« Il y a une vraie colère qui monte » : appel à la grève dans l’éducation nationale ce mardi

Les personnels de l’éducation nationale seront notamment rejoints par des lycéens et étudiants. Ils regrettent que le Grenelle promis par le ministre de l’éducation « ne soit pas satisfaisant ».

Le Monde avec AFP

Publié le 26 01 2020

Avant un possible reconfinement, les personnels de l’éducation nationale, rejoints par les infirmières scolaires, mais aussi les lycéens et les étudiants, sont appelés à faire grève et se mobiliser partout en France, mardi 26 janvier, pour faire entendre leur voix.

A l’appel d’une intersyndicale composée notamment de la Fédération syndicale unitaire (FSU), de la Confédération générale du travail (CGT) et de Force ouvrière (FO), des défilés doivent se tenir à Paris et dans plusieurs autres villes. Dans la capitale, la manifestation doit partir du Luxembourg à 13 heures pour se diriger vers la rue de Grenelle, siège du ministère de l’éducation nationale.

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« C’est un moment crucial pour l’éducation, il y a une vraie colère qui monte chez les enseignants, qui sont très inquiets », assure Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, en référence notamment au Grenelle des enseignants lancé par le ministre de l’éducation qui doit s’achever en février.

Selon lui, « ce qui est entrepris par le ministère n’est absolument pas satisfaisant, c’est essentiellement de la communication avec une revalorisation de surface qui est très insuffisante, là où il faudrait investir massivement pour permettre de recruter sur le long terme et attirer vers les métiers de l’éducation », a-t-il expliqué la semaine dernière lors d’une conférence de presse en ligne.

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Un tiers des enseignants mobilisés

En novembre, le ministère avait annoncé des revalorisations à partir de 2021, ciblées surtout sur les plus jeunes. Mais les organisations syndicales espèrent qu’une loi pluriannuelle, promise au moment de la réforme des retraites, viendra consacrer des revalorisations pérennes et substantielles pour toute la profession.

Les salaires des enseignants français sont inférieurs de 7 % en début de carrière à la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Pour ce nouvel appel à la mobilisation, « un tiers des enseignants sera mobilisé », selon le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles (SNUipp-FSU), premier syndicat du primaire. « Dans ce contexte difficile d’une dégradation de la situation sanitaire et d’une incertitude sur un éventuel reconfinement, cela fait plus de 100 000 personnes du premier degré qui seront en grève mardi », poursuit dans un communiqué le syndicat, qui exige « un plan d’urgence pour l’école et une réelle protection des personnels et des élèves afin de maintenir les écoles ouvertes ».

L’école « fait face à une crise grave et inédite où la réussite des élèves est menacée tandis que les personnels sont en première ligne et se sentent abandonnés. Des réponses à la hauteur des enjeux sont nécessaires pour permettre un tout autre service public d’éducation », demande le SNUipp.

Rejoints par les étudiants et les infirmières scolaires

Des étudiants devraient aussi se joindre à eux, six jours après s’être mobilisés contre les effets dévastateurs de l’épidémie de Covid-19 sur leur vie quotidienne. « La manifestation de la semaine dernière nous a permis d’obtenir des choses mais pas de nous faire totalement entendre, alors on poursuit la mobilisation pour que les étudiants puissent revenir en cours la moitié du temps en présence et l’autre en distanciel », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Mélanie Luce, présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). Le but, selon elle, « est vraiment d’éviter un échec massif »« Reconfinement ou pas, les étudiants ont besoin de voir leurs profs », a-t-elle plaidé.

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Les syndicats dénoncent, eux, la gestion de la crise sanitaire dans les établissements scolaires, à commencer par les infirmières, qui appellent à se mobiliser mardi aux côtés des enseignants.

Pour Saphia Guereschi, secrétaire générale du Syndicat national des infirmières conseillères de santé (SNICS-FSU, majoritaire), les infirmières au collège ou au lycée sont accaparées par la gestion de la crise sanitaire et doivent gérer les « phases de dépistage et de “tracing” », au détriment de l’accompagnement des élèves.

« La grave conséquence de cela : nos jeunes, qui vont très mal, ne peuvent plus être accueillis comme il se doit lors des consultations dans les établissements, car nous ne sommes pas remplacées, il faut réagir très rapidement », prévient-elle. Saphia Guereschi insiste : « Les infirmières scolaires seront en tête de cortège, très représentées, car là la coupe est pleine. »

La principale fédération de parents d’élèves FCPE appelle aussi à la grève, mardi, pour demander aux autorités de « mieux anticiper la crise sanitaire ».

Le Monde avec AFP

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