Sur les incidents du 1er mai 2021 par aplutsoc

Ce 1er mai 2021, dans toute la France, a vu des rassemblements et cortèges significatifs, reconstituant souvent l’unité CGT/FO/FSU/Solidaires.

Nul doute que si les directions des centrales syndicales avaient une perspective de combat pour les revendications urgentes au-delà de ce 1° mai, ils auraient été bien plus significatifs encore.

Nul doute que si les mobilisations pour l’interdiction des licenciements (23 janvier dernier), et le mouvement des intermittents et précaires pour le retrait du projet de casse de l’assurance-chômage, voyaient les syndicats jouer leur rôle de syndicats en les appuyant, en les reliant entre elles, en les centralisant contre le gouvernement, au lieu de les laisser sciemment dans l’isolement et la dispersion, ils auraient, là encore, été bien plus massifs et puissants.

Nul doute également qu’il aurait été du devoir des syndicats – comme certains l’ont fait localement- de dénoncer l’appel des « 20 généraux » à la guerre civile, en donnant une autre perspective ne dépendant pas de la présidentielle de la V° République : celle de l’action du monde du travail et de la jeunesse pour la démocratie, contre ce régime et ses généraux.

De graves incidents se sont produits à l’encontre du cortège et du SO de la CGT dans la manifestation parisienne. Ils sont trop souvent interprétés comme répétant, en plus dangereux, les heurts entre « cortège de tête » et cordons syndicaux de débuts de manifs, courants à Paris depuis 2016, rares ailleurs hormis Lyon et Nantes. Les « cortèges de tête » groupent surtout des jeunes (car il faut courir vite) qui disent en avoir marre des manifs Traîne-savate.

Ce sentiment est en lui-même légitime et c’est un combat revendicatif ne reculant pas devant la crainte d’affronter le pouvoir, qui devrait lui répondre, et qui, certainement, susciterait des cortèges bien plus massifs et dynamiques. Mais l’affrontement façon « cortège de tête » ne porte pas de perspectives en lui-même, et, se combinant aux provocations policières, à la violence de la verticale du pouvoir Lallement / Darmanin / Macron, il contribue lui aussi à empêcher les plus larges masses de venir manifester.

Ce samedi 1° mai 2021, nous avons assisté au débordement du « cortège de tête » et des courants d’extrême-gauche les soutenant, par tout autre chose. Si la « tactique » des directions syndicales de protection du pouvoir en place et de crainte de l’affrontement central touche ses limites, il en va aussi de la « tactique » dite du « cortège de tête » d’affrontements dispersés, chaotiques et trop souvent mal ciblés, qui, débordée et subvertie par tout autre chose, a, elle aussi, vraiment touché ses limites ce samedi.

C’est à une agression, sous l’œil bienveillant du préfet Lallement, visant le SO de la CGT et la CGT en tant que telle et avec eux des manifestants divers, agression physique violente faisant une vingtaine de blessés dont quatre graves, que l’on a assisté. Elle n’est pas venue d’« anarcho-autonomes » mais de groupes se présentant parfois comme Gilets jaunes, dans lesquels la mouvance Qanon, pro-Trump, complotiste-antisémite, anti-masques, anti-vaccins, occupait une place centrale. Nous avons là le terreau, dans la confusion la plus totale, d’une sorte de nouveau proto-fascisme. De même que les syndicalistes devraient se dresser contre l’appel des « généraux », ils feraient bien de se préoccuper de ce qui se passe là. Ces groupes ont convergé le samedi 1° mai sur la manif parisienne et ont décidé d’y affronter la CGT, avec la bénédiction du préfet Lallement.

Quelles que soient les discussions et divergences, nous appelons à ne pas confondre les forces organisées avec infiltration policière et d’extrême-droite, qui ont opéré ce samedi, avec tout ce que représentaient les « cortèges de tête ». Nous appelons aussi à ne pas les confondre avec les Gilets jaunes en général. Entre novembre 2018 et février 2019 le mouvement des Gilets jaunes a vu des secteurs massifs du prolétariat commencer à affronter le pouvoir. Ils n’ont pas abouti parce que partis « de gauche » et directions syndicales ne veulent pas d’un tel affrontement. Rien ne saurait justifier que l’on légitime rétrospectivement la défense bureaucratique de l’ordre établi que l’on a vue alors, au moyen des évènements récents : ce serait le meilleur moyen d’aggraver encore désespoir et confusion !

Après que le mouvement des masses les plus larges, Gilets jaunes puis poussée vers la grève générale du 5 décembre 2019, ait été ainsi, difficilement, contenu, se sont abattus la pandémie et les confinements successifs. Durant cette période des groupes, souvent très jeunes, ont été gagnés au complotisme « sanitaire », ramenant les méfaits du capitalisme à un grand complot, fournissant le terreau d’une nouvelle synthèse proto-fasciste portée par Qanon, Réinform-covid et autres. Le combat pour exploser cette mouvance, en écrasant les fascistes et en regagnant les éléments déboussolés, exige que le mouvement syndical mène la bataille contre le patronat et l’exécutif, n’attende pas les présidentielles, et exige une perspective politique d’affrontement avec ce régime pour imposer la démocratie. Sur une telle ligne, on peut et l’on doit dire quand la vraie chemise brune dépasse sous le faux gilet jaune. Ce n’était pas le brun qui dépassait quand des millions de prolétaires se sont dressés fin 2018 et que les défenseurs des bureaucraties et de l’ordre existant les insultaient. Mais c’est la haine pour tout le mouvement ouvrier organisé qui dépassait visiblement chez les faux GJ du samedi 1° mai 2021 à Paris !

Une perspective claire, allant vers la généralisation et la centralisation des luttes sociales, sans reculer devant l’affrontement avec le pouvoir, requiert une conception massive et démocratique de la mobilisation, de l’affrontement et de la gestion de la sécurité des manifs, contre l’État comme contre les groupes qui ont attaqué ce 1° mai à Paris.

Nous aurons des SO formés par la volonté collective des manifestants organisés démocratiquement avec leurs syndicats, comités et AG, à l’opposé des manipulations et des provocations quand les manifestations construiront à nouveau ce qui avait commencé à se construire en novembre-décembre 2018 ou en décembre 2019 !

La rédaction, le 04-05-2021.

aplutsoc | 4 mai 2021

 

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1 Comment

  1. Euh je ne vois pas ce que vient faire Reinfocovid là dedans…..(pas Reinformcovid!)…ce sont des médecins qui demandent à pouvoir soigner les malades! (Je suis GJ!)

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