Coronavirus : les Français font des relocalisations la priorité de l’après-crise

Chinese workers monitor the production of medication at the plant of Yangtze River Pharmaceutical Group in Taizhou City, east China's Jiangsu Province on September 3rd, 2019. A new draft revision to the drug administration law, submitted to the ongoing bimonthly session of the National People's Congress Standing Committee for deliberation, has proposed new stipulations to better regulate pharmaceutical sales. (Photo by Tang Dehong / Costfoto/Sipa USA)/27295515/Costfoto/1909041637

Selon le sondage Odoxa-Comfluence pour « Les Echos » et Radio Classique, les Français ne veulent pas que l’après-coronavirus ressemble à l’avant. Ils se disent prêts à une hausse des prix en contrepartie de la relocalisation des productions essentielles et d’une poussée du « made in France ».

Une usine de médicaments en Chine. (Tang Dehong/Costfoto/Sipa USA)
Par Pierre-Alain Furbury  – https://www.lesechos.fr/
Publié le 13 avr. 2020

Emmanuel Macron a promis, dès la mi-mars , des « décisions de rupture » une fois gagnée la « guerre » sanitaire contre le coronavirus. Notamment pour « reprendre le contrôle » sur la mondialisation et construire une France et une Europe « souveraines »« Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie à d’autres, est une folie », a-t-il souligné. Cette inflexion, les Français la réclament en tout cas massivement, selon le sondage Odoxa (1) réalisé pour « Les Echos » et Radio Classique, en partenariat avec la société de conseils Comfluence.

Les attentes sont quasi unanimes. A l’issue de cette crise, plus de neuf personnes interrogées sur dix veulent que l’exécutif garantisse « l’autonomie agricole de la France » (93 %), pousse « la relocalisation des entreprises industrielles » (92 %) et « favorise la recherche et la production des laboratoires pharmaceutiques français et étrangers dans notre pays » (91 %).

« Plus jamais »

Cela n’empêche pas l’opinion de réclamer aussi, à une très large majorité, un renforcement de la politique écologique (87 %), une « nouvelle impulsion » de l’Union européenne (76 %) et le « retrait » d’une réforme des retraites (64 %) déjà suspendue . « La pression qui pèse sur Emmanuel Macron est très forte. S’il veut sortir de cette crise par le haut, l’après ne doit pas ressembler à l’avant », souligne Gaël Sliman, le président d’Odoxa.

Car cette fois, il s’agit, aux yeux des Français, d’une crise absolument majeure, qui bouleversera les choses de fond en comble. Seuls 4 % pensent qu’elle ne les pénalisera pas personnellement et n’aura pas de « conséquences durables » sur le pays. Pour 61 % d’entre eux, nos sociétés ne pourront « plus jamais fonctionner comme avant » et notre rapport aux autres, à l’environnement, à la croissance et à la mondialisation changeront « profondément ».

Non seulement la première leçon de la pandémie est pour les Français que « les entreprises françaises vont devoir relocaliser leurs productions », mais ils se disent prêts à y mettre le prix. Pas moins de 89 % des gens y sont favorables – dont 47 % tout à fait – « même si cela augmente » le coût des produits pour les consommateurs. 93 % souhaitent aussi systématiser la présence d’un label identifiant les produits 100 % « made in France » ou « made in Europe ». « Cette crise change complètement le rapport à la relocalisation et au made in France. La priorité, pour l’opinion, c’est sécuriser la production, coûte que coûte, alors que la question du pouvoir d’achat était jusqu’ici l’alpha et l’oméga et, notamment, au coeur du mouvement des gilets jaunes », analyse Gaël Sliman.

Pour les directeurs associés de Comfluence, Jérôme Ripoull et Vincent Lamkin, « les Français rêvent d’une France autonome » : « C’est la revanche politique d’Arnaud Montebourg et, surtout, celle de l’Industrie ». Ce n’est pas un hasard si l’ancien ministre socialiste de l’Economie, retiré de la vie politique , est sorti de son silence, appelant mercredi dans « Libération » à la « reconquête de notre souveraineté ». Et se demandant au passage si Emmanuel Macron, dont il a moqué le « transformisme intellectuel », est « le mieux placé pour mener une politique de patriotisme économique ».

Pierre-Alain Furbury

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