération de l’épidémie. » Pour le ministre, en ce qui concerne l’école, « on est au stade 3, on a changé de paradigme ».

« On parle de semaines, qui peuvent devenir des mois. L’expression “jusqu’à nouvel ordre” est au début de chacune de nos phrases, parce qu’on doit avoir un peu d’humilité par rapport à tout cela. Ce qui est certain, c’est qu’on va aller au moins jusqu’aux vacances de printemps. C’est le mois de mars qui va être principalement touché. »

Les premiers élèves à partir en vacances de printemps sont ceux de la zone C, du samedi 4 au dimanche 19 avril. De son côté, le ministre de la santé a évoqué sur Europe 1 une fermeture d’au « minimum quinze jours », souhaitant qu’elle soit « la plus courte possible ».

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  • Les transports publics affectés

Même si le gouvernement n’a pas voulu suspendre le fonctionnement des transports publics, pour ne pas paralyser le pays, il n’avait pas interdit que des opérateurs prennent eux-mêmes des mesures, comme viennent de le faire la RATP et la SNCF qui prévoient une « offre réduite » dès le 16 mars.

La régie des transports parisiens « communiquera ce week-end » sur le trafic qui pourra être assuré la semaine prochaine, a déclaré un porte-parole. « Il y aura une offre réduite par rapport à la normale, avec des adaptations, soit de fréquence » des métros, RER, bus ou tramways, « soit une priorisation sur certaines lignes », a-t-il précisé.

La SNCF prévoit également d’annoncer ce week-end des modifications de son trafic. « La SNCF nous a dit compter lundi au maximum sur 20 % de personnel absent (…), il y aura donc au minimum 80 % de l’offre », a déclaré vendredi soir le secrétaire d’Etat aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, sur BFM-TV.

  • Une urgence économique de « dizaines de milliards d’euros »

A ce stade, l’urgence sanitaire se double d’une urgence économique, illustrée notamment par la débâcle historique des places boursières de jeudi. Pour y répondre, Emmanuel Macron a annoncé un mécanisme « exceptionnel et massif » visant à « protéger les salariés et les entreprises », notamment par la mise en place de chômage partiel. Déjà 3 600 entreprises ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel pour environ 60 000 salariés, selon la ministre du travail, Muriel Pénicaud.

Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, a assuré, vendredi sur BFM-TV, que le gouvernement ferait « tout ce qui est nécessaire et même plus que ce qui est nécessaire pour soutenir notre économie et soutenir nos entreprises », estimant que cela coûtera des « dizaines de milliards d’euros ».

L’estimation fournie par le ministre comprend aussi les sommes mobilisées pour alimenter le fonds de solidarité qui doit être mis en place, pour lequel il compte sur la « solidarité nationale » et la participation des régions et des grandes entreprises du CAC 40. « Ce qui coûterait (…) beaucoup plus cher que des dizaines de milliards d’euros de dépenses publiques, c’est l’effondrement de ce tissu d’entreprises, de PME, de commerçants, d’artisans, de grandes entreprises aussi, qui seraient abandonnés », a souligné Bruno Le Maire.

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