Alors que le premier ministre tenait conférence de presse à Paris, Didier Raoult et Michèle Rubirola dénonçaient à Marseille le manque de concertation.
En France, la crise sanitaire du coronavirus a subitement viré jeudi matin à un match politique qui oppose la ville de Marseille à la capitale centralisatrice Paris.
Les deux équipes en présence? À Paris, trois hommes: le premier ministre Jean Castex et ses ministres de la Santé, Olivier Véran, et de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. À Marseille, deux femmes et un homme: la nouvelle maire de la Ville Michèle Rubirola (Les Verts) et la présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône Martine Vassal (Les Républicains), appuyées toutes deux par le professeur Didier Raoult, figure tutélaire de la contestation locale.
«Le préfet était à notre écoute, il comprenait les choses et il a essayé de porter notre parole. Ça n’a pas été entendu»
Quant au terrain du match, c’étaient deux conférences de presse organisées simultanément à 10h30, l’une au Ministère de l’intérieur à Paris, l’autre à l’hôpital IHU Méditerranée de Marseille dirigé par le professeur Raoult. La coïncidence de temps ne devait rien au hasard: les Marseillais voulaient exprimer leur mécontentement.
Colère des élues marseillaises
Même s’il a pris la parole en premier, le professeur Raoult s’est peu exprimé, rappelant des chiffres concernant son hôpital: 200’000 tests réalisés, sept décès intervenus depuis le 15 juin, un contexte de contamination en augmentation surtout chez les jeunes.
Pourtant les véritables attaques contre le gouvernement, ce n’est pas lui qui les a portées mais les deux élues locales. Il y a quelques mois seulement, elles s’affrontaient pour l’élection à la mairie de Marseille. Là, symboliquement, elles étaient unies pour défendre leur région. Et le motif de leur colère, c’est moins l’obligation de porter des masques dans la ville que la fermeture des bars et restaurants à partir de 23h.
«Marseille n’est pas la mauvaise élève de la classe. Nous devons être entendus»
Pour la maire Michèle Rubirola, «Marseille n’est pas la mauvaise élève de la classe» et elle accuse le gouvernement qui «impose des décisions sans concertation». À ses côtés, Martine Vassal approuve «d’autant que l’arrêté concerne tout le département». Et elle conclut: «Nous devons être entendues.» Or Michèle Rubirola estime que cela n’a pas été le cas de la part du gouvernement, alors même que le préfet était plus ouvert: «Il était à notre écoute, il comprenait les choses et il a essayé de porter notre parole, notamment pour faire en sorte de maintenir deux services dans les restaurants, avec l’option d’une fermeture plutôt à minuit. Ça n’a pas été entendu.»
Visite d’Olivier Véran
L’accusation est d’autant plus gênante qu’au même moment, à Paris, le premier ministre Jean Castex chantait les louanges de la nouvelle philosophie du gouvernement qui est de s’appuyer sur les acteurs locaux pour prendre les décisions les mieux adaptées au contexte de chaque région.
Pour tenter d’éteindre l’incendie, Olivier Véran devait se rendre dans l’après-midi à Marseille pour une visite à la cellule de crise de l’Agence régionale de santé. L’occasion pour lui d’essayer de s’expliquer et de désamorcer la colère.
Poster un Commentaire