Macron décitoyennise les non-vacciné.e.s, malgré mon désaccord avec le choix de ceux et celles-ci,
1/ je les respecte et j’estime qu’ils/elles sont à convaincre de se vacciner pas à contraindre et à réprimer,
2/ je refuse qu’ils/ elles soient désigné.e.s à la vindicte populaire, dont certains précédents historiques, pas si éloignés de nous (quoique mentalement et politiquement si, hélas !), montrent qu’elle est un bouillon de culture fascisant,
3/ à travers ce que l’on cherche à mobiliser en nous contre ces personnes, nous sommes sommés d’obéir, depuis la Bastille d’un Conseil de Défense Sanitaire n’obéissant lui-même qu’au Monarque, de mettre le doigt dans des logiques infernales de haine par où nous nous dépolitiserions à toute allure. Par où nous nous décitoyenniserions pour que s’ouvrent de plus en plus grandes les vannes de la fascisation En Marche de la société.
Bref quand on appelle à chasser en meute le bouc émissaire, je suis, malgré mes désaccords avec lui, du côté du bouc émissaire. Voilà pourquoi je reproduis, par solidarité carrément antifasciste, le reportage paru ce jour sur Mediapart qui, au demeurant, a le mérite de faire apparaître – contre les logiques de diabolisation primaire défendues par certain.e.s, y compris très à gauche copinant, sans évidemment l’avouer, avec la fascisation En Marche – que tous les antivax, qu’il est plus juste, en raison politique, de nommer non-vacciné.e.s, ne sont pas des illuminé.e.s, masse de manoeuvre débile (ah! obscurantiste, ce mantra des obscurantistes pseudo-scientifiques immunisés contre le doute scientifique) des fascistes.
Ce sont des citoyen.ne.s, comme nous, qui ont, eux et elles, en toute légitimité, des doutes, des réticences, des arguments, etc., à la différence de bien de leurs fanatisés contempteurs se prétendant éclairés par les Lumières… Diderot réveille-toi, ils/elles sont devenu.e.s fous et folles ! Jupiter en furie est leur maître…, la démocratie tangue de plus en plus dangereusement…
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Paroles de non-vaccinés : « Nous forcer n’est pas la solution » (Mediapart, 6 janvier 2022)
Les propos tenus par Emmanuel Macron, assumant de vouloir emmerder les « non-vaccinés » et remettant en doute leur citoyenneté, ont choqué les personnes qui n’ont pas (encore) fait le choix du vaccin. Partagées entre les doutes et la peur ou convaincues de devoir lutter pour les libertés, ces dernières se sentent incomprises et regrettent d’être stigmatisées.
Nejma Brahim
6 janvier 2022 à 19h38
Devant la pharmacie située rue d’Avron (XXᵉ arrondissement de Paris), mercredi 5 décembre, la file d’attente ne désemplit pas. À tour de rôle, des clients entrent dans l’officine puis en ressortent, un document imprimé dans les mains. Le pharmacien, vêtu d’une blouse et d’une charlotte de protection, fait signe au suivant de s’introduire dans la petite tente bleue qui a pris ses marques sur le trottoir depuis plusieurs mois déjà. « Ça va, il ne vous a pas fait mal ? », interroge Sophie*, parmi les clients. Puis, dans un sourire : « La dernière fois, la pharmacienne m’a mis l’écouvillon jusqu’au fond de la tête », dit la quinquagénaire en mimant le geste, le cou entouré d’une écharpe bleue.
Depuis le début de la pandémie, cette salariée d’un supermarché du coin en est à son quatrième test mais n’a pas franchi le pas de la vaccination. « J’ai trop peur. Mon frère, qui est diabétique, a été vraiment malade pendant une semaine après avoir reçu le vaccin. Une amie a eu le côté gauche du visage paralysé pendant deux mois. Tout ça ne m’a pas rassurée… » Mais à l’heure où frappe le variant Omicron, plus contagieux et moins virulent, une quarantaine de cas positifs ont été rapportés sur son lieu de travail. « Il y a tout ce qu’il faut pour nous protéger, les espaces communs sont régulièrement désinfectés. Mais avec ce variant, tout le monde attrape le Covid. Mon médecin m’a conseillé de faire un test PCR après l’antigénique pour être sûre du résultat. »
La veille, les propos d’Emmanuel Macron, déclarant dans le journal Le Parisien vouloir « emmerder les non-vaccinés » (lire notre parti pris), l’ont laissée de marbre. « C’est violent d’entendre ça pour quelqu’un qui a peur, on nous pointe du doigt alors que la peur ne se contrôle pas, note-t-elle. Chacun réagit différemment. Avec le temps, on va peut-être se décider à faire le vaccin. Mais nous forcer n’est pas la solution. » Le 9 décembre dernier, Sophie devait recevoir sa première dose dans un centre de vaccination voisin mais a annulé le rendez-vous deux jours avant. Son mari et ses enfants sont vaccinés. Elle hésite encore mais s’interroge : « Des collègues ont fait les trois doses et ont quand même eu le Covid. Pourquoi se vacciner ? »
« Ses propos m’ont choquée »
En fin de journée, dans un quartier de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Cécile se sert un thé avant de s’installer sur son canapé. Lumière tamisée et musiques du monde en fond sonore, cette professeure des écoles, mère de deux enfants, commence par souligner qu’elle ne se considère pas comme une « non-vaccinée » – précisant qu’elle a fait tous les autres vaccins obligatoires existants – et évoque une frange de la société « maltraitée » et « ostracisée », perçue comme un « bouc émissaire ».
« Macron veut envenimer la situation et fait tout pour qu’on nous déteste. Ses propos m’ont choquée : vouloir nous déchoir de la citoyenneté en nous taxant d’irresponsables est extrêmement grave [lire notre parti pris]. Ce n’est pas la première fois qu’il méprise les gens avec des phrases inadmissibles », rappelle-t-elle, concluant que ses excuses, prononcées à l’occasion d‘un entretien diffusé sur TF1, n’étaient pas « sincères ».
À ses yeux, la crise sanitaire se transforme en crise politique. Si Cécile a refusé « l’injection » (qu’elle se refuse à nommer vaccin), c’est parce que du haut de ses 43 ans, sans comorbidités, elle ne représente pas une personne à risque. « Je me base sur des principes médicaux simples : on ne lance pas de vaccination de masse en pleine épidémie. Et puis l’ARN messager, ce n’est pas anodin. Ma mère a fait des études de biologie et nous a mis en garde contre cela », insiste-t-elle, ajoutant qu’elle lit « beaucoup » depuis avril 2020. « Pour moi, c’est vraiment une question de liberté. La mise en place du passe sanitaire en juillet a été scandaleuse et a provoqué une grande ségrégation. »
Depuis l’été dernier, cette ancienne danseuse et costumière, qui a étudié l’histoire de l’art, boycotte tous les lieux réclamant le passe sanitaire à l’entrée. Et promet de ne pas remettre les pieds dans un musée, malgré l’importance qu’elle accorde à la culture, tant que celui-ci sera demandé. En attendant, Cécile se rend dans des bars « résistants », qui ne le demandent pas, mais où elle utilise un faux passe, pour ne pas, assure-t-elle, mettre le gérant en difficulté en cas de contrôle.
Elle anticipe aussi l’éventualité de ne plus pouvoir enseigner sans être vaccinée contre le Covid-19 et se dit prête à rejoindre des écoles alternatives si besoin ou à vivre de manière autonome en milieu rural. « Les soignants ont été élevés au rang de héros et aujourd’hui, on laisse ceux qui ont refusé l’injection crever de faim. Je suis prête à aller jusqu’au bout », prévient-elle.
La veille, la mère de famille a réussi à obtenir un certificat de dérogation au port du masque pour ses enfants. Elle ne le porte pas. Défendant une logique de désobéissance civile, Cécile retrouve régulièrement des voisins du quartier, non vaccinés, pour « débattre ». À l’extérieur, dans la rue, un tract collé à un poteau vient donner le ton : « Non au vaccin Covid-19. Touche pas à mon gosse ». « Le pays et la démocratie vont mal, je refuse que mes enfants grandissent dans une société de contrôle. Ça ne se passera pas sans qu’on lutte. » Aux côtés d’autres plaignants, la professeure s’apprête à porter plainte pour diffamation, en réaction aux propos d’Emmanuel Macron, avec le soutien d’un avocat. « Il n’y a pas de raison qu’on ne se défende pas. Mais on le fait dans la légalité », sourit-elle, du rouge aux lèvres et une frange retombant sur le front.
Samedi 8 janvier, elle participera à la manifestation prévue dans la capitale, en même temps que Laurent, son colocataire, qui s’y rendra pour la première fois. « Réticent » à l’idée de se faire vacciner au départ, cet intermittent, vidéaste de profession, a souhaité temporiser avant de franchir le pas. « Il a été vite conçu et ça ne m’a pas rassuré. J’ai aussi vu que l’ARN messager n’était pas le moyen classique pour fabriquer un vaccin. » L’été dernier, alors qu’il se sent « presque prêt », le passe sanitaire est imposé. Ce qu’il perçoit comme une « injonction » le braque et ne lui convient pas. « Avant, je n’étais pas engagé là-dedans. J’hésitais tout simplement et j’attendais de voir comment allaient évoluer les choses. Mais là, avec le passe vaccinal [voté ce jeudi 6 janvier à l’Assemblée nationale – ndlr], je sens qu’on bascule dans quelque chose de beaucoup plus violent sur le plan des libertés. »
Le trentenaire se dit « dégoûté » de la manière dont les choses « se durcissent » et estime être stigmatisé. Il dénonce une « radicalisation des propos » du chef de l’État dans ce qui relève, selon lui, d’une stratégie électoraliste, visant à « galvaniser ses troupes » et à diviser la société en deux camps. « Il y aurait les anti et les pro… ça m’insupporte. Moi, je ne suis pas contre le vaccin. Pour les personnes fragiles, je trouve que ça a du sens, mais pas pour les enfants et les jeunes en bonne santé. Je suis contre le vaccin imposé à l’ensemble de la population. » Fin décembre, Laurent a été testé positif au Covid-19 et a dû s’isoler. « J’étais limite content, je me suis dit que pendant six mois j’aurais le passe et j’aurais la paix. C’est triste d’en arriver là ! Finalement, le passe vaccinal et les propos de Macron donnent envie de se radicaliser. »
Jeudi 6 décembre, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), la file d’attente devant la pharmacie du centre commercial est interminable. Sur un fond rose fluo, un message inscrit sur le préfabriqué invite les passants à venir se faire tester et promet des résultats en 15 minutes. Non loin de là, Gwendoline dépose ses enfants chez une proche qui doit les lui garder.
Anciennement serveuse dans un restaurant situé tout près de la gare du RER A Val-de-Fontenay, elle a choisi de changer de poste pour être commis/plongeuse en cuisine et ainsi éviter de devoir faire le vaccin. « Ma première crainte a été de servir de cobaye. Mais surtout, mon fils a développé une maladie auto-immune, appelée syndrome néphrétique, depuis qu’il a reçu trois vaccins en même temps, alors qu’il avait un an. Depuis, j’ai très peur des vaccins », confie la trentenaire, qui jure qu’un professeur, à l’hôpital, a reconnu « à demi-mot » le rapport entre le vaccin administré et la maladie de son fils.
Chaque jour, avec l’accord de son employeur, Gwendoline fait un autotest afin de pouvoir travailler. Sans être une « antivax » ou une « anti-passe », et tout en ayant conscience de la dangerosité du virus (l’une de ses amies est décédée des suites du Covid le 1er décembre), la jeune femme met en avant une « réticence » et attend que l’on respecte ses choix.
« On nous stigmatise, on se sent méprisés, comme si on était bêtes, alors que ce n’est pas une question de bêtise mais d’opinion et de convictions. On est l’un des rares pays à défendre l’égalité et la liberté, si on perd ça, on perd le poumon de la France », alerte la Montreuilloise, qui trouve les propos d’Emmanuel Macron « irrespectueux ». « Un président de la République n’est pas là pour “emmerder” son peuple mais pour l’aider. En parlant ainsi, il met de l’huile sur le feu alors que le pays se divise lentement mais sûrement. »
Pour David, 46 ans, le constat est le même : « Macron fabrique de la division et de la haine. De la crise sanitaire, on passe à une crise politique et à une crise de la confiance. On jette le discrédit sur l’opposition et on assiste à une montée en puissance des privations de liberté », dénonce ce directeur artistique dans la communication à Montreuil. Et d’ajouter : « Je n’ai pas l’impression d’être protégé mais persécuté, voire combattu. On nous caricature pour disqualifier nos choix et on devient responsables du malheur des autres dans cette épidémie. » David aurait aimé que l’on donne davantage de temps à la science, avec laquelle, insiste-t-il, il n’a « aucun problème », mais reste méfiant vis-à-vis de la méthode ARN messager.
Il estime par ailleurs manquer de « données claires » sur ce qu’il se passe, prenant en exemple une personne de son entourage ayant eu de « graves effets secondaires » (une paralysie) après la vaccination. D’autres, parmi ses proches, ont été « très malades » après leur deuxième dose. « J’ai moi-même été contaminé il y a un mois, probablement par une personne vaccinée de mon groupe de sport. Je regrette que tout en nous stigmatisant, le gouvernement ne fasse pas plus d’efforts pour limiter l’épidémie, en favorisant l’accès aux tests pour tous, y compris les non-vaccinés, par exemple. Je fais des tests deux fois par semaine pour protéger ceux qui m’entourent, mon fils de 14 ans aussi, pour sa séance de sport. Je crains que ce ne soit plus possible pour lui et qu’il ne puisse plus aller au cinéma ou au musée et se cultiver. C’est dramatique », conclut-il.
Nejma Brahim
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