- MEDIAPART
- 19 JUIL. 2020
- PAR JEAN-MARC B
- BLOG : LE BLOG DE JEAN-MARC B
Les cas de coronavirus sont en augmentation dans 40 États des Etats-Unis.Les chiffres officiels indiquent que 4 millions de personnes auront été infectées par le coronavirus d’ici la fin du mois et plus de 140 000 en sont déjà mortes. Le pays a enregistré une moyenne de 66 000 nouveaux cas par jour sur les sept jours écoulés. Il compte plus de cas confirmés par habitant que toute autre grande nation industrielle.
L’institut IHME de la Washington University, dont les projections sont assez réputées, prévoit 225 000 morts au 1er novembre, juste avant les élections…(voir graphique ci-dessus).
Comment en est-on arrivé là ? Dans un premier temps, soit au départ de la pandémie, il préfère les profits à la vie, donc compte sur la «stratégie d’immunité collective »: beaucoup de morts, à cause de la contamination très large, jusqu’à immunisation générale, et un vaccin au plus vite. Mais moins d’impact sur les profits que le confinement.
C’est aussi la stratégie de beaucoup d’autres dirigeants les plus liés au capital, comme Johnson en Angleterre ou Macron en France. Résultat: un désastre qui n’a été arrêté en France que par la base des travailleurs exerçant massivement leur « droit de retrait » (décision individuelle de ne pas se rendre au travail du fait d’un danger grave imminent) et menaçant ainsi une grève générale de fait. Devant une telle menace politique, Macron a déclenché le confinement, sous haute surveillance et répression policière. Un article de Jacques Chastaing en rend bien compte. L’histoire a été très différente aux Etats-Unis.
Une enquête du New York Times en rend compte, estimant que l’échec de Trump à contenir le virus remonte à la mi-avril, lorsque la Maison Blanche s’est empressée de transférer la responsabilité aux États. Voici en résumé ses conclusions:
– la stratégie a été formulée par des proches de Trump qui n’avaient aucune expérience en matière de santé publique. Ils suivaient ses ordre, et méprisaient le Dr Anthony Fauci, reconnu depuis longtemps comme le plus meilleur épidémiologiste du pays.
– puis la Dre Deborah Birx, experte en maladies infectieuses réputée elle aussi, devenue la principale conseillère, a affirmé longtemps, manifestement à tord, que les infections avaient atteint un pic et que le virus s’était rapidement dissipé.
– enfin la Maison Blanche non seulement a tardé à reconnaître qu’elle avait eu tort, mais elle est restée traversée de dissensions sur la nécessité de reconnaître l’ampleur de la situation…
Que propose maintenant Trump ? Interdire à l’autorité chargé du suivi (CDC) de diffuser les statistiques… Comme cela, il pourra prétendre dans sa campagne électorale que tout s’arrange, ce que ses partisans croiront, refusant toujours les gestes barrières et conduisant à une catastrophe encore pire.
Mais comme la ficelle contre les statistiques est une corde à se pendre, ce qu’on se demande dans les milieux progressistes aux Etats-Unis, c’est à qui va-t-il alors déclarer la guerre ? A mon avis, il y pense, mais ne sait pas encore quelle guerre lui profiterait le plus. Les cibles candidates sont nombreuses et très différentes, par exemple Cuba, Corée du Nord, Iran, Vénézuéla, ou même Bolivie si la dictature qu’il a mis en place il y a quelques mois perdait pied. Le choix est important, car il peut se révéler désastreux. Trump est conscient des conséquences de la guerre déclenchée contre l’Irak par Bush, en inventant des « armes de destruction massive ». Elle n’a donné que la naissance de l’Etat Islamique utilisant les mêmes moyens terroristes que l’empire US…Elle a aussi rapproché l’Irak de l’Iran.Mais dans cette hypothèse, le Pentagone, qui a déjà refusé d’employer la garde nationale contre les manifestations antiracistes – les noirs et latinos sont la base de sa chair à canon – et d’autres structures importantes de pouvoir (dont le « deep state ») pourraient créer des ennuis au « chef des armées »…Trump a été mis au pouvoir par l’oligarchie. Ses intérêts personnels ne sont pas ceux de la classe dominante dans son ensemble. Elle peut le remercier d’autant plus facilement que Biden ne sera qu’un larbin de plus.
Plus important encore, une majorité de la population s’opposerait à une aventure de ce genre. Trump s’y prend en effet un peu tard. Pour que l’opinion suive, il faudrait avoir monté, comme la bourgeoisie US sait le faire, mais avec du temps, toute une campagne contre la menace mortelle de tel ou tel pays. Déclarer la guerre, sans avoir bien lavé le cerveau des citoyens, au moment où les sondages l’enfonce, risque de se voir comme le nez de Pinocchio au milieu du visage…
En attendant au besoin une guerre, Trump fait pression pour éliminer les milliards de dollars pour les tests et la recherche de coronavirus budgetés dans une proposition du Sénat d’urgence sanitaire, alors qu’elle vient de son propre parti, les Républicains.
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