Liban, chaos et situation quasi Insurrectionnelle sur fond de grève générale des secteurs public

L’armée dépêchée par le pouvoir pour mater la révolte qui gronde s’est pris un petit revers et a été obligée de faire demi tour sous la riposte populaire. (vidéo)

Des centaines de personnes descendent dans les rues de Tripoli, dont beaucoup sont armées, pour protester contre la situation économique et sociale du pays. Au Liban, l’inflation est de 120 %, il y a 3 heures d’électricité par jour et la pauvreté a doublé pour atteindre 55 %.

Des protestataires sont entrés dans les locaux d’Électricité de Qadisha à Bahsas, à Tripoli, pour obliger les employés à fournir du courant à certaines régions de la capitale du Nord. L’armée est intervenue afin que les manifestants quittent les locaux. Les militaires se sont ensuite fortement déployés dans les rues de la ville et ont dressé des barrages.
Les actions de colère se sont également multipliées à travers le pays, parallèlement à une séance parlementaire à Beyrouth, au cours de laquelle les députés ont approuvé, entre autres, un projet de distribution d’une carte d’approvisionnement pour venir en aide à un demi-million de familles défavorisées.
Comme l’avait annoncé leur syndicat, les employés du secteur public se sont mis en grève ce mercredi, et devraient le rester jusqu’au 9 juillet. Les employés de municipalités et fédérations de municipalités ont toutefois indiqué que, s’ils respectaient le mouvement, leurs administrations ouvriraient deux jours par semaine pour traiter les affaires et dossiers urgents. A Saïda, au Liban-Sud, les fonctionnaires du Sérail et les greffiers du palais de Justice se sont conformés à la décision syndicale. Certains bureaux restaient toutefois ouverts afin d’effectuer des opérations internes ou urgentes.
A Beyrouth, les employés du terminal de conteneurs du port ont observé un sit-in devant le siège de la direction portuaire dans le quartier de la Quarantaine contre « la détérioration de leurs conditions de vie ». Ils ont encore mis en garde contre un arrêt forcé de leur travail en raison du manque de liquidités nécessaires pour entretenir les infrastructures dont ils sont chargés et réclamé une augmentation de salaire. En fin d’après-midi, des manifestants ont bloqué l’autoroute de Qasqas et le rond-point de Cola.
Dans la Békaa, dans la localité de Taalabaya, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté contre l’effondrement du taux de la livre libanaise face au dollar, qui s’échangeait autour de 17.000 LL dans la matinée, et ses répercussions sur leur vie quotidienne. Des protestataires ont en outre coupé la route reliant Saadnayel à Taalabaya.
Prix du service
Dans ce contexte, le président de la Fédération des syndicats des transporteurs routiers, Bassam Tleiss, a démenti que le prix de la course en « service » (taxi partagé) allait augmenter de 4.000 à 8.000 livres libanaises, notant qu’une telle annonce devait provenir officiellement du ministère des Transports. Cette mise au point de M. Tleiss a été publiée peu après l’annonce d’une augmentation des tarifs faite par le président de la Fédération générale des syndicats de chauffeurs, Marwan Fayyad, lors d’un entretien à la Voix du Liban (VDL). L’annonce non-officielle faite par M. Fayyad « nuit aux chauffeurs et aux clients, et elle n’a aucun fondement », a assuré M. Tleiss, qui s’exprimait également sur la VDL. « M. Fayyad sait pertinemment bien que les tarifs doivent provenir du ministère des Transports et des Travaux publics, après consultation des syndicats concernés. Personne n’a le droit de publier des prix comme bon lui semble. Le prix du +service+ est toujours de 4.000 L.L. », a-t-il affirmé, appelant tout client à ne pas accepter une course à un prix supérieur dans un taxi collectif.
Commentant de son côté la situation dans les stations-service, dont beaucoup restaient fermées ce mercredi malgré la hausse des prix, le porte-parole du syndicat des propriétaires de stations-services, Georges Brax, a annoncé que les entreprises importatrices allaient commencer aujourd’hui à distribuer de l’essence et du diesel sur le marché local. Ces entreprises ont pu décharger mardi, selon des informations rapportées la veille par un représentant du secteur de la distribution de carburant, des cargaisons de carburant de tankers qui attendaient au large du Liban. Georges Brax a toutefois appelé les Libanais « à ne pas se précipiter dans les stations-service pour que les entreprises puissent leur livrer du carburant ». Cette procédure de livraison nécessitera « au moins deux jours », a-t-il estimé. « Si l’Etat ne fait pas en sorte que l’essence puisse être acheminée auprès des stations, la crise continuera », a-t-il encore averti.
Sur le terrain, les automobilistes continuent de s’agglutiner, formant des files interminables aux abords de plusieurs stations-services, notamment dans la ville de Saïda. Les voitures étaient présentes dès l’aube, certains conducteurs dormant à l’intérieur de leurs véhicules en attendant l’ouverture des stations, rapporte notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. A Beyrouth, un dispute devant une pompe du quartier de Aïcha Bakkar a dégénéré en coups de feu, a priori sans faire de victimes.

 

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