La gestion de la pandémie de Covid-19 a été « hyper autoritaire et quasi militaire », ne laissant pas exister élus locaux et associations de patients, estime le sociologue spécialiste des politiques de santé Frédéric Pierru (CNRS).
Comment fonctionne la démocratie en santé en temps normal ?
Précisément, comment cela se passe-t-il en temps de crise ?
Quand vous êtes dans un système de gestion de crise hyper vertical, hyper autoritaire, quasi militaire – à travers le conseil de défense – et finalement très peu démocratique, où même le Parlement est mis de côté, vous voyez bien que quelque chose d’aussi fragile et ambivalent que la démocratie en santé ne peut guère exister.
Comment rendre la gestion de ce type de crise plus démocratique ?
On aurait pu répondre à la pandémie de façon différente. Ce qui s’est passé pour les associations de patients et d’usagers s’est passé pour les élus locaux. L’État a réinvesti ses fonctions régaliennes sur des modes de commandement verticaux et autoritaires sans contre-pouvoir. Le contre-pouvoir est une forme de ralentissement de la décision et de la mise en œuvre. On aurait pu imaginer un mode de gestion à l’allemande beaucoup plus décentralisé, plus près des élus locaux, en lâchant la bride aux agences régionales de santé et en faisant intervenir une pluralité d’acteurs dont les associations d’usagers et de patients et les professionnels de proximité. À l’occasion de cette crise, on a renoué avec l’idéal-type de l’État jacobin.
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