Gilets jaunes. Le droit de manifester toujours confiné mais des rassemblements dans plusieurs villes

Samedi, dans plusieurs villes, plus d’un milliers de Gilets jaunes se sont rassemblés sous le mot d’ordre du déconfinement des colères. Un mot d’ordre qui s’oppose à celui du gouvernement et du patronat « déconfinement autoritaire et répressif » et dont les manifestants ont fait les frais.

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lundi 18 mai

Crédits photos : © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Castaner s’était exprimé samedi matin alors qu’il « inspectait » les plages… « Il y a sanction pour tous les rassemblements de plus de dix personnes ». Une remarque qui valait également d’avertissement pour les manifestants tentés d’honorer le traditionnel samedi de manifestation des Gilets jaunes. De concert avec le patronat toulousain, le préfet Etienne Guyot avait pris de l’avance par arrêté préfectoral en interdisant les manifestations à Toulouse le 16 mai.

Une centaine de Gilets Jaunes ont tout de même manifesté dans le centre-ville. Mais au vu du nombre de camions et policiers pour certains munis de fusils d’assaut dans tout le centre-ville, il s’agissait davantage de petits groupes dispersés à Jean Jaurès, rue Alsace Lorraine ou certains encore à place St George où se tenait la contre-manifestation des commerçants anti-Gilets-Jaunes. 49 personnes ont été verbalisées – l’avocate Claire Dujardin demande : « Plusieurs amendes dressées par les policiers en centre-ville en début d’après-midi. Sur quelques critères ? Un sac à dos avec des pins  » à caractère revendicatifs », une veste de couleur jaune, des photographes… Amendes à contester bien entendu ! ». Plus tard dans le centre-ville, les policiers ont cherché à disperser les manifestants à la matraque, un jeune homme a eu le poignet cassé.

A Montpellier aussi, la répression a frappé. Plus de 350 personnes étaient réunies sur la place de la Comédie où la police a procédé à « 7 interpellations et 25 verbalisations » comme le rapporte Rapports de Force. Une femme a dû être prise en charge par les pompiers après qu’elle ait été frappée à l’arrière de la tête par un coup de matraque. La vidéo a agité les réseaux sociaux, certains syndicats de police cherchant à justifier cette agression par des coups de parapluie de cette femme qui cherchait à se défendre encerclée par des robocops lourdement armés et cuirassés. Cette personne a dû recevoir des points de suture, les jours du boucliers du CRS frappé par le parapluie ne seraient pas en danger…

Le scandale rapporté par Rapports de force, le deux poids deux mesures des forces de répression de l’Etat en fonction de qui manifeste. A Montpellier, « le lendemain, une trentaine de militants d’extrême droite ont pu tranquillement se rassembler devant la statue de Jeanne d’Arc à l’appel de la Ligue du Midi, de l’Action française et des Volontaires pour la France. Et ce, malgré l’interdiction préfectorale et la présence sur place des forces de l’ordre. »
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Ils étaient une trentaine à se rassembler, alors que le préfet avait pris un arrêté interdisant ce rassemblement composé d’identitaires d’Action Française, des Volontaires pour la France et de La Ligue du Midi.

Je ne peux pas vous montrer ces vidéos où l’on voit le « patron » de La Ligue du Midi, Richard Roudier, faire tranquillement son petit discours devant ses fidèles et devant la police, en pleine rue. « T’as 5 minutes Richard, pas plus » a prévenu la Police nationale.

(La veille, les Gilets Jaunes n’ont pas eu ces 5 minutes et se sont faits matraquer).
Puis Roudier est venu vers moi. « C’est privé ici, madame, dégagez ». « Non, c’est une rue ici, monsieur. Ce n’est pas privé ».

Plusieurs membres ont ensuite tenté de m’intimider en me poussant pour que je « dégage ».

L’un d’entre eux a même collé son visage au mien (j’étais masquée, mais pas lui). Puis, un militant est arrivé en courant derrière moi, s’est emparé de mon téléphone puis s’est enfui.

« Il y a sanction pour tous les rassemblements de plus de dix personnes » n’est-ce pas ?

D’autres rassemblements ont eu lieu dans toute la France. A Marseille, où selon La Provence une centaine de manifestants se sont rassemblées et plus de la moitié d’entre eux ont été verbalisés et une personne interpellée pour « rébellion ». « Médailles du gouvernement Macron : mensonge, incompétence, cynisme, mise en danger de la vie d’autrui », « Le pire des virus : le capitalisme. Éradiquons-le ! » arboraient les pancartes des manifestants.

Idem à Bordeaux, Nantes, St-Nazaire ou encore Lyon où parmi les 300 manifestants (selon l’AFP), près de 70 ont été verbalisés et 3 interpelés. Mention spéciale tout de même à la police strasbourgeoise ou à la presse locale puisque les Dernières nouvelles d’Alsace nous informent que parmi la « trentaine de personnes » qui se sont rassemblées, 65 ont été contrôlées et 41 verbalisées…

Une « maladresse » qui se trouve être à l’image de la répression systématique du gouvernement. Toutes les amendes de 135€ ont été distribuées sous l’argument de l’interdiction de se rassembler à plus de 10 quand Bruno Le Maire se réjouit que les salariés retournent au travail et que les commerces rouvrent. Dans les usines, dans les abattoirs qui deviennent des clusters de par le monde entier, dans les écoles où 70 cas de covid ont été recensés, et dans les grandes surfaces, des dizaines de personnes se rassemblent, la distanciation physique ne peut être respectée. Même Christophe Castaner a beaucoup de mal à les respecter. Quand les capacités de test sont deux fois moindres qu’annoncées, que les masques ne sont pas disponibles partout et quand ils sont à des prix prohibitifs pour les plus précaires, la répression, les amendes distribuées à tour de bras aux Gilets jaunes dans toute la France ce samedi sont bien, à l’image de la répression contre les distributions de nourriture ou de masques gratuits dans le 18ème arrondissement de Paris, des actes de répression politique sous couvert de politique sanitaire.

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