Gilet jaune : Manuel Coisne, éborgné en 2019, reçoit 30000 euros d’indemnisation provisoire

La Commission d’indemnisation des victimes d’infraction (Civi) du tribunal judiciaire de Paris a accordé jeudi 30.000 euros d’indemnisation provisoire à Manuel Coisne, Gilet jaune valenciennois éborgné à Paris en novembre 2019, selon une décision consultée par l’AFP.

Manuel Coisne avait été blessé à l’œil par une grenade lacrymogène le 16 novembre 2019 lors d’une manifestation déclarée et autorisée des Gilets jaunes place d’Italie à Paris qui avait dégénéré avant d’être annulée par la préfecture de police.

Sur la vidéo, extrêmement virale, témoignant du moment de sa blessure, on voit cet homme âgé alors de 41 ans discuter à l’écart du chaos avec d’autres manifestants, à proximité du centre commercial Italie 2.

Soudainement, un projectile vient heurter violemment son œil gauche.

Perte de l’œil totale et définitive

Une enquête avait été ouverte, rapidement confiée à un juge d’instruction, pour « violences volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique suivies de mutilation ou infirmité permanente », une infraction criminelle.

Trois jours après la blessure, une expertise médicale avait certifié que la perte de l’œil était totale et définitive, avec séquelles esthétiques et fonctionnelles.

Dans sa décision, la Civi estime que les violences « sont incontestables et qu’aucune faute ne peut être relevée à l’encontre (de Manuel Coisne) dans la mesure où, comme en témoigne l’examen des faits filmés par plusieurs caméras, il était en train de discuter calmement ».

« Il est établi qu’il a reçu un projectile destiné à la diffusion de gaz lacrymogène, dont l’utilisation n’avait pas pour vocation d’atteindre un individu sur le corps pour le neutraliser », ajoute la Civi.

« L’indemnisation définitive sera probablement très importante »

La commission estime « établi que M. Coisne a été victime de faits qui présentent le caractère matériel d’une infraction » et l’indemnise donc « à titre de provision » de 30 000 euros. Elle demande une expertise médicale concernant ses blessures.

« L’indemnisation définitive, qui sera probablement très importante, sera à la charge du contribuable. Les violences policières et l’usage criminel d’armes inadaptées par le préfet Didier Lallement et ce gouvernement auront un coût considérable, mais ce n’est rien à côté de la souffrance de M. Coisne », a estimé son avocat, Me Arié Alimi.

Dans ce dossier, selon une source proche du dossier, une expertise judiciaire est en cours pour corroborer une enquête vidéo du Monde de décembre 2019 qui avait identifié un tireur potentiel de la grenade lacrymogène.

Cette expertise pourrait déboucher sur la mise en cause d’un policier, d’après cette source.


Enquête vidéo : comment la police a grièvement blessé un « gilet jaune » le 16 novembre sur la place d’Italie à Paris

VIDÉO Grâce à l’analyse de plusieurs heures de vidéos, la modélisation 3D des lieux et l’identification du projectile, « Le Monde » a reconstitué la séquence au terme de laquelle un manifestant, Manuel Coisne, a été éborgné.

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Publié le 11 décembre 2019 à 09h08 – Mis à jour le 17 mars 2021 à 16h19
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Le 16 novembre, à Paris, le manifestant « gilet jaune » Manuel Coisne est touché au visage par une grenade lacrymogène. Un projectile qui lui ouvre le globe oculaire gauche, et lui fait perdre définitivement l’usage de son œil.

Grâce à la collecte et à l’analyse de plusieurs heures de vidéos, diffusées en direct ou publiées après la manifestation, et réalisées par des amateurs et des journalistes professionnels, l’enquête vidéo du Monde permet de reconstruire précisément la séquence qui a mené à la grave blessure de Manuel Coisne.

À la violence des échauffourées qui opposent manifestants et CRS à 14 h 40 succèdent au moins deux tirs de grenades lacrymogènes qui posent question. L’enquête du Monde révèle que l’un de ces tirs, effectué avec un angle de 15° et un dispositif de propulsion de 100 m, est très probablement celui qui a touché Manuel Coisne, situé 55 m plus loin.

Dans cette affaire, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris pour « violences volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique suivies de mutilation ou infirmité permanente ».

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