Des révélations « absolument révoltantes » si elles sont avérées selon le gouvernement, un patron convoqué au plus haut niveau et un cours de Bourse en chute libre : les pratiques du groupe Orpea au sein de ses Ehpad privés, décrites dans un livre explosif, ont continué mercredi 26 janvier de susciter l’indignation.
« Les révélations faites dans ce livre sont absolument révoltantes, vous avez le ventre noué en lisant des choses pareilles. Et si ces faits sont avérés, ils devront évidemment être sanctionnés avec la plus grande sévérité », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à l’issue du Conseil des ministres. « Nos aînés méritent le respect, ils méritent le meilleur, et il est hors de question que de tels agissements puissent être tolérés dans notre pays », a-t-il ajouté.
Orpea conteste
Depuis la publication dans le quotidien « Le Monde » d’extraits du livre « Les Fossoyeurs » du journaliste Victor Castanet, les déclarations indignées se succèdent. Le livre, paru mercredi, décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité du groupe d’Ehpad privés. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort – plusieurs milliers d’euros par mois.
Orpea conteste ces accusations, qu’il considère « mensongères, outrageantes et préjudiciables ». La ministre déléguée chargée de l’Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, rencontrera « dans les plus brefs délais » le directeur général d’Orpea, Jean-Christophe Romersi, « à la demande du ministre de la Santé, Olivier Véran », a indiqué Gabriel Attal.
« Nous avons déjà demandé à l’ARS (Agence régionale de santé, NDLR) d’Île-de-France le rapport d’inspection du contrôle inopiné mené en 2018 et les suites apportées aux recommandations faites ensuite », a précisé Brigitte Bourguignon dans un communiqué. Les députés socialistes, eux, veulent auditionner le patron d’Orpea et créer une commission d’enquête, a annoncé le député des Landes Boris Vallaud dans un tweet.
Des pressions ?
Spécialiste des cliniques privées et des maisons de retraite, le groupe français Orpea est présent dans 23 pays avec un total de 1 156 sites. En France, il gère un réseau de 354 établissements, qui prennent en charge les personnes fragiles et en perte d’autonomie.
L’auteur des « Fossoyeurs » a dit avoir « subi » des « pressions » au cours de son enquête : « Il est arrivé à la moitié de mon enquête qu’un intermédiaire me propose une importante somme d’argent pour me dissuader d’aller au bout », « 15 millions » d’euros, a-t-il précisé sur France 5.
La direction du groupe Orpea « dément formellement avoir proposé un quelconque montant en échange de la non-parution du livre ».
Faits « inacceptables »
Acteurs du secteur, syndicats et partis politiques condamnent unanimement les faits dénoncés. « Si les faits dénoncés sont avérés, certains d’entre eux sont inacceptables et susceptibles d’être condamnés », écrit dans un communiqué l’AD-PA, l’Association des directeurs au service des personnes âgées. Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, « si la situation est celle décrite dans le livre, c’est un pur scandale ».
L’Union fédérale de la santé privée CGT dénonce « depuis des années les conditions de travail et de prise en charge des résidentes dans ces établissements », « sans que rien ne change ».
Orpea chute en Bourse
Les révélations de l’ouvrage ont fait chuter le titre Orpea à la Bourse de Paris. Il a encore baissé de 21 % mercredi, portant le total de son plongeon à quelque 47 % depuis lundi.
D’autres groupes du secteur ont subi des turbulences boursières en début de semaine, comme Korian et LNA Santé.
Évaluation indépendante
Le groupe Orpea a annoncé mercredi soir avoir mandaté « deux cabinets de premier plan pour mener une évaluation indépendante afin de faire la lumière sur l’ensemble des allégations graves » à son encontre.
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