Dans un long entretien à « L’Express », le chef de l’Etat revient sur la montée du complotisme, mais aussi sur les débats autour des valeurs républicaines.
Emmanuel Macron s’inquiète, dans un entretien à L’Express (article pour les abonnés) publié mardi 22 décembre, de la « crise d’autorité » qui frappe le pays en pleine pandémie de Covid-19. Ce long entretien a été réalisé en visioconférence, jeudi 17 décembre, alors qu’il venait de s’isoler à La Lanterne (Yvelines) après avoir été déclaré positif au Covid-19. « Toutes les sociétés contemporaines vivent cette espèce d’horizontalisation de la société, de la contestation de toute forme d’autorité, y compris de l’autorité académique et scientifique », y déclare le chef de l’Etat.
« Les conséquences psychologiques et sociales sont terribles car on finit par ne plus croire en rien », ajoute Emmanuel Macron en décrivant un « cercle vicieux : un nivellement, qui crée du scepticisme, engendre de l’obscurantisme et qui, au contraire du doute cartésien fondement de la construction rationnelle et de la vérité, conduit au complotisme ».
« Le deuxième confinement est un exemple d’efficacité »
Il s’inquiète notamment des conséquences du complotisme qui vise la science, face au « grand défi » que représente la crise sanitaire. « Je regarde pour ma part avec beaucoup d’admiration ce que les scientifiques ont accompli. Jamais dans l’histoire de l’humanité nous n’avions assisté à l’apparition d’un virus et, moins d’un an plus tard, à la découverte d’un vaccin, souligne-t-il. Mais la science n’est plus exempte du doute. »
« Le problème clef pour moi, c’est l’écrasement des hiérarchies induit par la société du commentaire permanent : le sentiment que tout se vaut, que toutes les paroles sont égales, celle de quelqu’un qui n’est pas spécialiste mais a un avis sur le virus vaut la voix d’un scientifique. »
Emmanuel Macronà « L’Express »
Citant les crises survenues depuis le début du quinquennat, dont celle des « gilets jaunes », Emmanuel Macron indique que, « pour répondre à la défiance, il faut (…) mêler l’action, la cohérence et l’explication ». « Voilà la ligne que je me fixe. Pour recréer de la confiance, je crois qu’il faut une action qui ait véritablement une efficacité, un effet des mots aux choses, assure le président de la République. A ce titre, le deuxième confinement est un exemple d’efficacité car nous avons pris la décision au bon moment. Nous l’avons expliqué, les Françaises et les Français ont agi et, par leur action, ont réussi à casser le cycle du virus. »
Macron veut « miser sur l’intégration »
Dans cet entretien qui évoque la « crise de la démocratie », le président est par ailleurs longuement interrogé sur les débats autour des valeurs républicaines. Emmanuel Macron affirme la nécessité de « miser sur l’intégration », qui permet à « chacun de pouvoir vivre entre plusieurs horizons culturels ». « Il me semble qu’être français, c’est d’abord habiter une langue et une histoire, c’est-à-dire s’inscrire dans un destin collectif. C’est pour cette raison que nous renforcerons les cours de français et nos exigences en histoire, en particulier pour accéder à la nationalité », détaille-t-il.
« Quand vous parlez l’arabe à la maison, que votre famille vient des rives du fleuve Congo, que vous possédez une histoire qui ne se noue pas entre l’Indre et la Bretagne, vous avez une singularité qui importe et il faut pouvoir la reconnaître », estime-t-il, en soulignant « la richesse des diasporas ». « Nous devons pouvoir être pleinement français et cultiver une autre appartenance, poursuit-il. C’est un enrichissement et pas une soustraction. » L’Express indique que la seconde partie de cet entretien sera publiée mercredi.
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