Derrière le « self-made-man » Tapie, les vies sacrifiées de centaines d’ouvrières et ouvriers

[ad_1] 2021-10-04 22:49:29 Revolution Permanente

Crédits photo : JHR Films, Grève aux usines Wonder

Bernard Tapie est décédé ce dimanche à 78 ans d’un cancer. Depuis, les médias reviennent sur les « 1000 vies » de l’homme d’affaires, passé par le sport, la presse, mais aussi la télévision, la politique, le théâtre et dont la carrière aura été marquée par les multiples scandales de corruption. Charismatique, celui qui a commencé en vendant des télévisions a connu une ascension fulgurante dans les années 1980, devenant un véritable symbole du « self-made man », prêchant les valeurs du néolibéralisme triomphant à la télévision et dans les quartiers populaires en tant qu’éphémère ministre de la Ville.

Sa fortune entrepreneuriale, Tapie la bâtira au travers de « raids », ces rachats d’entreprises en crise, redressées par une politique anti-ouvrière drastique puis vendues à la découpe non sans empocher au passage des plus-values juteuses. Ainsi, si le candidat à la présidentielle du PCF Fabien Roussel a salué la mort de Tapie et « son énergie inouïe », impossible d’oublier que, par-delà les affaires de corruption, celle-ci a été employée à mener des opérations ultra-profitables sur le dos de centaines d’ouvrières et d’ouvriers.

A la fin des années 1970, Bernard Tapie a à son actif plusieurs expériences entrepreneuriales. Il repère Manufrance, entreprise stéphanoise de ventes par correspondance qui produit notamment des armes et des bicyclettes et se trouve en crise. Les travailleurs de Manufrance sont fortement mobilisés, occupant même le site de l’entreprise pendant près de trois semaines en 1979. En 1980, Tapie rachète la marque à la barre du tribunal de commerce et espère la « redresser ». Mais son plan de restructuration est rejeté par les travailleurs. Ces derniers finiront par monter une SCOP en reprenant à Tapie le contrat de location-gérance de l’entreprise, mais leur coopérative sera liquidée quelques années plus tard.

Après ce fiasco, Tapie rachète d’autres entreprises telles que La Vie Claire, Testut ou Terraillon. En 1983, l’entreprise de fixations de ski Look lui permet d’empocher des millions. L’homme d’affaires rachète 66% des parts de l’entreprise en 1983 et y applique ses méthodes anti-sociales en licenciant rapidement 113 personnes. Le lancement d’une pédale de vélo à fixation automatique permet à l’entreprise de prospérer. En 1988, Tapie revend l’entreprise à un groupe suisse pour 260 millions de francs.

Même scénario chez Wonder. En 1984, Bernard Tapie reprend l’entreprise qui produit des piles électriques, alors en pleine crise. Tapie prétend sauver l’entreprise, mais va surtout sacrifier des centaines de salariés. Quelques mois à peine après son rachat, le site de Lisieux est fermé et entraîne 244 suppressions d’emplois malgré la mobilisation des travailleurs du site. En 1985, c’est au tour des salariés du site de Saint-Ouen de payer les frais de la politique de Tapie avec 270 licenciements. Entre temps, Tapie a racheté les activités « piles grand public » de la Compagnie générale d’électricité (CGE) pour former le groupe Saft – Mazda – Wonder. Il le revend en 1988 avec une plus-value de 480 millions de francs.
Finalement, si la reprise d’Adidas en 1990 est surtout connue au prisme du conflit qui va opposer Tapie au Crédit Lyonnais après sa revente, sa gestion de l’entreprise est elle aussi marquée par une grande offensive anti-sociale. A la tête du groupe il restructure et licencie, supprimant 500 emplois malgré les mobilisations des ouvriers des sites alsaciens et fermant finalement l’ensemble des sites de production qu’il délocalise en Asie comme il l’a fait pour les sites de Terraillon.

Tapie est ainsi d’abord et avant tout un des visages de l’offensive anti-ouvrière des années 1980 – 1990. Un visage souriant, qui se payera même le luxe de s’afficher en opposant au Front National et en héraut des quartiers populaires, mais dont la carrière s’est bâtie sur des attaques profondes contre les travailleuses et travailleurs. C’est à eux que nous pensons à l’heure où les hommages s’enchaînent.

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