COVID: PRÈS DE LA MOITIÉ DES FRANÇAIS N’ONT PAS L’INTENTION DE SE FAIRE VACCINER, SELON UN SONDAGE

Hugo Septier

Pfizer et BioNTech ont annoncé le 9 novembre 2020 avoir développé un vaccin contre le Covid-19 « efficace à 90% », selon des résultats préliminaires (photo d’illustration). – Yasin AKGUL © 2019 AFP

Selon un sondage Ipsos, la méfiance vis-à-vis de possibles effets secondaires et de tests cliniques précipités sont la cause de ces chiffres bas.

Si l’annonce ce lundi par Pfizer et BioNTech de la mise au point d’un candidat-vaccin contre le coronavirus « efficace à 90% », selon des résultats préliminaires, est une possible avancée majeure dans la lutte contre la pandémie, les autorités sanitaires pourraient se frotter à un problème bien plus épineux que la conception de ce produit.

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Comme le montre un récent sondage Ipsos, publié jeudi dernier et réalisé auprès de plus de 18.000 adultes de 15 pays différents, l’intention de se faire vacciner diminue fortement à l’échelle mondiale puisque 73% des personnes interrogées se disent enclines à s’immuniser contre 77% trois mois plus tôt.

En France, le refus en hausse

La France est le pays où les habitants sont les plus hostiles à un éventuel vaccin. Dans l’Hexagone, le recul est encore plus net qu’ailleurs puisque seuls 54% des sondés, soit un peu plus d’un Français sur deux, accepteraient à l’heure actuelle de se faire vacciner. En août de cette même année, ce chiffre était de 59% (+5%).

« Les Français sont en bas du classement », a commenté sur BFMTV Étienne Mercier, directeur du pôle opinion Ipsos. « Il y a une défiance à l’égard de la vaccination, qui a toujours existé mais qui là est particuièrement forte. »

Cette baisse est toutefois également visible dans d’autres pays fortement touchés par la première vague de coronavirus. Toujours selon ce sondage réalisé en collaboration avec le Forum économique mondial, 64% des Espagnols, contre 72% en août, accepteraient de se faire vacciner.

C’est en Chine, berceau désigné de la pandémie, que le recul est le plus important, même si l’acceptation d’un éventuel vaccin reste à un haut niveau. En l’espace de trois mois, le nombre de Chinois qui accepteraient de se faire vacciner a baissé de 13 points, passant de 97% à 85%.

Seulement 1 Français sur 2 vacciné au bout d’un an

Toujours selon ce sondage, les autorités sanitaires devraient également se heurter à un problème de temporalité. Ainsi, seulement la moitié des adultes interrogés à l’échelle mondiale (52%) affirment qu’ils se feraient vacciner dans les 3 mois après la mise sur le marché du produit. Dans le détail, ils seraient 22% à le faire « immédiatement », 14% en « moins d’un mois » et 16% en « un mois à moins de trois mois. »

Là encore, la France est le pays le plus réticent puisque seuls 12% des interrogés disent qu’ils se feraient vacciner immédiatement, 38% en moins de trois mois et 54% au cours de l’année. En d’autres termes, au bout de la première année de commercialisation du vaccin, seul un peu plus d’un Français sur deux serait potentiellement immunisé par ce biais.

Ce chiffre est également très bas en Espagne, Corée du Sud et Japon. En revanche, il explose au Brésil et au Mexique, où 41 et 38% des interrogés affirment qu’ils tenteraient de se faire immuniser immédiatement.

Inquiétudes autour des effets secondaires

En guise de conclusion, cette enquête se penche également sur les raisons pour lesquelles les sondés refuseraient la vaccination. Sur ce point précis, les inquiétudes varient en fonction des pays, mais les préoccupations autour d’éventuels effets secondaires du vaccin est un point important: 32% des Français qui refusent un vaccin disent s’en inquiéter. Ils sont 35% à juger que les essais cliniques se déroulent de manière précipitée.

« La France est le pays de la défiance », a résumé Étienne Mercier, directeur du pôle opinion d’Ipsos, sur BFMTV. « Que ce soit à l’égard des acteurs publics, des autorités de santé mais aussi les acteurs privés et notamment les laboratoires pharmaceutiques. »

Pour expliquer cette défiance, le sondeur cite la « peur des adjuvants » qui entrent dans la composition des vaccins ou « la grande porosité des disocurs anti-vaccins auprès d’une partie de la population avec cette peur qu’il y ait soi-disant des risques de développer des maladies graves comme la sclérose en plaques ».

Les Français n’ont « pas bien compris pendant très longtemps pourquoi est-ce qu’il y avait des vaccins simplement recommandés, ils se disaient que s’ils ne sont pas obligatoires, c’est qu’ils ne sont pas véritablement nécessaires », a-t-il ajouté. Un « flou » qui a permis, selon lui, la prolifération des discours anti-vaccins.

Enquête réalisée du 8 au 13 octobre 2020 par internet auprès de 18.526 adultes âgés de 16 à 74 ans issus de 15 pays différents, dont la France.

Hugo Septier
Journaliste BFMTV

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