André, Minelli, La Halle… L’ancien fleuron du textile français, Vivarte, liquidé d’ici la fin de l’année

Après le premier confinement, La Halle avait subi un redressement judiciaire. Un tiers de ses 800 magasins n’avaient pas trouvé preneur. Point d’orgue du démantèlement de Vivarte. © Crédit photo : AFP
Par Sudouest.fr avec AFP
Mis en difficulté par la concurrence internationale et des rachats successifs, le groupe Vivarte devrait être liquidé d’ici la fin de l’année, sous le regard amer d’anciens salariés qui avaient alerté à de nombreuses reprises

Un Plan de sauvegarde de l’emploi est en cours pour les 34 derniers salariés de Vivarte Services, qui regroupe les fonctions supports. Mais, une fois que Caroll et Minelli seront vendus, respectivement aux groupes français Beaumanoir et San Marina, une ancienne marque du groupe, l’ancien fleuron du textile français Vivarte sera définitivement liquidé.

Des marques prestigieuses

Naf Naf, Chevignon, Beryl, Pataugas, Kookaï ou Creeks, sans parler du mastodonte La Halle… Toutes ont un temps fait partie de l’ancien groupe André, créé à la fin du XIXe siècle et rebaptisé Vivarte en 2001.

Mais le groupe a souffert de rachats successifs par des fonds, dont certains au prix d’un important endettement. Les organisations représentatives du personnel mobilisent alors contre ces LBO, « leverage buy-out » ou rachat avec effet de levier, sans pouvoir les empêcher. Le poids de la dette va obliger l’enseigne à céder progressivement ses marques, et l’empêcher de faire face à la concurrence des ventes de vêtements en ligne, dont les frais de fonctionnement sont généralement beaucoup moins importants.

En 2014, les fonds créanciers Oaktree, Alcentra, GoldenTree et Babson deviennent les actionnaires de référence de Vivarte.

« Indifférence totale des politiques »

« Déjà à l’époque, on disait qu’on irait vers un démantèlement du groupe », regrette Jean-Louis Alfred. Les syndicats alerteront en effet à de multiples reprises, « dans l’indifférence totale des politiques », accuse-t-il lui aussi. « Vivarte, c’est 5 000 magasins dans toute la France, ce n’est pas un seul gros site comme celui de Goodyear où vous pouvez aller vous faire prendre en photo… »

Le point d’orgue du démantèlement interviendra en pleine épidémie de Covid-19, à l’été 2020, avec le redressement judiciaire de La Halle. Sur les 830 magasins (et 5 500 emplois) que comptait encore l’enseigne de vêtements et chaussures, 508 avaient été repris dont 366 par Beaumanoir.

« À La Halle surtout, il y avait une vraie culture d’entreprise », regrette Gérald Gautier, qui y était rentré « il y a 20 ans ». « Les gens prenaient du plaisir à travailler ensemble et formaient une vraie famille. Tout a été détruit au fur et à mesure ».

« Démantèlement inéluctable »

Dans le quotidien Les Échos mardi, le président de Vivarte, Patrick Puy, un spécialiste de la restructuration d’entreprises arrivé aux commandes en 2016, a estimé que le démantèlement du groupe « était inéluctable ».

« Tout ça fait mal au cœur », conclut Jean-Louis Alfred, qui lance un appel aux responsables politiques : « la dernière chose qu’on puisse faire pour Vivarte, pour tous ces salariés qui se sont sentis des sous-citoyens, ce serait de légiférer contre ce genre de montage, et contre ce genre de fonds, qui n’arrivent que pour démanteler un groupe ».

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