La justice a élargi son enquête ouverte notamment pour trafic d’influence visant l’ex-patron du renseignement Bernard Squarcini.
JUSTICE – La justice a élargi en octobre 2019 son enquête ouverte notamment pour trafic d’influence visant l’ex-patron du renseignement Bernard Squarcini à des faits de “vol” après une plainte de François Ruffin et du journal Fakir, a-t-on appris de source proche du dossier.
Le parquet de Paris a délivré le 9 octobre 2019 un réquisitoire supplétif permettant aux deux juges d’instruction déjà chargés des investigations sur l’affaire Squarcini d’enquêter également sur ces faits de “vol” et “recel de vol”, selon cette source, confirmant des informations de l’Obs et de Mediapart.
Ce réquisitoire a été délivré après que le député Insoumis François Ruffin et l’association Fakir, qui publiait le journal du même nom, se sont constitués partie civile en juin de la même année dans cette enquête.
Surveillance de “près de trois ans”?
Selon des éléments du dossier dont l’AFP a eu connaissance, la défense de Ruffin dénonçait la “surveillance” dont il aurait été l’objet “pendant près de trois ans” par Squarcini à la demande du groupe de luxe LVMH, qui a été révélée par Mediapart qui dévoile ce dimanche 12 juillet des enregistrements.
“Mediapart est en mesure d’apporter la preuve que la présidence de LVMH a directement demandé, au printemps 2013, à pouvoir ‘infiltrer’ le journal indépendant pour mieux l’espionner en temps réel et prévenir ses actions”, écrit le site d’information en accompagnement d’une bande-sonore qui regroupe des écoutes notamment du vice-président de LVMH de l’époque, Pierre Godé, et Bernard Squarcini.
Les enregistrements diffusés par le site laissent par ailleurs entendre que Squarcini a mobilisé les services de renseignements et la police afin de mettre des bâtons dans le roues de François Ruffin.
A l’époque, Ruffin n’était pas encore député de La France Insoumise mais un journaliste et documentariste engagé. Il travaillait sur le tournage de “Merci Patron”, film satirique sur le leader mondial du luxe, qui a été récompensé en 2017 par le César du meilleur documentaire.
Dans sa plainte, Ruffin observait qu’un des mis en examen dans l’affaire Squarcini avait indiqué aux policiers en 2016 “avoir travaillé avec une ‘taupe’ qui aurait ‘fait les poubelles de Fakir ou piqué des documents’”.
Trafic d’influence et détournement de fonds publics
Bernard Squarcini, un proche de Nicolas Sarkozy passé dans le conseil en sécurité après avoir été évincé par François Hollande de la tête du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI), est mis en examen depuis septembre 2016 pour de multiples délits présumés, dont du trafic d’influence et du détournement de fonds publics, qui auraient été commis depuis sa reconversion dans le privé.
Dans cette enquête à tiroirs, celui qui est surnommé “le Squale” est soupçonné d’avoir sollicité d’anciens subordonnés de la DCRI pour obtenir des éléments d’enquête, notamment sur l’intermédiaire Ziad Takieddine ou sur l’affaire Cahuzac.
Il est aussi soupçonné d’avoir usé de son influence pour accélérer des démarches administratives au profit du patron de LVMH Bernard Arnault et son entourage.
Cinq autres personnes sont aussi poursuivies dans ce dossier, dont l’ancien patron de la police judiciaire parisienne Christian Flaesch, l’ancien magistrat Laurent Marcadier, un ancien commissaire de police devenu salarié de LVMH et un policier de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
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