Plus nombreux qu’à l’accoutumée – 6 000 selon une source syndicale, 2 100 selon la préfecture de police –, les manifestants réclamaient aussi de meilleures conditions de travail pour les soignants.
Les hausses de salaires du « Ségur de la santé » n’ont pas éteint les revendications des soignants. Quelques milliers de personnes ont défilé, samedi 4 décembre, près du ministère de la santé, à Paris, pour réclamer l’arrêt des fermetures de lits dans les hôpitaux publics et de meilleures conditions de travail pour les soignants.
Tout au long de leur – court – cortège entre les Invalides, l’hôpital Necker et le ministère, les manifestants ont repris le slogan : « On veut des lits, des postes, pour l’hôpital public ». Sur le dos de Magali (qui n’a pas souhaité donner son nom), on pouvait lire un message inscrit en lettres blanches : « Hôpital en urgence vitale ». « Depuis cet été, on a cinq lits de fermés, faute de personnels », décrit au Monde cette infirmière de réanimation dans un hôpital de la banlieue parisienne. Dans son service, qui compte dix lits de réanimation « ouverts », il y a cinq patients atteints du Covid-19.
« On aime notre hôpital, notre métier, mais les années passent et c’est toujours la même chose, les vagues de départ de soignants, les gens qui ne sont pas remplacés… », dit-elle, décrivant les difficultés à se loger en région francilienne avec son salaire.
Entre 2 100 et 6 000 personnes
Plus nombreux qu’à l’accoutumée – 6 000 selon une source syndicale à l’Agence France-Presse, 2 100 selon la préfecture de police –, ils étaient d’abord venus demander « en urgence l’arrêt de toutes les fermetures programmées de lits », afin d’envoyer « un message très clair » pour « rassurer les agents de l’hôpital dans un contexte de nouvelle vague » de Covid, a déclaré Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, à l’AFP.
Plusieurs élus, l’écharpe tricolore à l’épaule, étaient également présents dans les cortèges, notamment des représentants du département de la Mayenne, qui comptait une délégation de soignants dans le défilé. « On est là pour défendre notre hôpital, dit Florent Bercault, maire de Laval, accompagné de plusieurs maires et députés de Mayenne. Nos hôpitaux sont en grande difficulté, on manque de ressources médicales, les urgences de Laval ont dû fermer plusieurs nuits ces derniers mois. Nous souffrons d’un sous-investissement chronique, il faut des annonces fortes pour redresser l’hôpital et le système de santé. »
« Des bombes à retardement »
Les conditions de travail étaient aussi sur toutes les lèvres. « Je vois l’hôpital qui se dégrade depuis vingt ans, avec des soignants de plus en plus précarisés, dénonce Sylvie Dubourdieu, biologiste dans un établissement de santé des Yvelines. Il y a des conditions inacceptables, comme sur le travail de nuit. » Adhérente au collectif Santé en danger, la praticienne hospitalière manifeste dans la rue pour la première fois.
Même sentiment pour Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP) et membre du Collectif inter-hôpitaux. « On est reparti comme avant à l’hôpital, on nous reparle de nos chiffres d’activité qui ne suffisent pas, avec ce système de la tarification à l’activité qui perdure, quand on a besoin de moyens, de matériel, on ne les a pas… c’est un retour à “l’anormal” », estime-t-il.
« Mais la situation s’est aggravée aujourd’hui, reprend-il. Avec encore moins de personnels soignants, Covid ou pas Covid, la période des fêtes va être très difficile, les fermetures de lits remontent en flèche, tous les services sont touchés. » Chez lui, en gériatrie, le service déborde déjà : « On a été obligé cette semaine de refuser et de renvoyer à domicile plusieurs patients souffrant d’Alzheimer, agités, violents, avec des troubles du comportement… mais ce sont des bombes qui vont exploser à un moment. »
Poster un Commentaire